Le premier RACHEL ET LES SIENS DE METIN ARDITI :
« Qui est Rachel, enfant qui aimait raconter des histoires, devenue une dramaturge acclamée sur toutes les grandes scènes du monde ?
Avec ses parents, des Juifs de Palestine, elle habite Jaffa au début du XXe siècle. Ils partagent leur maison avec les Khalifa, des Arabes chrétiens. Les deux familles n’en font qu’une, jusqu’à ce que l’Histoire s’en mêle. Conflits religieux, guerres…
Dans les tempêtes, Rachel tient bon grâce à l’art, à sa vocation absolue pour le théâtre. Elle organise le monde sur scène, tandis que sa vie est agitée d’amours et de deuils, d’obstacles et d’exils. De Palestine en Turquie, de Turquie en France, elle affronte, intrépide, amoureuse, un monde hostile, créant une œuvre bouleversante.
Un inoubliable portrait de femme.

Metin Arditi, auteur d’origine turque séfarade, puise dans ses racines et évoque une cause qui lui tient à cœur. Il retrace le parcours de cette jeune fille juive, devenant fille puis femme et enfin vieille dame – de Jaffa à un kibboutz, de Tel-Aviv à Istanbul, de Paris à son Israël natale. Entourée des siens, de ses parents et de sa sœur adoptive, elle grandit, embellit, s’assagit, tombe amoureuse, tombe de douleur puis se relève avant de s’écrouler de nouveau – une existence passionnée et brûlante, amère mais aussi heureuse, parfois. L’auteur adopte sa perspective et narre ainsi son destin même si, parfois des lettres et du discours indirect viennent se glisser entre les pages pour plus d’empathie. Comme tout humain, Rachel est faillible, soumise aux pulsions des Hommes, à l’amour et à la jalousie, à la mélancolie et au désir. Elle suit sa route, ou plutôt tente de tracer son chemin de dramaturge controversée, guidée par le besoin vital de voir la Palestine redevenir cette terre d’accueil accueillante pour tous. »
Juste une quelques dates pour nous permettre de mieux nous situer dans ce contexte historique :
D’où vient Israël : Né du premier Congrès sioniste mondial en 1897, ce projet avait pour objectif principal de faire immigrer massivement les Juifs d’Orient et d’Europe centrale vers la Terre sainte, Jérusalem. Les Pogroms sont l’une des causes majeures qui ont poussé à la formation de ce projet sioniste.
Création de l’Etat d’Israël en 1948 :
Déjà à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive avait créé ce que l’on appelle un Quasi-Etat en Palestine : elle ne possède à ce stade que 6% des terres mais représente un tiers de sa population et fournit une bonne partie de sa production agricole et industrielle. Elle dispose à cette époque d’une armée clandestine non-officielle.
La montée du nazisme et le génocide nazi vont complètement changer la donne. La persécution de la communauté juive en Europe va pousser le mouvement sioniste à tout mettre en oeuvre pour convaincre la Communauté internationale de la nécessité absolue de la création d’un Etat Juif. On finira par lui donner raison. Face aux centaines de milliers de survivants de la guerre, de survivants des camps de concentration qui végètent dans des camps de « personnes déplacées », la Communauté internationale décide qu’il faut trouver une solution.
La question de la Palestine a donc été portée devant l’Assemblée générale par le Royaume-Uni au lendemain de la création de l’Organisation des Nations Unies. Une Commission spéciale pour la Palestine, comptant 11 membres, a été constituée à la première session extraordinaire de l’Assemblée, en avril 1947.
Plan de partage de la Palestine
Un plan de partage est finalement adopté par l’ONU le 29 novembre 1947. Ce plan prévoit la partition de la Palestine en trois entités, avec la création d’un État juif et d’un État arabe, Jérusalem et sa proche banlieue étant placées sous contrôle international en tant que « corpus separatum. »
L’Agence juive accepte cette résolution bien qu’elle ne fût pas satisfaite de la solution apportée à des questions comme l’immigration juive d’Europe et les limites territoriales imposées à l’État juif proposé. Le Plan n’a pas été accepté par les Arabes palestiniens et les États arabes, qui ont fait valoir qu’il violait les dispositions de la Charte des Nations Unies reconnaissant à chaque peuple le droit de décider de son propre destin.
Dans ce Plan, l’État juif comprenait la plaine côtière, qui s’étend de Haïfa à Rehovot, l’est de la Galilée et le désert du Néguev, incluant l’avant-poste de Umm Rashrash au sud (maintenant appelé Eilat).L’État arabe devait recevoir l’ouest de la Galilée, avec la ville d’Acre, les monts de Cisjordanie, et le sud de la côte, s’étendant du nord de Majdal (maintenant Ashkelon), et comprenant l’actuelle Bande de Gaza, avec une partie du désert le long de la frontière égyptienne. La ville de Jaffa à population majoritairement arabe, au sud de Tel-Aviv, devait initialement faire partie de l’État juif.
Ce Plan de Partage ne sera jamais réellement mis en application.

