Et après de Guillaume Musso :
« A huit ans, Nathan est entré dans le tunnel lumineux de la « mort imminente. » Plongeant dans un lac pour aider une fillette, l’enfant s’est noyé. Arrêt cardiaque, mort clinique.
Et puis, de nouveau, la vie.
Vingt ans après, Nathan est devenu l’un des plus brillants avocats de New York. Il a tout oublié de l’épisode. Il a même fini par épouser la petite fille du lac, Mallory, sa femme tant aimée. Mallory qui l’a quitté, mais qui lui manque comme au premier jour…
Mais Nathan ignore que ceux qui reviennent de l’autre côté, ne sont plus tout à fait les mêmes. Aujourd’hui qu’il connaît la réussite, la notoriété et la prospérité, il va découvrir pourquoi il est revenu. Est-il encore un homme comme les autres ?
Une histoire d’amour et de suspense, une course vers l’inconnu qui s’écoute avec la gorge nouée mais l’envie irrésistible de connaître la suite. »
Pour info : Un film (Thriller) de Gilles Bourdos, tiré du roman de Guillaume Musso est sorti en 2008 avec Romain Duris et Jonh Malkovich.
Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer :
« Le premier roman du journaliste Sébastien Spitzer saisit immédiatement le lecteur qui s’en empare et l’éblouit. La force du sujet, la profondeur des personnages, le réalisme du contexte historique, l’écriture expressive, pénétrante ainsi que la structure narrative, construite  subtilement autour d’une alternance de voix obsédantes offrent à ce roman, une intensité rare et belle.
La lecture est à la fois déchirante et douloureuse, relate l’horreur mais conserve une distance à la fois juste et très digne. Empreinte d’une humanité salutaire. Passeur d’Histoire, dépositaire du Devoir de Mémoire, le récit va plus loin et interroge sur la notion de survie, l’amour des siens, le sens du sacrifice.
De plus, il mélange habilement fiction et faits réels, entraîne le lecteur dans l’intimité des personnages et crée une proximité troublante, même avec les plus monstrueux. Habile à exprimer les doutes, les peurs, les interrogations et les contradictions, les fragilités humaines, le roman d’Antoine Spitzer, conserve aussi la rigueur de l’enquête historique. Et s’il ne transforme rien des événements passés, sa sensibilité d’écrivain, son talent romanesque prennent le dessus.
L’Allemagne est vaincue. Berlin est désormais une ville assiégée, bombardée. Sous terre, Magda Goebbels, son mari, ses sept enfants, Hitler et quelques autres se cachent en attendant la mort, proche désormais. « Speer distribue de petites capsules de cuivre. Tous ceux qui ont compté avaleront leur cyanure, parce qu’il faut du courage pour lever un canon contre une tempe et presser la détente. »
L’Allemagne est vaincue. Des hommes et des femmes, survivants des camps, déambulent sur les routes pour rejoindre les villes, hagards et affamés. Le chemin vers la liberté est long, encore peuplé d’ennemis, de paysans hostiles. Parmi ces déportés, Judah, Fela et sa petite fille Ava, tour à tour détenteurs d’un rouleau de cuir contenant des lettres de prisonniers des camps d’extermination. Ils sont porteurs de la Vérité.
Parmi ces lettres, il y a celles de Richard Friedländer, Juif déporté, père de Martha Goebbels.
Dans ce bunker sordide, « parcouru par les rats, les spasmes des bombes d’en haut, l’humidité, l’odeur des chiens qui défèquent partout », Magda rêve, livre ses angoisses et se souvient, raconte ses origines modestes,  « une vie au ras de la vie des autres », son enfance chez les Ursulines belges, sa soif d’exister, de devenir quelqu’un jusqu’à renier ses origines, oublier père et mère et devenir l’épouse d’un gauleiter. « La gloire l’a portée quinze années durant. C’est long quinze ans. Elle s’y est habituée. »
En alternance avec ces souvenirs, des images de camps surgissent et dépeignent des conditions de (sur)vie épouvantables, notamment pour les femmes  de Silésie du block 24-A où naîtra Ava.  Beaucoup de vies exterminées maintenues en mémoire par des lettres dont celles (imaginaires) de Richard, dévoilées à plusieurs reprises au fil du roman. 

