Le cercle littéraire des  amateurs d’épluchures de  patates  de Mary Ann Shaffer et Annie Barrow :

 

« L’on ne sait si son titre farfelu intrigue ou séduit, toujours est-il que « Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » a déjà conquis un large public, on le doit à une ancienne bibliothécaire et libraire, Mary Ann Shaffer, décédée peu après avoir appris qu’un éditeur avait accepté le livre que sa nièce, Annie Barrows, elle-même auteur pour enfants, l’avait aidée à parachever.

Pendant la guerre, Juliet Ashton a réjoui les lecteurs du “Spectator” grâce à une rubrique traitant avec une certaine légèreté les mauvaises nouvelles qui ébranlaient le moral des Londoniens. Voulant profiter de sa notoriété, elle cherche un sujet de roman. Sans le savoir, un habitant de Guernesey va le lui fournir en lui révélant être un membre du “Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey”. De lettre en lettre, une toile d’amitié va se tisser entre la journaliste-écrivain et divers membres de cette petite société excentrique et bienveillante.

Arrêtés après le couvre-feu alors qu’ils venaient de partager un repas, des convives furent sauvés par le sang-froid d’Elizabeth McKenna qui prétendit sans trembler qu’ils revenaient d’une réunion littéraire. Ce subterfuge les sauva. Mais pour s’assurer une crédibilité, ils décidèrent de dévaliser la librairie Fox puis de se réunir régulièrement pour partager leurs lectures. Une tâche malaisée car la plupart n’avaient plus eu de livre en main depuis l’école. C’est donc quelque peu contraints qu’ils vont découvrir Shakespeare, Charles Lamb, Catulle, Sénèque ou encore Wilfred Owen. Et leur vie de s’ouvrir à une dimension nouvelle.

Dans la dynamique d’une forme épistolaire qui permet à chaque personne de s’incarner pleinement, le roman mêle subtilement humour et souvenirs douloureux de l’occupation de l’île. Des milliers d’enfants, dont des bébés, furent alors envoyés en Angleterre pour plus de sécurité. Elizabeth fut déportée à Ravensbrück pour avoir caché un travailleur esclave de l’armée allemande. Privée de ravitaillement, les habitants n’ont dû leur survie qu’aux patates et navets qu’ils cultivaient en secret. Mais cette période d’oppression fut aussi riche en actes de bravoure, des deux côtés du fusil. Cette réalité dramatique et ces êtres confondants d’humanité, Juliet les accueillera dans un même élan. Et le lecteur avec elle. »

(La libre Belgique –Geneviève Simon)

 

 

La vieillesse ça n’existe pas – le secret d’une étonnante jeunesse : c’est l’esprit qui sauve le corps de Jeanne Liebermann :

« Jeanne Liebermann (1891-1987) fut dans les années 70 un « phénomène » médiatisé en raison d’un parcours singulier. D’abord, elle débute le Yoga à l’âge de 40 ans ce qui pour l’époque était déjà peu ordinaire. Un mental peu commun la poussait à découvrir plus. Aussi à 58 ans, elle débute le judo et reçoit le 1er dan à 63 ans, puis l’Aïkido et le 1er dan et enfin débute le Kung-Fu à 75 ans pour obtenir le 1er dan à …. 80 ans. Elle enseigne ces disciplines à des élèves, en majorité des femmes, entre 40 et plus de 80 ans !

Un reportage télévisé de l’époque la montre, enseignant dans son appartement du 9éme arrondissement à Paris à des élèves âgées chutant … sur le parquet !

Il est des personnages qui vivent et démontrent un art de bien vieillir, où le temps n’a pas de prise car ils vivent dans la bonne humeur et la pensée positive dans l’instant présent. C’est une bonne leçon qui doit nous faire réfléchir les soirs de paresse, de douleurs ou de mauvais temps ! »

Cet ouvrage date de 1978, en voici un extrait :

« La notion de jeunesse ou de vieillesse n’a rien à voir avec le nombre d’années qui se sont effectivement écoulées depuis notre naissance. C’est une question d’état d’esprit. Il y a des vieux de trente ans et des jeunes de quatre-vingt !

La vieillesse commence le jour où l’on pense que l’on est vieux, car nous ne sommes rien d’autre que ce nous pensons être. Il suffit donc de changer le cours de nos pensées pour transformer notre vie. Il faut bien comprendre que l’âge n’entraîne pas la fin du développement, c’est au contraire l’arrêt du développement qui cause la vieillesse.