Guerre civile israélo-palestienne
Le 14 mai 1948, le Royaume-Uni mit fin à son mandat sur la Palestine et dégagea ses forces armées du territoire. Le même jour, l’Agence juive proclama la création et la reconnaissance de l’État d’Israël sur le territoire qui lui avait été alloué aux termes du Plan de Partage. De sanglantes hostilités éclatent immédiatement entre les communautés arabes et juives. Au lendemain, des troupes régulières des États arabes voisins ont pénétré sur le territoire pour venir en aide aux Arabes palestiniens : la guerre israélo-palestienne commence.
Suite à cela, l’Etat juif a augmenté d’un tiers le territoire qui lui avait été alloué par le Plan de Partage des Nations Unies et finit par expulser les quatre cinquièmes des habitants arabes de ces terres.
Conséquences de la création de l’état d’Israël
Soixante-neuf ans de conflits
• En 1956 : la crise du canal de Suez, parfois appelée l’opération Kadesh est une guerre qui éclata en 1956 en territoire égyptien. Le conflit opposa l’Égypte et une alliance secrète actée par le protocole de Sèvres, formée par l’État d’Israël, la France et le Royaume-Uni, à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte le 26 juillet. La percée des troupes israéliennes sera assez fulgurante. Néanmoins sous les pressions soviétiques et américaines, Israël devra se retirer du Sinaï.
1967 La Guerre des Six Jours : en 6 jours, Israël s’empare et envahit le reste de la Palestine, ainsi que le Sinaï et le Golan. Au lieu d’échanger les territoires occupés contre la paix, Israël décide d’en entreprendre la colonisation.
1973 : les blindés syriens et égyptiens bousculent l’état- major israélien. Finalement, celui-ci lancera une contre-offensive et finira vainqueur de ce conflit.
1982 : invasion du Liban qui engrange un conflit interminable, sanglant et meurtrier. Israël finira par se retirer partiellement en 1985, et totalement en 2000.
2006 : Le conflit israélo-libanais, également appelé « deuxième guerre du Liban » ou « la guerre de juillet », est un conflit armé qui a opposé Israël au Liban (constitué de forces armées telles que le Hezbollah et de l’armée libanaise) à partir du 12 juillet 2006. Trêve proclamée le 11 août de la même année. Ce conflit a été provoqué par un accrochage entre le Hezbollah et l’armée israélienne à la frontière, qui a abouti à la capture de deux soldats israéliens en vue d’un échange, comme ce fut le cas plusieurs fois avec des prisonniers libanais en Israël, ainsi qu’à la mort de 8 autres soldats. Conséquence de cette opération du côté libanais : plus de 1000 morts civils dont 30% étant des enfants de moins de 12 ans. Du côté israélien : plus de 150 morts et 500 000 fuites de résidents.

Pour comprendre les origines de la création d’Israël, il faut remonter au fondement biblique qui fait de la Palestine le berceau du peuple d’Israël. (Charlotte Chaulin Publié le 06/05/2021)