Un livre tout en mouvement, finement révélateur (très précis) de l’effondrement et de la folie d’une femme et d’un pays vaincu et robuste en même temps à rendre compte sans pathos mais avec justesse des horreurs que la libération des camps révèle. 

Accompagnée par une écriture efficace, directe et ardente, vraiment très belle, les histoires entremêlées (de Magda, de son mari, de son père, des déportés, des soldats américains), créent l’Histoire avec brio et fascinent sans préférence. (Commentaires Actua Litté)

On regrettera plus tard d’Agnès Ledig :
« L’irruption d’Éric et d’Anna-Nina un soir d’orage dans la vie de Valentine, institutrice dans un hameau du massif Vosgien, est un véritable coup de tonnerre. À la fillette brûlante de fièvre, au père brisé par la vie, Valentine va offrir plus qu’un simple toit. Avec tendresse et franchise, elle va bousculer les certitudes de ce père solitaire et modifier leur trajectoire toute tracée.
Un roman émouvant et généreux où le désir se montre plus fort que la peur, que les blessures du passé et les regrets. Avec sa foi chevillée au corps, sa vitalité et son goût du partage, Valentine est l’une des héroïnes les plus attachantes d’Agnès Ledig, illustrant à nouveau la sincérité et la finesse de cet auteur. Un roman qui renoue avec ses thèmes chers : aux blessures de la vie vient répondre la force apaisante de l’amour et de l’amitié. »
Les coiffes rouges de Daniel Cario :
« Épouses, filles, mères de marin, elles sont toutes «  penn-sardin » à la conserverie Guéret sur le port de Douarnenez. Chaque jour, sous les ordres des contremaîtresses, elles s’échinent à une cadence infernale pour un salaire de misère. Parfois dures entre elles, les sardinières restent solidaires et aucune d’elles n’a oublié la vieille Clopine, mise à la porte et qui attend son heure, patiente. Un matin, avec tout l’éclat et l’insolence de sa jeunesse, surgit Dolorès.
Il y a presque cent ans, en 1924, sur les pavés de la ville rouge de Douarnenez, quelque quatre mille « penn-sardin » brandirent le drapeau de la révolte. Un roman « vrai » pour raconter ce magnifique symbole de la lutte ouvrière et de la dignité des femmes. »
L’été de nos vingt ans de Christian Signol :
« Chaque été, Antoine invite Charles, son meilleur ami, à venir chez ses grands-parents en Dordogne. Là-bas, ils tombent tous les deux amoureux de Séverine. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les deux amis intègrent le Service Operation Executive de Churchill. Obsédé à l’idée de revoir Séverine, Charles convainc son instructeur de créer un réseau de résistance en Dordogne »
Sarum d’Edward Rutherfurd :
Plus qu’un roman, c’est notre histoire ! (de 953 pages sur papier fin et en petits caractères …..)
S’étendant sur dix mille ans, de l’âge glaciaire à nos jours, SARUM retrace l’épopée de notre continent.
« SARUM, c’est l’histoire d’une ville, Salisbury, l’une des plus anciennes cités de l’Angleterre. Mais c’est aussi le roman de cinq familles qui, au fil des âges, tissent la trame d’une immense saga. Issue des chasseurs de la préhistoire, des Romains, des Saxons, des Vikings ou des Normands, une pléiade de personnages captivants nous guide dans cette formidable traversée des siècles qui nous ont faits ce que nous sommes.
Admirablement documenté, écrit avec élégance et efficacité, SARUM est un événement. Devant une telle ampleur, un tel souffle romanesque, on comprend que ce premier roman d’Edward Rutherfurd ait été, l’un des plus grands succès de librairie dans le monde entier.