Comment ne jamais penser à son âge ? En vivant pleinement chaque minute de votre existence au lieu de ressasser inutilement le passé, ou de supputer ce que l’avenir vous apportera. Seul le présent compte, car seul le présent est vrai. »

 

Olga de Bernard Schlink :

 

« L’est de l’empire allemand à la fin du XIXème siècle. Olga est orpheline et vit chez sa grand-mère, dans un village coupé de toute modernité. Herbert est le fils d’un riche industriel et habite la maison de maître. Tandis qu’elle se bat pour devenir enseignante, lui rêve d’aventures et d’exploits pour la patrie. Amis d’enfance, puis amants, ils vivent leur idylle malgré l’opposition de la famille du jeune Herbert et ses voyages lointains. Quand il entreprend une expédition en Arctique, Olga reste toutefois sans nouvelles.
La Première Guerre mondiale éclate, puis la Deuxième. À la fin de sa vie, Olga raconte son histoire à un jeune homme qui lui est proche comme un fils. Mais ce n’est que bien plus tard que celui-ci, lui-même âgé, va découvrir la vérité sur cette femme d’apparence si modeste. »

« Ce narrateur a en effet connu, en RFA, Olga devenue une vieille dame sourde mais enjouée, plus déterminée que jamais à ne pas subir passivement son existence mais à en être l’actrice. Il est l’héritier de ses modestes biens et de son immense expérience transmise avec une affectueuse bienveillance. En devenant son biographe, il se rapproche d’elle au-delà du temps mais fait aussi triompher la mémoire des gens obscurs, habituellement occultée par celle des personnages illustres.

Récit d’un amour, Olga est donc aussi une histoire d’amitié indéfectible. Schlink sait y cultiver l’émotion, y ménager du suspense et nous faire sourire. Surtout, il offre un rôle magnifique à une femme et à travers elle aux femmes, héroïnes dont l’histoire officielle ne veut pas. »

 

Le magasin jaune de Marc Trévidic :

« Au début de l’année 1929, un jeune couple rachète un magasin de jouets en faillite dans le quartier de Pigalle. Gustave et Valentine pensent qu’à vendre le bonheur, on ne peut que le trouver soi-même. Ils repeignent la boutique couleur mimosa : le magasin jaune naît. C’est un soleil. Les parents et les enfants tournent autour ; les jouets s’animent ; la vitrine s’illumine. Les odeurs et les bruits de la rue meurent à sa porte.
Mais au-dehors, le monde change. La crise financière puis politique obscurcit tout. Arrivent la guerre, l’Occupation allemande.
Le Magasin jaune sera-t-il préservé de la violence et de l’horreur ? Ou n’est-il qu’une prison d’illusions et de mensonges ? Gustave s’y enferme et y garde ses secrets. Valentine veut s’en échapper. Les enfants, seuls, continuent de jouer le jeu, avec à leur tête la princesse du Magasin jaune. Ils recréent le monde, l’imitent parfois, mais toujours préfèrent l’innocence du rêve à la violence du cauchemar.
De 1929 à 1942, de l’Art déco aux chars d’assaut, de Cole Porter à la musique militaire, Le Magasin jaune retrace l’histoire d’un lieu où joies et désespoirs se succèdent, où la résignation fait place à la résistance, tandis que le regard énigmatique et froid d’Arlequin nous met en garde : le bonheur est fragile comme une poupée de porcelaine. »

Marc Trévidic offre un roman historique, simple, plaisant et quelque peu original. L’auteur entraîne rapidement les lecteurs dans son histoire, grâce à ses personnages attachants, mais également par le fait que tout tourne autour du magasin de jouets. C’est une approche peu ordinaire, où tout le monde espère que la guerre restera à la porte et n’atteindra jamais ce lieu où l’enfant est roi.

Il nous pousse à ouvrir la porte du Magasin Jaune et de partir à la rencontre de Gustave, Valentine, de leur fille, mais également de tous les habitants de cette rue de Paris c’est une invitation à laisser l’horreur de la guerre de côté et de plonger dans la magie des jouets pour oublier le reste …

Cinq mots pour décrire ce livre : Histoire, Famille, Occupation, Résistance et ….Jouets. »

 

Les mots bleus de Dominique Mainard :

« Anna a six ans. Elle n’a jamais parlé. Une crainte étrange court tel un fil dans sa famille depuis trois générations, la crainte que les mots ne soient « des traîtres, des voleurs », une menace insidieuse capable de vous ôter la vie et l’amour des êtres qui vous sont chers.