Vers 600 av. J.-C. : La Terre promise dans la Torah
La Bible Hébraïque, la Torah, écrite entre 640 et 609 av. J.-C., raconte l’histoire de la famille d’Abraham. À ce dernier, Dieu promet une descendance nombreuse et dit un jour :
• Et Je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie. (Genèse 17:8)
• La terre de Canaan se situe en actuelle Palestine/Israël. Cette promesse, Dieu la réitère aux descendants d’Abraham, Isaac puis Jacob, à qui Dieu donne le nom d’Israël. Par extension, les « enfants d’Israël » deviendront le « peuple d’Israël ». Dans le Livre de l’Exode, Moïse conduit le peuple juif hors d’Égypte au cours de l’Exode. Sur le mont Sinaï, une alliance est scellée entre Dieu et son peuple avec les Tables de la Loi. Les Hébreux (ancêtres des Juifs), s’installent alors en terre d’Israël. Ce récit fondateur du judaïsme légitime ainsi le retour à la Terre promise.
1880 : Naissance du sionisme
• Le sionisme, mouvement politique et religieux qui tire son nom de Sion, l’ancienne citadelle de Jérusalem, apparaît dans les années 1880. Le contexte y est favorable : des communautés juives sont persécutées en Europe de l’Est tandis que l’idée nationale pénètre massivement les esprits en Europe. Le mouvement a pour but de fonder un foyer national regroupant les Juifs de la Diaspora (dispersion) en Palestine. En 1882, un premier groupe sioniste, « Les Amants de Sion », est créé à Saint-Pétersbourg et c’est de Russie que part la première vague d’immigration vers la Palestine.
1896 : Publication de L’État juif
• Témoin de la montée de l’antisémitisme en France, qui culmine avec la condamnation de l’affaire Dreyfus en 1894, le journaliste austro-hongrois Theodor Herzl publie L’État juif en 1896. L’année suivante, il réunit le premier Congrès sioniste à Bâle, en Suisse, et fonde une Organisation sioniste dont il devient le premier président. La population juive passe de 50.000 à 85.000 personnes à la veille de la Première Guerre mondiale.
1917 : La déclaration Balfour
• En 1917, la conquête britannique met fin à quatre siècles de domination ottomane en Palestine. Le 2 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, se prononce en faveur de la création d’un foyer national juif. Il s’engage à « employer tous ses efforts pour faciliter la réalisation » du projet sioniste. Avec cette « déclaration Balfour », se dessine la perspective d’un État pour les Juifs.
1920 : Le mandat britannique
• En 1920, les Britanniques obtiennent de la Société des Nations un mandat sur la Palestine. Sous domination britannique, les vagues d’émigrations, principalement de Russie, de Pologne et d’Allemagne, se poursuivent. Les colons juifs mettent en place des structures étatiques : une armée juive, une radio nationale, une université hébraïque, un système de santé, etc. Déjà, nationalismes juif et arabe s’affrontent. Majoritaires sur le territoire, les Arabes dénoncent l’immigration juive de plus en plus importante.

1945 : La Shoah
Si le sionisme préexiste aux atrocités commises par le régime nazi d’Hitler, la Shoah peut être vue comme un accélérateur du processus de création d’un État juif. Ce crime de masse – l’extermination planifiée de six millions de Juifs pour la seule raison qu’ils étaient Juifs – ne peut pas être ignoré dans l’histoire de la naissance d’Israël. Près de 300.000 rescapés retournent sur les terres de leurs ancêtres après la Seconde Guerre mondiale.

22 juillet 1946 : Attentat de l’hôtel King David
Le 22 juillet 1946, une attaque à la bombe menée par l’organisation extrémiste juive Irgoun, qui combat la présence anglaise en Palestine, vise les bureaux des autorités britanniques à l’Hôtel King David. Bilan : 91 morts et 46 blessés. Le gouvernement britannique poursuit sa politique pro-arabe tout en envisageant de plus en plus sérieusement son retrait de Palestine.
29 novembre 1947 : Le plan de partage de l’ONU
La situation en Palestine est ingérable pour les Britanniques qui cherchent de l’aide auprès de l’Organisation des nations unies. L’ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux États indépendants, un juif et un arabe. Jérusalem est placée sous régime international.
14 mai 1948 : Proclamation de l’État d’Israël
Le 14 mai, jour de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l’indépendance de l’État d’Israël dans une déclaration depuis le musée de Tel Aviv, en présence des représentants des mouvements sionistes. Le nouvel État se fonde sur la « loi du Retour », c’est-à-dire que tout juif du monde entier a le droit de s’installer dans le pays. Les Arabes, qui occupent majoritairement le territoire (1,2 million face à 650.000 juifs en 1948), ne supportent pas cet affront. La première guerre israélo-arabe éclate dès le lendemain. Elle aboutit à la création d’une ligne de démarcation entre Israël et la Palestine, en vigueur jusqu’en 1967.
1949 : L’édification de l’État
Une fois cette première guerre terminée, Israël peut enfin se consacrer à mettre en place les structures de l’État tant attendu par le peuple juif. Des élections nationales sont organisées le 25 janvier 1949 (près de 85% des électeurs y participent) et aboutissent à la création de la première Knesset (Parlement) de 120 sièges. David Ben Gourion, qui a mené Israël a l’indépendance, accède au poste de Premier ministre et Chaïm Weizmann, chef de l’Organisation sioniste mondiale, est élu président de l’État par la Knesset. Le 11 mai 1949, Israël devient le 59ème membre de l’Organisation des Nations Unies. Le 14 décembre suivant, la capitale est transférée à Jérusalem.