Et il faut dire que tout au long de 953 pages du récit, l’intérêt ne faiblit jamais parce que si les personnages changent, chronologie historique oblige, on retrouve un fil conducteur qui permet de se repérer dans les arbres généalogiques et c’est tout à fait passionnant.
Ce n’est pas une histoire, mais une somme d’histoires qui présentent les personnages confrontés aux périodes charnières de l’histoire de la Grande Bretagne et le lecteur peut parfaitement sectionner sa lecture par période sans perdre le fil du récit. Chaque lecteur y trouvera son miel car il y a de tout dans ces tranches de vie qui s’égrènement au fil des siècles, de l’héroïsme, du romantisme, des trahisons, de la fidélité et du mystère.
Chaque époque connait son lot de personnages forts ,les druides sanguinaires de l’époque de la construction de Stonehenge, les courageux chevaliers, les fortes femmes prêtes à tout pour respecter leurs principes, les artisans talentueux qui furent à l’origine de la magnifique cathédrale qui domine depuis des siècles le paysage, mais aussi les militaires, les navigateurs, les paysans et les commerçants.
Un magnifique parcours dans la société britannique à chaque époque qui met en évidence les problématiques politiques et sociales auxquelles la Grande Bretagne a été confrontée et qui ont forgé son histoire.
C’est aussi une prodigieuse documentation, un roman passionnant, une écriture élégante et surtout une foule de précisions historiques qui restent d’autant plus concrètes qu’elles sont rattachées aux destins individuels des personnages auxquels le lecteur s’attache.
Magnifique réussite littéraire alliant le romanesque à l’érudition. »
Camping-car de Sophie Brocas :
« Trois jeunes sexagénaires décident de faire une virée en camping-car. Malgré une longue amitié et une confiance mutuelle indéfectible, des non-dits se sont installés entre eux. Mais au fil de la route et de quelques péripéties cocasses, les langues vont se délier et l’humour ramener chaque chose à sa juste place.
Camping-car, c’est l’histoire inédite d’une tranche de vie qui s’écrit et s’invente aujourd’hui autour de la soixantaine. Une période où l’on se connaît enfin, avec des projets, une vitalité, des élans. Un moment où l’on cherche à défier le temps en s’approchant de sa vérité tout en se moquant des conventions.
Touchant, drôle, mais toujours profond, ce road trip à la française est une ode à l’amitié masculine, incarnée par des personnages truculents. »
Leur Histoire de Dominique Maynard :
Anna a six ans et refuse de parler. Sa mère a, à sa façon, aussi peur des mots. Sa grand-mère a eu une attaque en lui lisant un conte et depuis elle a refusé de continuer à lire et à écrire. Elle inscrit Anna dans une école spécialisée. L’auteur nous fait le récit de leur chemin de vie vers la reconquête des mots et du langage.
Véritable coup de cœur pour notre lectrice – ce livre est joliment écrit, tout en délicatesse. Les personnages de femmes fragilisées par leur parcours dans l’histoire du monde sont très forts.
Déjà évoqué lors de nos rencontres, ce livre n’est malheureusement pas en livre de poche – car notre lectrice l’aurait bien proposé comme lecture commune.
Rhapsodie des oubliés de Sofia Aouine :
« Abad, 13 ans, fils d’immigré s’éveille à la vie et aux sens dans le quartier de Barbès. Pour avoir organisé dans sa chambre, pour ses copains, la possibilité d’admirer les charmes de sa jeune voisine d’en face, il se retrouve suivi par un éducateur et par un psychologue.
Il vit au contact des prostituées, des dealers, des frères musulmans, apprenant les bonheurs mais surtout les douleurs de destins fracassés. La misère, la mort, l’intégrisme sont autour de lui.