Nadèjda, sa mère – la narratrice –, a refusé d’apprendre à lire et à écrire. À l’âge d’Anna, elle a assisté impuissante à la mort de sa grand-mère, provoquée, s’est-elle imaginée, par l’un des mots du conte que la vieille femme lui lisait alors…

Lorsque, en désespoir de cause, elle inscrit Anna dans une école pour malentendants, elles croisent le chemin de Merlin, un enseignant qui emploiera toutes ses forces à « donner la parole » à l’enfant.
Entre la frayeur que Nadèjda éprouve et l’amour qui naît bientôt entre elle et Merlin, des bulles de savon, un sifflet, des masques, seront autant de pierres formant un gué périlleux qui permettra à Anna d’atteindre l’autre rive. »

Dans les dessins d’Anne, les fleurs ont deux yeux et un nez, mais aucune bouche, car cette enfant est mutique depuis sa naissance.

Les mots bleus est un roman sur la peur et la solitude, grande détresse des personnages principaux qui, pourtant, ne se plaignent jamais.

D’une écriture intimiste et douce, ce livre laisse un sentiment trouble et pesant, d’une profondeur inattendue, d’une grande humanité. »

Pour info : un film a été tiré de ce roman en 2005 : « Les mots bleus » d’Alain Corneau »  avec Sylvie Testud et la musique du film est bien entendu « Les mots bleus » du Chanteur Christophe.

 

Je te suivrais en Sibérie d’Irène Frain :

« Après Marie Curie et Simone de Beauvoir, Irène Frain se tourne vers une héroïne qui fascina les romantiques : Pauline Geuble, amoureuse rebelle d’un insurgé décabriste. (1) Partie sur ses traces en Russie, Irène Frain en reviendra hantée par une femme d’exception, étonnante de courage, de force et de passion.
Pauline est de ces femmes qui brisent les obstacles.
Risque-tout, elle quitte sa Lorraine natale à la fin de l’épopée napoléonienne pour rejoindre Moscou où, simple vendeuse de mode, elle est courtisée par un richissime aristocrate. Ivan Annenkov est un fervent admirateur de la France des Lumières et un farouche adversaire du servage. Il appartient à une société secrète qui rêve de renverser le tsar. Le complot échoue, les Décembristes sont déportés en Sibérie. Ivan aurait été promis à mourir dans l’oubli le plus total si Pauline, comme sept autres femmes de condamnés, n’avait décidé de le rejoindre. La petite bande, qui deviendra légendaire, soutient si bien les conjurés qu’ils relèvent la tête et fondent, derrière les murs de leur prison, une mini république à la française…
Qui était au juste cette Pauline qui croisa les hommes les plus célèbres de son temps, de Dumas à Dostoïevski, qu’elle fascina ? Irène Frain a suivi ses traces depuis la Lorraine jusqu’à la Trans baïkalie. Elle ressuscite son équipée et brosse avec feu et sensibilité le portrait d’une amoureuse endiablée. »

  • Du russe Dekabr = décembre – décabriste nom donné aux révolutionnaires russes qui prirent part à l’insurrection du 26.12.1825)

 

J’ai couru vers le Nil de Alaa El Aswany :

« A travers les péripéties politiques et intimes d’une palette de personnages liés les uns aux autres, du chauffeur au haut gradé en passant par la domestique musulmane et le bourgeois copte, ce roman évoque la révolution égyptienne à travers une mosaïque de voix dissidentes ou fidèles au régime, de lâchetés et d’engagements héroïques.

Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fils d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’Etat, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles. Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. A ce jour, ce roman est interdit de publication en Egypte. (Actes Sud) »

« Plus de dix ans après «l’Immeuble Yacoubian», le romancier égyptien s’installe au Caire au cœur de la révolution et se fait le porte-voix d’une jeunesse qui a cru au changement et vu ses espoirs réprimés place Tahrir, en 2011. Le récit à hauteur d’homme d’une révolution manquée, porté par un souffle puissant.