De nombreux ouvrages relatent cet épisode :
Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle sous forme de BD :

Unorthodox de Deborah Feldman :
« Découvrez Unorthodox, le récit autobiographique de Deborah Feldman, jeune femme juive qui a fui son milieu religieux et qui a inspiré la série NETFLIX du même nom.
Dès qu’elle a senti ce petit être au creux de ses bras, si fragile, Deborah Feldman a su ce qu’elle devait faire. A peine âgée de 19 ans, elle a toujours vécu au sein de la communauté hassidique Satmar. Elle a toujours suivi les principes implacables qui régissent les moindres détails de sa vie : ce qu’elle peut porter, à qui elle peut parler… Tous les principes sauf celui de ne pas lire de littérature. Les moments de lecture volés de son enfance, passés à découvrir les êtres de papier indépendants et fiers de Jane Austen et Louisa May Alcott, lui ont donné envie de découvrir une autre vie, au milieu des gratte-ciel de Manhattan.
Elle sait qu’il est temps d’échapper à son mariage dysfonctionnel avec un homme qu’elle connait à peine, d’abandonner ses responsabilités de bonne fille Satmar et de laisser cours à ses désirs. Indépendamment des obstacles, il est temps, pour elle et son fils, de trouver le chemin du bonheur et de la liberté. »

Le livre et la série sont vraiment assez éloignés. Le livre tourne autour de l’héroïne jusqu’à sa fuite, alors que la série se déroule après sa fuite.

Dans ce récit autobiographique, Déborah Feldman nous explique comment elle a réussi à quitter sa communauté juive orthodoxe. Elle est issue d’un mariage entre un père mentalement attardé et d’une mère juive homosexuelle qui quittera la communauté peu de temps après la naissance de sa fille.

Unorthodox est divisé en deux parties. Dans la première on découvre Déborah dans la communauté avant son mariage. Dans la seconde partie, on y découvre son mariage, son rôle d’épouse, de femme mariée. Déborah sera très vite mariée (17 ans) à un homme qu’elle n’aura quasiment pas vu avant le mariage. Elle essaie de se convaincre qu’elle fera peut-être un mariage d’amour. Mais rien ne fonctionne, sa belle-famille la déteste, son mari ne voit qu’en elle une femme-objet qui est là uniquement pour satisfaire ses envies. A 19 ans, Déborah donnera naissance à un petit garçon Ytzy, c’est à ce moment-là que le déclic se fait. Elle décide que pour le bien de son fils et d’elle-même elle doit quitter cette communauté au plus vite.

En lisant ce livre, on apprend énormément sur leurs us et coutumes. Notamment sur les différentes célébrations avant, pendant et après le mariage. Le témoignage de l’auteure permet donc de comprendre de l’intérieur les motivations et le fonctionnement de la communauté juive orthodoxe.

En plus d’être une autobiographie, ce livre montre une quête de liberté.

Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur :
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… »
Etre rabbin, c’est vivre avec la mort : celle des autres, celle des vôtres. Mais c’est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Savoir raconter ce qui fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l’histoire pour la première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est ma fonction. Je me tiens aux côtés d’hommes et de femmes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »
A travers onze chapitres, Delphine Horvilleur superpose trois dimensions, comme trois fils étroitement tressés : le récit, la réflexion et la confession. Le récit d’ une vie interrompue (célèbre ou anonyme), la manière de donner sens à cette mort à travers telle ou telle exégèse des textes sacrés, et l’évocation d’une blessure intime ou la remémoration d’un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Nous vivons tous avec des fantômes : « Ceux de nos histoires personnelles, familiales ou collectives, ceux des nations qui nous ont vu naître, des cultures qui nous abritent, des histoires qu’on nous a racontées ou tues, et parfois des langues que nous parlons. » Les récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. « Le rôle d’un conteur est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte » et de permettre à chacun de faire la paix avec ses fantômes… »