L’écriture de Sofia Aouine est un feu d’artifice de mots. Elle fait ressentir comme une urgence qui explose dans son langage et qui illustre si bien cet appétit de découverte de la vie d’Abad. On ne comprend pas toujours le mot à mot de ce langage créé par ces milieux de mixité ethnique. Mais on se laisse emporter par la force qui s’en dégage, un roman singulier, un ouvrage très fort et une construction du récit qui ne ressemble pas du tout aux romans formatés « école d’écriture » que nous retrouvons quand même souvent quand nous lisons beaucoup. »
Le chant des plaines de Nancy Huston :
Une auteure que notre lectrice ne connaissait que de nom. Ce livre est un de ses premiers.
A la mort de son grand-père, la narratrice hérite d’un cahier très abîmé dans lequel elle retrouve des bribes du récit de la vie de celui-ci. Elle décide de raconter à sa manière avec ces petits morceaux de texte, qui a été ce personnage, avec ses zones d’ombre et de lumière.
Nous remontons avec elle une lignée de pionniers des provinces hostiles du Canada. La dureté de leurs conditions très liée à ces terres plutôt inhospitalières. L’amour de sa vie sera une indienne. Il découvre avec elle comment ils ont été tués spoliés. Mais les blancs n’ont pas réussi à les anéantir. La force de résilience de cette femme et sa lucidité nous font réfléchir encore une fois sur les dégâts que notre toute puissance a engendré en nous imposant avec la grâce d’un rouleau compresseur, sûrs de notre bon droit et de notre supériorité.
C’est un livre assez exigeant car Nancy Huston a une écriture très poétique, avec une ponctuation peu académique et même quelque fois inexistante, ce qui peut nous amener temps en temps à revenir sur certaines phrases pour en comprendre le sens. C’est assez lyrique et cette originalité est bien plaisante. »
Boza d’Ulrich Cabrel et Etienne Longueville :
« Né dans un bidonville de la banlieue de Douala au Cameroun, Petit Wat est un adolescent haut en couleurs qui fait les quatre cents coups avec ses copains. Mais, sans avenir chez lui, il prend la douloureuse décision de partir pour accomplir son rêve : faire un boza, passer en Europe. Avec un sac à dos troué et une immense foi en lui-même, Petit Wat découvre de nombreux dangers. Abandonné par un passeur aux portes du Niger, il doit affronter ghettos et déserts. Arrivé au Maroc, il rejoint des centaines de jeunes déshérités qui s’organisent pour affronter le « Monstre-à-Trois-Têtes » : des barrières massives séparant l’Afrique de l’Europe. Pourront-ils vraiment passer de l’autre côté ?
Dans Boza, Ulrich Cabrel et Étienne Longueville proposent un regard inédit sur les réalités migratoires. La verve des personnages et l’humour du narrateur contrastent avec les enfers qu’ils traversent, offrant à ce roman d’aventures une tonalité et un rythme captivants. »
Salut au Grand Sud d’Isabelle Autissier et Erik Orsenna :
« Antarctique…
La terre la plus australe et la plus mystérieuse, grande comme vingt-six fois la France.
Antarctique…
Un continent longtemps protégé de la curiosité des hommes par la brume, les tempêtes, les courants et les glaces.
Antarctique…
Grand repaire du froid, essentiel à notre climat. Mémoire des temps les plus anciens. Point de vue irremplaçable pour tous les scientifiques.
Antarctique …
Qui ne voudrait partir là-bas sur la trace des grands explorateurs ? Qui ne rêverait de saluer le Grand Sud pour tenter de comprendre un peu mieux la mécanique géante de la planète ?
Le 8 janvier 2006, sur le fier voilier « Ada », nous avons d’Ushuaia levé l’ancre. Cap au 180. Deux mois plus tard, nous sommes revenus. Nous allons tout vous raconter. »
Le livre des Reines de Jouama Haddad :
Le Livre des Reines est une saga familiale qui s’étend sur quatre générations de femmes prises dans le tourbillon tragique des guerres intestines au Moyen-Orient – au cœur de territoires de souffrance, du génocide arménien au conflit israélo-palestinien, en passant par les luttes entre chrétiens et musulmans au Liban et en Syrie.