Hommage à la jeunesse de son pays, plongeant dans les coulisses, il raconte dans ce nouveau roman les principaux épisodes de la révolution égyptienne de 2011 : de l’occupation de la place Tahrir jusqu’à la reprise en main du pays par l’armée. Les femmes sont des personnages importants dans cette fresque d’une «révolution manquée». Elles en sont les héroïnes et les soutiens, ou au contraire les alliées des conservateurs et propagandistes de l’ordre moral patriarcal. »

 

La première fois qu’on m’a embrassée , je suis morte de Colleen Oakley :

« Fantasque et drôle, Jubilee Jenkins souffre d’un mal extrêmement rare : elle est allergique au contact humain (pour résumer aux gens). Après un épisode qui a failli lui coûter la vie, elle décide de ne plus sortir de chez elle. Mais à la mort de sa mère, Jubilee doit affronter le monde et les gens. Elle trouve refuge à la bibliothèque municipale, où elle décroche un travail, et y rencontre Eric Keegan, un homme divorcé qui vient de s’installer en ville avec son fils adoptif, un petit génie perturbé. Bien qu’il ne comprenne pas pourquoi Jubilee le tient à distance, il est sous le charme… Ces trois-là n’étaient pas destinés à se croiser et pourtant seule leur rencontre va leur permettre de s’ouvrir à la vie et à l’amour, formant ainsi un trio irrésistible. »

« Ce roman, c’est l’histoire de cette femme qui a vécu toute sa vie seule, sans contact et qui se retrouve projeter dans la vie réelle, celle qui la pousse à devoir avoir des contacts. Mais c’est aussi les autres personnages qui nous permettent d’aborder bien d’autres thèmes forts qui vous percutent et vous toucheront comme le deuil, l’adolescence, la paternité et la famille. Il explore si bien la détresse de ses personnages que l’on ne peut que se sentir impliquée par ce qu’ils ressentent. Colleen Oakley évoque les allergies, ici avec un cas sévère et très grave qui n’est pas connu en réalité mais il nous permet d’aborder à la manière d’autres maladies, l’isolement de certaines personnes qui risquent leur vie au contact des autres. »

 

Les chemins creux de St Fiacre de Daniel Cario :

« Vif, tendre et plein de ressources, Auguste a fait des bois de Saint-Fiacre son royaume et son terrain d’expérimentation en recueillant et soignant les animaux blessés.
Depuis sa naissance, mère et grand-mère sont liguées contre lui. En guise d’éducation, taloches et brimades constituent son lot quotidien. Né de père inconnu, Auguste porte bien malgré lui le secret coupable de ses origines…
Et c’est au détour d’un chemin creux qu’il fera la rencontre qui va marquer à jamais sa jeune existence. Ainsi débute l’histoire d’une amitié indéfectible entre deux solitaires, un petit mal-aimé et un vieux rebouteux du nom de Daoudal, mis au ban de la communauté villageoise.
Apre et tendre, le roman bouleversant d’une enfance, émaillé de souvenirs authentiques. »

Un petit mot sur l’auteur :

Ancien professeur de lettres à Lorient, Daniel Cario est un romancier prolifique.
Ses romans, campés en Bretagne (la trilogie du Sonneur des halles, Le Brodeur de la nuit), dans les Cévennes (L’Or de la Séranne), ou le Berry (La Miaulemort), sont publiés aux éditions Coop Breizh, aux Presses de la Cité dans la collection « Terres de France », chez Beluga et au Rouergue. La Miaulemort a paru en 2010 aux Presses de la Cité.
C’est aussi un passionné par les danses traditionnelles.

 

Les disparues du Phare de Peter May :

« Revenant à l’île de Lewis où il a situé sa trilogie écossaise, Peter May nous emporte dans la vertigineuse recherche d’identité d’un homme sans nom et sans passé, que sa mémoire perdue conduit droit vers l’abîme. »

La trilogie écossaise nous avait fait découvrir la rudesse et la beauté de l’île de Lewis et Harris. Avec « Les Disparus du phare », on retrouve les Hébrides extérieures, avec un détour par les îles Flannan, dites aussi « Seven Hunters », un nom prédestiné pour un lieu du crime.