Deuxième livre proposé : Ceux qui voulaient voir la mer de Clarisse Sabard :
« Lilou, jeune maman célibataire de Marius décide de quitter Paris pour revoir la mer. Elle largue ainsi les amarres à Nice pour panser ses blessures. Au décours d’une balade, elle y rencontre Aurore, une vieille dame qui attend l’amour de sa vie, Albert, censé revenir de New York. Oui mais voilà … Aurore attend chaque après-midi depuis plus de 60 ans. Emue par son histoire, Lilou décide de remuer ciel et terre pour retrouver Albert. Une quête qui est le point de départ de belles rencontres mais aussi de nombreuses révélations intimes.
Dès les premières pages, nous sommes embarqués dans un tourbillon d’époques, de paysages, de vies et d’émotions. Ce roman est un réel voyage dans le temps et dans l’espace, nous passons des années 50 aux années actuelles, traversons l’océan Atlantique pour aller de Nice à New York. L’écriture est de qualité et permet ainsi une lecture fluide et une embarcation immédiate.
Et si le rêve américain auquel les Français rêvaient dans les années 50 cachait en réalité de nombreuses inégalités (racisme, homophobie) ? On perçoit réellement le travail en amont fait par l’auteure pour nous permettre de nous plonger à cette époque avec la description précise de l’environnement et de sa culture.
On pourrait vous parler de chaque personne pendant des heures. Lilou, la jeune femme qui semble à première vue si fragile mais dont on découvre force de caractère au fil du roman (notamment à travers ce qu’elle a vécu enfant). Il y a aussi Aurore, cette vieille dame qui nous rappelle qu’avant la vieillesse, il y a la vie ; une vie marquée par l’Histoire et par l’Amour. Et puis, il y a Albert, le combattant, prêt à tout pour pouvoir clamer son Amour au grand jour même si l’époque interdit le mélange des religions. Mais il y a aussi, Rupert, celui qui vit cacher car son Amour des autres est, soit disant, réprimandable. Enfin, il y a Maisie qui fait partie de ces femmes qui ont décidé de se battre pour leur liberté et tous les autres, Mathias, Cathy, Samuel … Une jolie bande d’amis se forme, de laquelle émane une incroyable solidarité, de la bienveillance et de l’amour.
L’histoire d’Aurore est comme un roman dans un roman. Une mise en abyme très intéressante qui nous permet de suivre deux histoires, au départ indépendantes, et d’assister à la création de liens entre elles.
La beauté de ce roman réside dans la capacité à faire émaner, in fine, des émotions positives, alors que certains passages y décrivent l’horreur. En effet, Clarisse Sabard y aborde des événements tragiques qui font partie de notre Histoire comme la déportation des juifs (la peur de ceux qui restent et la difficile reconstruction de ceux qui rentrent) mais aussi des débuts de vie difficiles, plus communs et toujours d’actualité (famille d’accueil, foyers) et pourtant … on en retient essentiellement les capacités de résilience de la nature humaine. On a envie de sortir, de prendre une bouffée d’air frais et de reprendre notre vie en main. » (Blog de Manon)

Coups de cœur de nos lectrices :
Les Dames de KIMOTO SAWAKO ARIYOSHI :
Elles sont trois, ces dames de la famille Kimoto, avec leurs amours, leurs passions, leurs drames qui nous racontent le destin de la femme japonaise de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui.
Toyono, la grand-mère, incarne la tradition, immuable, ancestrale ; Hana, figure centrale du roman, va se trouver déchirée entre le passé et ses aspirations personnelles avant de devoir affronter la génération montante en la personne de Fumio, sa fille, qui, après de violents conflits, saura prendre des temps anciens et des temps nouveaux ce qu’ils ont de meilleur.
Existe aussi sous forme de BD avec un très beau graphisme :

Un chef- d’oeuvre de la littérature japonaise plein de paradoxes : à la fois beau et cruel, sombre et lumineux, doux et amer !

Encore une BD :
Le facteur pour femmes de Didier Quella-Guyot –Sébastien Morice :
« La Première Guerre mondiale vide une petite île bretonne de ses hommes. Il ne reste plus que les enfants, les vieux et les femmes. Parce qu’il a un pied-bot, Maël n’est pas mobilisé. Il devient le seul homme, jeune et vigoureux, de l’île… bientôt facteur, bientôt amant… » (3 tomes)

Loin à l’Ouest de Delphine COULIN :
« Sans les mauvaises filles, les époques n’avancent pas. Elles sont des pionnières, nécessaires à la marche du monde. »
Loin, à l’Ouest est l’histoire de quatre mauvaises filles. Georges, que sa mère a prénommée ainsi pour qu’elle ait « une vie d’homme », Lucie, sa belle-fille, qu’elle a haïe puis aimée, Solange, sa petite-fille à la beauté singulière, et puis son arrière- petite-fille, Octavie, qui tente aujourd’hui de résoudre le « mystère Georges » à l’aide d’Internet.

