Aujourd’hui le livre du jour était :

 

L’Art de perdre d’Alice Zeniter : 

 

 

 

Très bonne impression pour cet ouvrage d’Alice Zeniter qui a remporté le Goncourt des lycéens. Ce roman sur l’exil raconte le parcours, sur trois générations, d’une famille kabyle de la guerre d’Algérie à nos jours.

Faire taire le silence. Mettre à bas les préjugés sur les harkis, avec «  l’Art de perdre », Alice Zeniter brise les non-dits qui entourent la guerre d’Algérie dans cette épopée familiale.

L’écrivaine,  née à Alençon d’une mère normande et d’un père lui-même fils de harki, aurait pu écrire ce livre à la première personne. « Cela faisait quelques années que je me disais qu’un jour, je creuserais ce silence dont j’avais hérité et qui faisait que je ne savais pas pourquoi ma famille était arrivée d’Algérie en 62 ». confiait l’auteur sur France 24.

C’est aussi une histoire sur la transmission. Le fils aîné d’Ali, Hamid, qui voit son père, ancien notable respecté de son village, réduit aux tâches répétitives et harassantes qu’impose l’usine, diminué dans un appartement exigu, fait table rase du passé. De sa Kabylie natale et de sa fuite vers la France, il ne racontera rien à ses enfants. C’est pourtant Naïma, la petite fille de harki et galériste parisienne branchée, qui enquête sur ses origines algériennes. Elle fait resurgir l’histoire familiale du passé. « Plus que la question des harkis, le livre questionne sur ce qui se transmet d’une génération à l’autre. »

On retrouve dans l’ouvrage le poème «  L’ART d’Elisabeth Bishop » auquel le roman emprunte son titre. C’est un poème répétitif en 19 vers, dans lequel la poétesse américaine médite sur la perte de ceux qu’elle aime. Il commence par des pertes anodines, avant d’aborder les déchirures plus douloureuses de la perte d’un pays ou d’un être aimé. Il évoque aussi à la fois le déracinement et le deuil.

« J’ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes, des royaumes que j’avais, deux rivières, tout un pays. Ils me manquent, mais il n’y eut pas là de désastre ».

« Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste que j’aime) je n’aurai pas menti. A l’évidence, oui, dans l’art de perdre il n’est pas trop dur d’être maître même si il y a là comme (écris-le !) comme un désastre »

Elisabeth Bishop (1911-1979)

Coup de nos lectrices :

 

Pensées en chemin – ma France, des Ardennes au pays Basque d’Axel Kahn :

Axel Kahn marcheur ? On le savait généticien, médecin humaniste. On le découvre ici randonneur de haut niveau, capable d’avaler deux mille kilomètres en parcourant « sa » France, de la frontière belge dans les Ardennes à la frontière espagnole sur la côte atlantique, au Pays Basque. Itinéraire buissonnier qui le conduit de la vallée de la Meuse à Saint-Jean-de-Luz en passant par Vézelay, le Morvan, la Haute-Loire, les Causses et le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce livre est tout à la fois un carnet de voyage drôle et rêveur, une sorte de manuel d’histoire, où remontent à notre mémoire quelques lieux historiques, ainsi qu’une réflexion sur l’état de notre pays, la désertification de beaucoup de régions, la pauvreté de certaines, les effets ravageurs de la mondialisation. C’est aussi l’occasion de rencontrer des hommes et des femmes qui racontent chacun un bout de la France d’aujourd’hui, celle dont on n’entend jamais parler.

 

Danser encore de Julie de Lestrange :

« Alexandre, Marco et Sophie connaissent une amitié de trente ans et autant d’amour, de blessures, de déceptions et de joies. Désormais adultes, confrontés au poids du quotidien et des responsabilités, à l’existence et ses tourments, sonne l’heure de faire des choix.

Mais qu’advient-il dès lors qu’il n’y a plus de guide?

Que reste-t-il des certitudes lorsque le sort frappe au hasard?

Juste un vertige, profond et déroutant, des liens indéfectibles, et parfois comme la nécessité de respirer, le besoin de danser et celui de s’aimer.