Reines d’un jeu de cartes mal distribuées par le destin, Qayah, Qana, Qadar et Qamar constituent les branches d’un même arbre généalogique ancré dans la terre de leurs origines malgré la force des vents contraires qui tentent à plusieurs reprises de les emporter. Une lignée de femmes rousses unies par les liens du sang – qui coule dans leurs veines et que la violence a répandu à travers les âges – et par une puissance et une résilience inébranlables.
Avec la parfaite maîtrise d’une écriture finement ciselée, Joumana Haddad parvient à construire un roman d’une extraordinaire intensité, sans jamais sombrer dans le pathos ou la grandiloquence. »
A noter : Précision de notre lectrice : Livre très dur avec un descriptif détaillé des violences commises au cours des décennies (4 générations de femmes) – attention : Ames sensibles s’abstenir – à lire en toutes connaissances de causes.
La vie parfaite de Silvia Avallone :
« La vie parfaite n’existe pas. En tout cas pas dans l’Italie des romans de Silvia Avallone, où l’urgence est moins le bonheur que la survie. A 17 ans, Adèle, originaire de la cité des Lombriconi, en banlieue de Bologne, s’apprête à devenir mère. Seule, elle a attendu que les contractions se rapprochent jusqu’à devenir insupportables, puis a pris le bus pour se rendre à la maternité…
Seule toujours, elle décide d’abandonner cet enfant qu’elle a pourtant désiré, dont elle a écouté le cœur « comme un petit cheval qui galope » lors de l’échographie, parce qu’une mère déscolarisée et un père en prison ne sont pas le foyer dont elle rêvait.
En centre-ville de Bologne, c’est-à-dire à des années-lumière des tours bétonnées dans lesquelles a grandi Adèle, vit Dora, une professeure de lettres de trente ans rongée par sa stérilité.
Rien ou peu de choses en commun entre ces deux femmes. L’une a grandi avec l’idée que « la vie est belle à condition d’avoir du fric » mais court après les allocations. L’autre serait prête à céder tous ses privilèges pour un enfant qui ne vient pas.
Quant aux hommes, délinquants de père en fils, aux choix alcooliques, flambeurs, infidèles ou lâches, ils ne sont pas moins victimes d’une histoire qui se répète. Parce que l’argent manque, ils quittent l’école, parce que tous les petits garçons du monde ne peuvent devenir rappeur ou footballeurs, ils cèdent aux trafics en tous genres.
La misère n’est pas moins pénible au soleil, elle consume, montre Silvia Avallone, loin de l’image d’Epinal de l’Italie. Mais de la compagnie des livres naissent parfois des graines à semer.
Personnages puissants, entiers, dérangeant, mais ils nous touchent forcément chacun à leur façon. »
Rivage de la colère de Caroline Laurent :
« Certains rendez-vous contiennent le combat d’une vie.
Septembre 2018. Pour « Joséphin », l’heure de la justice a sonné. Dans ses yeux, le visage de sa mère…
Mars 1967. Marie-Pierre Ladouceur vit à Diego Garcia, aux Chagos, un archipel rattaché à l’île Maurice. Elle qui va pieds nus, sans brides ni chaussures pour l’entraver, fait la connaissance de Gabriel, un Mauricien venu seconder l’administrateur colonial. Un homme de la ville. Une élégance folle.
Quelques mois plus tard, Maurice accède à l’indépendance après 158 ans de domination britannique. Peu à peu le quotidien bascule et la nuit s’avance, jusqu’à ce jour où des soldats convoquent les Chagossiens sur la plage. Ils ont une heure pour quitter leur terre. Abandonner leurs bêtes, leurs maisons, leurs attaches. Et pour quelle raison ? Pour aller où ?
Après le déchirement viendra la colère, et avec elle la révolte.
Roman de l’exil et de la révolte, Rivage de la colère nous plonge dans un drame historique méconnu, nourri par une lutte toujours aussi vive cinquante ans après.