On y croise aussi Louise Michel, et Calamity Jane.

« Avec elles, on traverse plus d’un siècle du point de vue des femmes.
Ces femmes gigognes disent quelque chose de l’existence corsetée qu’on a cherché à leur imposer et du goût de l’imaginaire, seul capable de les sauver. Quel est le poids d’un prénom, d’un nom, d’une famille, d’un livre, sur un destin ? Que choisit-on, que réécrit-on ? A-t-on le droit le réinventer sa vie ?
Raconter leur histoire, leur part de vérité et de réinvention, c’est faire un éloge du mensonge, parce qu’il rend la vie plus belle, et que parfois, il préserve de l’oubli. C’est ériger la fiction en reine, parce qu’elle permet à chacun de faire le récit de sa vie.
Ce livre, cette saga, est avant tout une célébration de l’imaginaire. »
Née à Lorient en 1972, après des études de lettres et Sciences Po, tout en travaillant pour la télévision, elle a réalisé des courts-métrages de cinéma qui ont obtenu de nombreux prix, de Cannes à Los Angeles, en passant par le prestigieux Prix de la Critique Française (Souffle, 2001). Ces films lui ont permis d’affirmer un univers très personnel, où le cycle de la vie est un apprentissage cruel, où l’éphémère n’est qu’un maillon de l’éternité.
Les Traces est son premier roman.

Avec sa sœur Muriel, elle réalise « 17 filles » en 2011.

Deux Coréennes de Jihyun Park Seh-Lynn : Souvenir d’un pays d’où on ne peut s’échapper.
« Deux Coréennes est l’histoire d’une Nord-Coréenne racontée par une Sud-Coréenne. Le récit de l’enfance, de l’éducation, de l’emprisonnement puis de la fuite de l’une (Jihyun) se mêle au sentiment de culpabilité de l’autre (Seh-Lynn).
Après une enfance plutôt heureuse, la vie de Jihyun s’écroule.
Une partie de sa famille est emportée par la famine avant que son jeune frère ne meure sous les balles parce qu’il a tenté de fuir en Chine. Elle-même a été vendue à un Chinois. De cette union naît un garçon. Trahie puis rapatriée en Corée du Nord où elle est enfermée six mois dans un camp, elle arrive à s’échapper à nouveau et retrouve son fils. À travers la Chine et la Mongolie, elle arrive à gagner la Corée du Sud. »

