Texte et photos d’André Derouet.

C’est de bon matin qu’une petite cinquante d’adhérents à l’A.V.F’ d’Annecy embarqua à bord d’un véhicule de ‘Francony express’ pour emprunter la route de la soie jusqu’au village de Jujurieux dans l’Ain. En effet, en 1900 cette petite bourgade du Bugey était considérée, après Lyon, comme la capitale de l’industrie de la soie en Europe.

Sussurien de naissance, Claude-Joseph Bonnet, après s’être formé au métier de soyeux dans la capitale des Gaules, bâtit à Jujurieux un empire industriel qui perdurera pendant presque deux cent ans. Une politique sociale paternaliste allait jusqu’à engager des enfants dans les ateliers et permettre au personnel, du berceau jusqu’au cercueil, de travailler et de vivre au pied de l’usine.  Le personnel pouvait trouver sur place, une infirmerie, une maternité, une école, un réfectoire, des économats, une place au cimetière, une chapelle et des dortoirs surveillés sous l’autorité de religieuses particulièrement sévères.

La matière de base qui donne naissance au fil de soie, qu’elle soit d’origine locale ou venue d’Asie, c’est le cocon des vers à soie issu de la sériciculture. Différentes opérations manuelles sont réalisées avant le tissage telles : le dévidage, le moulinage, l’ourdissage. Les cocons étaient plongés dans de l’eau bouillante contenue dans des bassines en cuivre pour en extraire la gomme et pouvoir dérouler le fil.  La guide nous fit écouter le bruit que pouvait générer une centaine de métier à tisser dans des conditions climatiques pouvant atteindre quarante degrés de température en plein été. Au fil du temps, la mécanisation et l’apparition des cartes perforées permirent de diversifier et d’augmenter considérablement les productions de tissus décorés de très haute gamme au bénéfice des plus grands noms de la mode comme Dior, Chanel, Ungaro ou Armani. Six générations de Bonnet dirigèrent l’entreprise. De 1800 employés en 1910, il n’en resta plus qu’une cinquantaine en 1995. La concurrence et l’arrivée des matières synthétiques créèrent des situations très difficiles pour aboutir à l’arrêt des productions et la création d’un grand musée que nous visitâmes avec une très grande satisfaction ce vendredi 15 mars.

Un repas gastronomique nous attendait au restaurant « Le panoramique » situé en haut du col de Cerdon. Qui n’a pas apprécié les quenelles au bleu de Bresse, les joues de porc ou bien encore le verre de vin pétillant du vignoble local servi en apéritif ?

‘Francony express’ nous transporta jusqu’au cœur du village de Cerdon, à portée de vue du restaurant, pour aller découvrir la cuivrerie artisanale fondée en 1836 par les frères Main. L’usine fut installée au bord de la Suisse, le torrent qui traverse Cerdon, afin de bénéficier de la force hydraulique produite par trois roues à augets. Les premières fabrications furent des plateaux de balance et des bassines qui contenaient l’eau bouillante pour ramollir les cocons des vers à soie. Un partenariat s’établit avec la ville japonaise de Tomioka pour lui faire bénéficier du savoir-faire local. Un ouvrier partit au Japon et l’impératrice vint visiter l’usine de Cerdon. En 1872, trois cent bassines furent vendues aux Japonais. Des accidents et la guerre décimèrent les hommes de la famille Main. Ce sont deux filles, Louise et Amélie qui poursuivirent et développèrent l’activité ; elles investirent dans de puissantes machines à emboutir et leurs descendants firent tourner la fabrique pendant plusieurs décades. En 2017 le département de l’Ain racheta les installations, les modernisa et en fit un musée ouvert au public depuis 2022. Après l’achat de quelques souvenir nos visiteurs reprirent l’express de Francony pour rejoindre Annecy et y déposer nos amis ‘A.V.F.’ d’Aix les bains venus renforcer notre effectif.

Ce sont comme toujours des bénévoles qui projettent et réalisent des journées aussi enrichissantes que celle-ci, passée entre Jujurieux et Cerdon. Merci à Evelyne et à Lucien qui furent les artisans méritants de cette belle réussite. Après nous avoir fait découvrir des fabrications en soie et en cuivre, ils nous emmèneront à Oyonnax et à Moirans découvrir l’industrie des objets en plastique et celle des jouets en bois. Retenez la date du 18 avril, car encore une fois vous ne serez pas déçus !

 

Danielle WOJNAROWSKI