Dès les premières lignes, Peter May nous met dans l’ambiance… Un homme reprend conscience sur une plage alors que la mer se retire. Il a, de toute évidence, échappé de peu à la mort et, transi de froid, affaibli, il peine à se relever. Mais, surtout, il ne sait plus ni où ni qui il est. Raccompagné vers ce qui semble être chez lui par une âme charitable, il tente de renouer les fils de son histoire. Cependant, dans la maison qu’il habite depuis quelques mois, rien ne lui permet de l’aider à se reconstruire une identité. Une facture d’électricité lui donne un nom et un lieu : Neal Maclean, île Harris. Et il découvre avec stupeur qu’il a une liaison avec la femme du couple voisin. On le dit écrivain. Son sujet porterait sur les îles Flannan, où il se serait rendu à plusieurs reprises avec son voilier. Or il n’y a aucune trace de manuscrit, pas plus que de voilier. La seule piste tangible est une carte de Harris, où une route dite « du Cercueil » est surlignée. En attendant, une sourde angoisse et l’impression que quelque chose de terrible s’est produit, le taraudent. Pas à pas, le récit mènera à une société d’agrochimie, à une ONG qui lutte pour l’environnement et à des chercheurs qui étudient en grand secret les effets des néonicotinoïdes (un neurotoxique employé dans certains insecticides) sur les abeilles. »

 

La 9ème heure  d’Aline Mc Dermott :

Nous sommes à Brooklyn autour de 1900, bien loin des quartiers hipster d’aujourd’hui. C’est l’époque des grandes vagues migratoires – les Irlandais, les Italiens… – et la misère règne. Moralement au bout du rouleau, Jim, qui vient d’être licencié par la Brooklyn Rapid Transit Company, l’ancienne société de transport en commun de New York, prépare son suicide. Dans la première scène du roman ,il vient d’apprendre que sa jeune femme, Annie, attendait un enfant.

« Jim agite doucement la main en refermant la porte derrière sa femme Annie qu’il a envoyée faire des courses. Il enroule alors soigneusement son pardessus dans le sens de la longueur et le pose au pied de cette même porte. À son retour, c’est un miracle si Annie ne fait pas sauter la maison entière en craquant une allumette dans l’appartement rempli de gaz.
Les chevilles enflées après une journée à faire l’aumône, sœur Saint-Sauveur prend la relève des pompiers auprès de la jeune femme enceinte et des voisins sinistrés de ce petit immeuble de Brooklyn. La nouvelle du suicide étant déjà parue dans le journal, elle échouera à faire enterrer Jim dans le cimetière catholique, mais c’est très vite toute la congrégation qui se mobilise : on trouve un emploi pour Annie à la blanchisserie du couvent où sa fille Sally grandit sous l’œil bienveillant de sœur Illuminata, tandis que sœur Jeanne lui enseigne sa vision optimiste de la foi. Et quand cette enfant de couvent croira avoir la vocation, c’est l’austère sœur Lucy qui la mettra à l’épreuve en l’emmenant dans sa tournée au chevet des malades.

«Si j’étais Dieu, avait coutume de dire sœur Saint-Sauveur, je ferais les choses autrement.» À défaut de l’être, les Petites Sœurs soignantes des Pauvres Malades, chacune avec son histoire et ses secrets, sont l’âme d’un quartier qui est le véritable protagoniste du roman d’Alice McDermott. »

 

Ombre sur la Tamise de Michaël Ondaatje :

« En 1945, nos parents partirent en nous laissant aux soins de deux hommes qui étaient peut-être des criminels.

Dans le Londres de l’après-guerre encore meurtri par les séquelles du Blitz, deux adolescents, Nathanael et Rachel, sont confiés par leurs parents à de mystérieux individus. L’un d’eux, surnommé  » Le Papillon de Nuit « , va se charger de leur éducation, et les entraîner progressivement dans un monde interlope, aux marges de la légalité. On y conduit des bateaux, la nuit, en utilisant un code étrange fait de chants d’oiseaux. On y fréquente le milieu des paris clandestins et des courses de lévriers. On n’y est jamais sûr de rien… Mais ces gens qui les initient et les protègent sont-ils vraiment ceux qu’ils prétendent être ?
Bien des années passeront avant que Nathanael fasse toute la lumière sur son enfance, et comprenne enfin ce qui s’est vraiment passé. »

Avec ses zones obscures, ses épisodes féériques et ses péripéties dignes d’un roman noir, Ombres sur la Tamise est à la fois un admirable roman de formation et une réflexion sur les troubles de l’Histoire.

La mémoire, nous dit Freud, est un acte d’imagination. Nous réinventons nos souvenirs tout au long de notre vie. Si bien que ce qui nous revient au fil du temps, ce n’est pas la scène originelle, mais l’image que nous en avions la dernière fois que nous nous en sommes souvenus.