Caroline Laurent retrace cette histoire qui court sur plusieurs décennies, à travers les souvenirs du fils de Marie-Pierre et Gabriel, pour porter à notre connaissance l’une des failles de l’histoire de la décolonisation, totalement méconnue. En 1965, le Royaume-Uni accepte le principe d’élections générales qui décideront de l’indépendance de l’île Maurice et de ses dépendances. Mais dans le plus grand secret, il est décidé que certaines de ces dépendances, dont les îles Chagos, au nord-est de Maurice, resteront sous administration britannique. Le but : donner ces territoires en location aux Etats-Unis, qui vont y créer une importante base militaire
Mais l’accord du Royaume-Uni et des Etats-Unis stipule que les îles doivent être vierges de leurs habitants. La suite est extrêmement brutale. L’Ile est composée d’une population d’environ 2000 personnes d’origine africaine, installée là depuis la fin du 18e siècle qui vont être embarqués de force sur le navire Nordvaer, déportés vers l’île Maurice et les Seychelles, et y connaître un sort misérable, devenant des parias. « Sauvage. Sagouin. Nègre-bois. Voleur. Crétin. Crevard. Fils de rien. Chagossien, ça voulait dire tout ça quand j’étais enfant. Notre accent? Différent de celui des Mauriciens. Notre peau? Plus noire que celle des Mauriciens. Notre bourse, vide. Nos maisons, inexistantes. »  Ils ne reverront jamais leurs îles. Mais ils finiront par se révolter, et leur révolte se poursuit encore aujourd’hui.
En mai 2019, l’assemblée générale de L’ONU a même adopté une résolution donnant six mois à Londres pour rétrocéder les îles Chagos à l’île Maurice. Une résolution qui fait suite à un avis de la Cour Internationale de Justice estimant que le Royaume-Uni avait illicitement séparé l’archipel des Chagos de l’île Maurice. Mais les six mois ont pris fin, sans que le Royaume-Uni ne se conforme ni à cette décision, ni à cet avis, qui sont non contraignants.
Depuis les années 1970, la base de Diego Garcia est devenue stratégique pour les Etats-Unis, jouant un rôle clef dans la guerre froide, ainsi que dans les bombardements en Irak et en Afghanistan dans les années 2000.
« Tout en finesse, Caroline Laurent nous embarque dans son roman écrit comme une fresque, et l’on suit avec avidité ses personnages attachants, et terriblement touchants, écrasés par l’Histoire, qui peu à peu vont retrouver leur dignité dans le combat. Eux qui sont pour la plupart analphabètes, reprennent vie grâce aux mots de la jeune écrivaine. Elle connaissait leur histoire par sa mère, mauricienne, qui la lui racontait étant enfant, et s’est longuement documentée sur les habitants des Chagos et leur déportation. La jeune femme a fini par les rencontrer et recueillir leurs récits. Le résultat : un ouvrage totalement romancé, mais dont la proximité avec les personnages emporte le lecteur, accompagné par un très beau sens du récit et du rythme, page après page. »
Un bonheur que je ne souhaite à personne de Samuel Le Bihan :
«Être heureux, ça s’apprend?» Laura, jeune mère de deux garçons dont un autiste, se pose cette question le jour où elle comprend qu’elle est en train de passer à côté de sa vie. Forte de son amour inépuisable et de sa détermination face au handicap de son fils, elle a très vite choisi de ne pas subir mais d’agir.
Seule contre tous, elle va loin, jusqu’à basculer dans l’illégalité pour obtenir de menues victoires. Mais ne s’oublie-t-elle pas trop dans cet éprouvant combat qu’elle mène au quotidien? Où retrouver ce bonheur qui paraît s’être envolé? Alors que le fragile édifice qu’elle a construit menace de s’effondrer, une rencontre inattendue s’offre comme une chance de sauver les siens. Saura-t-elle la saisir?