Les orphelins de Bessora :
« C’est un fait historique recouvert par l’oubli ou la honte (même s’il a fait l’objet en 2011 d’un très beau documentaire, diffusé sur Arte, de la cinéaste Regine Dura). Le 8 septembre 1948, un paquebot jette l’ancre en Afrique du Sud dans le port du Cap. En descendent quatre-vingt-trois enfants allemands, tous orphelins, garçons et filles âgés de 2 à 14 ans. Certifiés parfaitement aryens, sans sang juif, polonais ou autres, protestants, ils ont été choisis par une organisation locale, la Dietse Kinderfonds, pour être adoptés par des familles blanches sud-africaines dans le but de renforcer par leur seule présence l’apartheid qui vient d’être mis en place. Pureté de la race, pureté idéologique, ils sont comme un « complément » exilé au projet nazi dont leurs vrais parents sont morts et auquel souscrit pour l’essentiel le nouveau régime de Johannesburg.
Cet « ici » et cet « ailleurs », ces fuyantes identités constituent l’essentiel des thèmes et surtout du climat de toute l’œuvre de la romancière franco-helvéto-gabonaise Bessora. Née quelque part, c’est toujours de ces frontières mouvantes qu’elle écrit. Peut-être ne l’a-t-elle jamais aussi bien fait, en tout cas de manière aussi romanesque et accomplie, que dans ce nouveau livre, Les orphelins, qui signe son arrivée sous la bannière des éditions Lattès, sorte de vaste fresque intimiste née de la terrible et nécessairement tragique histoire de ces enfants allemands devenus pour la « bonne » cause afrikaners.
Ce serait donc l’histoire de deux d’entre eux. Wolf et Barbara. Ils sont jumeaux, nés en 1940, leur père est tombé sur le front russe ; de leur mère, ils ne savent rien. À leur arrivée en Afrique du Sud, ils sont adoptés par une riche famille de propriétaires terriens composée de la mère, Michèle, une femme confite en dévotion et stérile à tous points de vue, du père, Lothar, un entrepreneur dont la lâcheté n’a d’égale que son indifférence profonde à tout ce qui l’entoure, et aussi du grand-père, Jacob, propriétaire du domaine, figure tutélaire de sa communauté pour qui « Noirs » et « communistes » sont deux mots synonymes… C’est peu dire que pour les deux gamins le dépaysement est rude et bientôt la souffrance, terrible. Mais autant Wolf n’aura de cesse de retourner vers ses origines, de fuir cet « antre du diable », autant Barbara, même si son malaise n’est pas moins fort, essaiera (sans grand succès) de s’en accommoder. Les années passeront, il y aura des fugues, des fuites, des amitiés interdites et finalement, toujours, l’ombre de secrets enfouis et celle de la mort présente partout.
Bessora mène ici son affaire romanesque de main de maître. Elle fait sentir avec une infinie compassion et la colère qui l’accompagne toute cette tragédie d’exils successifs, d’un bout à l’autre du monde, d’un bout à l’autre de soi. Peut-être parce qu’au fond, il n’est de vérité dans le cœur des hommes que romanesque… (Livre Hebdo) »

Et un petit policier pour finir notre rencontre :
Le carré des Indigents d’Hugues Pagan :
« Dans «Le Carré des indigents, nous retrouvons l’inspecteur principal Claude Schneider, protagoniste récurrent des romans d’Hugues Pagan. Nous sommes dans les années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l’accession de Giscard au pouvoir. Schneider est un jeune officier de police judiciaire, il a travaillé à Paris et vient d’être muté dans une ville moyenne de l’est de la France, une ville qu’il connaît bien. Dès sa prise de fonctions, un père éploré vient signaler la disparition de sa fille Betty, une adolescente sérieuse et sans histoires. Elle revenait de la bibliothèque sur son Solex, elle n’est jamais rentrée. Schneider a déjà l’intuition qu’elle est morte. De fait le cadavre de la jeune fille est retrouvé peu après, atrocement mutilé au niveau de la gorge. »
A ne pas oublier le livre de KEN FOLLET : Pour rien au Monde déjà cité précédemment dans nos comptes rendus et qui suscite toujours un vif intérêt.

Passons maintenant aux choses sérieuses : les devoirs de vacances ….

Quel livre choisir …..
Le choix s’est porté sur : LE PARFUM DE L’HELLEBORE DE CATHY BONIDAN
« Anne a été envoyée à Paris pour travailler dans le centre psychiatrique que dirige son oncle. Au début des années soixante, les traitements en sont encore à leurs balbutiements. Anne observe le comportement étrange d’un jeune garçon de 11 ans, Gilles, que tout le monde surnomme « le débile ». Elle envoie ses impressions à sa meilleure amie au travers de lettres clandestines. Pourquoi leur correspondance est-elle interdite ? Et pourquoi Anne a-t-elle été forcée de s’éloigner des siens ?
Au centre, elle fait la rencontre d’une jeune anorexique, Béatrice, avec qui elle se lie d’amitié. Ensemble, elles remarquent ce que tout le monde semble ignorer : auprès du jardinier de l’hôpital, Gilles, qui est en réalité atteint d’autisme, cesse ses crises. Il prononce même ses premiers mots. Mais le monde psychiatrique en décidera autrement.
Des années plus tard, Sophie, étudiante en psychologie, tombe sur le journal de Béatrice et n’aura de cesse que de comprendre ce qui est arrivé à chacun. Pourquoi le journal de Béatrice s’arrête-t-il brutalement l’été de ses quatorze ans ? Qu’est devenu Gilles ? Anne et le jardinier parviendront-ils à sauver les deux enfants ? »

Nous vous souhaitons à toutes de Bonnes Vacances et de Joyeuses Fêtes de Pâques, profitez bien de vos familles et vos amis prenez soin de vous toutes,

A BIENTOT au 28 AVRIL 2022

Catherine et Evelyne