Ombres sur la Tamise, le dixième livre traduit de Michael Ondaatje, est l’illustration magistrale de cette théorie. Un roman mystérieux où des courants invisibles, puissants comme les remous d’un fleuve, ramènent sans cesse le narrateur, Nathaniel, vers son passé. Mais un passé « bougé ». Jamais exactement le même. En constante recomposition. Or, c’est ­justement ce « pouvoir transformateur » de la mémoire – cet art de « combler les trous d’une histoire à partir d’un grain de sable » – qui finira par lui rendre le présent supportable et lui permettra même, pour la première fois, d’envisager enfin un avenir.

Michaël Ondaatje publie  en 1992 son roman le plus célèbre, « L’homme flambé ». Prix du Gouverneur général en 1992 (romans et nouvelles), cet ouvrage lui permet de figurer parmi les lauréats du prestigieux Booker Prize et d’être le premier Canadien à recevoir cet hommage. La version cinématographique du roman, « The English Patient » (Le patient anglais), tournée en 1996, remporte 9 oscars.

 

Noël à Chambord d’Emile Lanez :

« Une voiture s’approche dans l’obscurité, elle roule prudemment sur les pistes sableuses de ce domaine grand comme Paris. Devant les cavaliers de la Garde républicaine, un homme, sans manteau malgré le froid cinglant, surgit. Autour de lui, cent hommes, des chiens, des sangliers morts et des dizaines de fusils chargés. L’homme écarte ses officiers de sécurité, il s’avance. Nous sommes le 15 décembre 2017, Emmanuel Macron est le premier président de la République à assister à un tableau de chasse. »

 

Honoré et moi de Titiou Le Coq :

« Parce qu’il était fauché, parce qu’il a couru après l’amour et l’argent, parce qu’il finissait toujours par craquer et s’acheter le beau manteau de ses rêves, parce qu’il refusait d’accepter que certains aient une vie facile et pas lui, parce que, avec La Comédie humaine, il a parlé de nous, j’aime passionnément Balzac. »

Tout le monde connaît Balzac, mais bien souvent son nom reste associé aux bancs de l’école. Avec la drôlerie qu’on lui connaît, Titiou Lecoq décape le personnage. Elle en fait un homme d’aujourd’hui, obsédé par l’argent, le succès, l’amour, dans un monde où le paraître l’emporte sur le reste. Sous sa plume, ce géant de la littérature devient plus vivant que jamais.

Titiou Lecoq est féministe, romancière et essayiste. Elle a notamment publié Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale (Fayard, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019) et Les Morues (Au diable vauvert, 2011 ; Le Livre de Poche, 2013). Elle collabore à plusieurs médias, dont Slate, et anime un blog, Girls and Geeks.

 

Balzac, une vie, un roman de Gonzagues St Bris :

« La vie d’Honoré de Balzac est un prodigieux roman : enfant mal aimé d’une mère indifférente, collégien solitaire, éditeur en perpétuelle faillite, mondain perclus de dettes, ogre gastronomique, importateur malheureux d’ananas, voyageur errant sur les routes d’Europe, coqueluche adorée des lectrices mais rejeté par l’Académie française, amant fabuleusement tenace, il est selon Baudelaire « le plus curieux, le plus cocasse, le plus intéressant et le plus vaniteux des personnages de La Comédie Humaine ». Ce que Balzac cache dans sa vie, il le dévoile dans son oeuvre et Gonzague Saint Bris dresse l’inventaire étourdissant des passions qui l’ont traversée : Balzac et l’argent, Balzac et la condition des femmes, Balzac et la science, Balzac et le café, Balzac et Napoléon, Balzac et la photographie, Balzac et la musique, Balzac et l’occultisme, Balzac et le journalisme…Au terme d’une biographie d’un genre nouveau, foisonnante et enthousiaste, il nous invite à nous replonger avec délice et gourmandise au coeur des 142 romans de « La Comédie humaine » et de ses 2500 personnages.Il remet en lumière vingt « pépites » méconnues et dix romans incontournables, joyaux du fabuleux panthéon du colosse de la littérature, véritable forçat des lettres à la « surnaturelle lumière » saluée par François Mauriac. »

 

La carte et le territoire de Michel Houellebecq :

« Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël.
Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police.
Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.
L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne. »

 

Une éducation de Tara Westover :