Un bonheur que je ne souhaite à personne, véritable hymne au sexe dit «faible», fait apparaître avec une grande sensibilité combien l’adversité et une maternité à part peuvent transcender une femme. »
Une histoire à la Gavalda, lumineuse mais réaliste et pleine de générosité, où l’on découvre déjà le solide talent de romancier de Samuel Le Bihan.
« Samuel Le Bihan vient d’écrire son premier roman pour parler d’un sujet qui le touche de près, l’autisme, pour lequel il a décidé de s’engager. En effet, il met en place, avec la Fondation Orange, une plateforme d’écoute et d’information à l’adresse de tous les parents d’enfants autistes, qui verra le jour au printemps ».
Après consultation des nouveautés poche – (https://www.livredepoche.com/nouveautes)
Deux petits livres que l’on n’a pas encore lus (pas trouvés en grandes surfaces et librairies fermées) et qui paraissent sympas en ces moments de confinement :
Mamie Luger de Benoit Philippon :
« Six heures du matin : Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate.
Huit heures : l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger vide son sac, et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors… Aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée, mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu. »
« Poétique, réaliste, cynique, émouvant et captivant. Un texte de haute intensité drolatique et émotionnelle. Lire. »
« Un roman noir désopilant où il est question de guerre, de haine, d’amour et donc d’emmerdes. Le Nouveau Magazine littéraire. »
« Plus qu’un personnage littéraire, Mamie Luger est un symbole. Sang-froid. »
« D’une efficacité absolument redoutable. « Cercle noir », France Culture. »
Et l’habit ne fait pas le moineau de Zoé Brisby :
« Maxine, vieille dame excentrique, s’échappe de sa maison de retraite, avec un projet bien mystérieux.
Alex, jeune homme introverti au cœur brisé par un chagrin d’amour, décide sur un coup de tête de faire un covoiturage.
Réunis dans une Twingo hors d’âge, les voici qui s’élancent à travers le pays.
Mais quand Maxine est signalée disparue et que la police s’en mêle, leur voyage prend soudain des allures de cavale inoubliable. C’est le début de la plus belle aventure de leur vie…. »
Ces deux-là m’ont l’air sympathiques… à lire pour confirmer, les critiques sur « Babelio » les notent à 4.14/5 pour le premier et à 4.26/5 pour le second – Alors cela vaut le coup d’essayer un peu d’humour cela ne peut nuire.
Nous avions à lire pour le 9 avril l’Improbabilité de l’Amour d’Hannah Rothschild :
Note positive :
« la partie relative à l’art : un monde particulier et secret d’une salle de ventes pas très connu du grand public – car ce livre a le mérite de nous faire découvrir le monde de l’art de manière très espiègle et de poser la réflexion sur ce qui détermine la valeur d’un tableau. Hannah Rothschild parle très bien des œuvres d’art et nous donne envie d’aller les découvrir »-
« la jeune propriétaire qui essaie de redonner un sens à sa vie. Plus que sa relation plutôt distante d’ailleurs avec son possible trésor, notre lectrice a aimé les descriptions de ses repas extraordinaires pour lesquels elle se découvre un talent et a imaginé sans mal les images de ces réceptions comme des tableaux avec des couleurs chaudes, des lumières sourdes Un peu comme les natures mortes du 17ème. »
Note négative :
« Les personnages de Barty et Vlad très caricaturaux et pas convaincants – deux portraits outrés à la limite du ridicule.
La famille de galeristes cachant un secret de famille vite éventé et peu crédible.
Certaines parties du récit semblent sonner faux. »
Mais dans l’ensemble, ce roman a permis de passer un agréable moment de lecture même si l’on peut reprocher à l’auteure certaines longueurs.
Merci à toutes celles qui nous ont aidés à réaliser ce compte rendu –
Courage, bientôt la fin du confinement et nous pourrons profiter du soleil.
Prenez soin de vous
A bientôt
Catherine, Evelyn et Patricia