« Tara Westover n’a jamais eu d’acte de naissance. Ni de dossier scolaire, car elle n’a jamais fréquenté une salle de classe. Pas de dossier médical non plus, parce que son père ne croyait pas en la médecine, mais à la Fin des temps.
Enfant, elle a regardé son père mormon s’enfermer dans ses convictions, et son frère céder à la violence. Et, à seize ans, Tara décide de s’éduquer toute seule. Son combat pour la connaissance la mènera loin des montagnes de l’Idaho, au-delà des océans, d’un continent à l’autre, d’Harvard à Cambridge. C’est à ce moment seulement qu’elle se demande si elle n’est pas allée trop loin. Lui reste-t-il un moyen de renouer avec les siens ?
Une éducation est le récit d’une construction de soi, l’histoire d’une fidélité farouche envers la famille, et du chagrin dû à la rupture. Forte de la lucidité qui constitue la marque des grands auteurs, Tara Westover nous livre son expérience singulière : son combat pour entrer dans l’âge adulte grâce à une éducation qui lui a permis de poser un regard neuf sur la vie et donné la volonté de changer. »

« C’est une longue traversée vers la lumière que l’on effectue aux côtés de Tara Westover, qui se débat sur plusieurs fronts : un contexte familial violent, l’isolement, le rejet de la médecine (même dans des situations d’extrême urgence voire de danger vital), la pauvreté, la honte d’être différente. Un jour, il y a cet enseignant qui lui dit : « Découvrez d’abord de quoi vous êtes capable, puis vous déciderez qui vous êtes ». Parole salvatrice qui va la mener jusqu’aux prestigieuses universités de Cambridge puis d’Harvard.

Toutes ses victoires, Tara Westover les paie au prix fort, tiraillée qu’elle est entre la loyauté envers les siens et une curiosité et une lucidité qui lui font se poser les bonnes questions. Le doute devient dès lors son plus fidèle compagnon. La seule manière pour elle de s’autoriser à être celle qu’elle est : une femme curieuse qui dépasse les vérités édictées par son père pour façonner son propre esprit, une femme qui trouve petit à petit sa place dans la société, une femme qui apprivoise la gentillesse et l’amour, une femme qui signe de son nom une thèse puis un livre. « Personne d’autre que nous ne peut libérer nos esprits. »  (Geneviève Simon – La Libre Belgique)

 

 

La petite fille du Phare de Christophe Ferré :

« Ploumanac’h, Côte de granit rose. Le temps d’une soirée dans un bar proche de leur maison, Morgane et Elouan laissent la garde de leur bébé, Gaela, à son frère adolescent.
Au retour, un berceau vide les attend. Aucune trace d’effraction, nulle demande de rançon. Les pistes se multiplient, mais l’enquête piétine.
Très vite, la police judiciaire pense que la petite fille ne sera jamais retrouvée.
Pour les parents de Gaela, l’enfer commence. D’autant qu’on fouille leur passé, et que celui-ci présente des zones d’ombre. Morgane est bientôt suspectée d’avoir orchestré la disparition de sa fille…
Un suspens au dénouement aussi stupéfiant qu’une déferlante sur les côtes bretonnes. »

 

Constellation d’Adrien Bosc :

 

« Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers.

Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ?

Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

 

 

Autres coups de cœur déjà évoqués précédemment :

 

  • Demain j’arrête de Gilles Le Gardinier
  • Les Victorieuses de Laetitia Colombiani
  • Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois
  • Oublier Klara d’Isabelle Autissier
  • L’amant de Patagonie d’Isabelle Autissier
  • Le Tour du monde en 72 jours de Nellie Bly

 

 

 

Prochain rendez-vous le 13 février  2020 avec pour lecture commune :

 

UNDERGROUND RAILROAD de Colson Whitehead

 

 

« Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.

De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le  « misérable cœur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.

L’une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l’« Underground Railroad », le célèbre réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements et la mécanique du racisme.

À la fois récit d’un combat poignant et réflexion saisissante sur la lecture de l’Histoire, ce roman, couronné par le prix Pulitzer, est une œuvre politique aujourd’hui plus que jamais nécessaire.

« Un roman puissant et presque hallucinatoire. Une histoire essentielle pour comprendre les Américains d’hier et d’aujourd’hui. »
The New York Times »

 

Bonnes lectures à toutes,

 

Catherine, Evelyne et Patricia