Découvrez la bande de copains drôles et attachants qui a fait le succès de Hier encore, c’était l’été, et plongez dans une magnifique histoire d’amour, un hymne à l’entraide, qui fait la part belle à la vie et à notre humanité. »

 

Mala Vida d’Enrico Fernandez :

 

« De nos jours en Espagne. La droite dure vient de remporter les élections après douze ans de pouvoir socialiste. Une majorité absolue pour les nostalgiques de Franco, dans un pays à la mémoire courte. Au milieu de ce renversement, une série de meurtre est perpétrée, de Madrid à Barcelone en passant par Valence. Les victimes : un homme politique, un notaire, un médecin, un banquier et une religieuse. Rien ne semble apparemment relier ces crimes … Sur fond de crise économique, mais aussi de retour à un certain ordre moral, un journaliste radio spécialisé en affaires criminelles, Diego Martin, tente de garder la tête hors de l’eau malgré la purge médiatique. Lorsqu’il s’intéresse au premier meurtre, il ne se doute pas que son enquête va le mener bien plus loin qu’un simple fait divers, au plus près d’un scandale national qui perdure depuis des années, celui dit des « bébés volés » de la dictature franquiste.

Quand un spécialiste du polar mêle petite et grande histoire sur fond de vendetta, le résultat détonne et secoue. Marc Fernandez signe ici un récit sombre et haletant qui nous dévoile les secrets les plus honteux de l’ère Franco, dont les stigmates sont encore visibles aujourd’hui. Un premier roman noir qui se lit comme un règlement de comptes avec la côté le plus obscur de l’Espagne. »

 

 

Les rêveurs d’Isabelle Carré :

« Quand l’enfance a  pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture. »

 

Les gratitudes de Delphine de Vigan :

 

« Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un mot. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui.

«  Les confidences.
Et la peur de mourir.
Cela fait partie de mon métier. »

Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c’est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas. »

Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre. »

La punition qu’elle mérite d’Elizabeth George :

 

« Elizabeth George revient avec le vingtième Lynley… God save the queen du crime !
Ludlow, bucolique bourgade du Shropshire, tombe dans l’effroi lorsque le très apprécié diacre
Ian Druitt est accusé de pédophilie. Placé en garde à vue, le suspect est retrouvé mort, pendu.
La commissaire Isabelle Ardery, qui a été dépêchée sur les lieux depuis Londres et qui se débat
avec ses problèmes d’alcool, a bien envie de classer l’affaire en suicide. Mais c’est sans compter
la sagacité du sergent Barbara Havers. Coachée à distance par l’inspecteur Thomas Lynley, la Londonienne gaffeuse et accro à la nicotine flaire le pot aux roses : et s’il ne s’agissait pas d’un suicide ? N’en déplaise à Isabelle Ardery, Lynley et Havers vont reformer leur duo de choc pour observer de plus près la vie de cette petite ville qui semblait si paisible. Car, derrière leurs allures de gentils retraités ou d’étudiants fêtards, les habitants de Ludlow ont tous quelque chose à cacher…

La plus british des romancières américaines revient en force avec ce vingtième opus des enquêtes de Thomas Lynley, encore plus complexe, addictif et incisif que les précédents. Un bijou de suspense à placer entre les mains des fidèles comme des néophytes. »

 

Olga de Bernhard Schlink :

 

« L’est de l’empire allemand à la fin du XIXe siècle. Olga est orpheline et vit chez sa grand-mère, dans un village coupé de toute modernité. Herbert est le fils d’un riche industriel et habite la maison de maître. Tandis qu’elle se bat pour devenir enseignante, lui rêve d’aventures et d’exploits pour la patrie. Amis d’enfance, puis amants, ils vivent leur idylle malgré l’opposition de la famille du jeune Herbert et ses voyages lointains. Quand il entreprend une expédition en Arctique, Olga reste toutefois sans nouvelles.
La Première Guerre mondiale éclate, puis la Deuxième. À la fin de sa vie, Olga raconte son histoire à un jeune homme qui lui est proche comme un fils. Mais ce n’est que bien plus tard que celui-ci, lui-même âgé, va découvrir la vérité sur cette femme d’apparence si modeste.

Bernhard Schlink nous livre le récit tout en sensibilité d’un destin féminin marqué par son temps. À travers les décennies et les continents, il nous entraîne dans les péripéties d’un amour confronté aux rêves de grandeur d’une nation. »

 

Nos Richesses de Kaouther Adimi :

 

« Nos richesses est le 3ème roman de l’auteure. La jeune romancière de 31 ans y fait le récit des aventures d’Edmond Charlot, qui ouvrit dans les années 30 une librairie à Alger, où il côtoya et édita les plus grands romanciers de son temps. « Nos richesses » est un roman d’aventures, un hymne à la littérature et une plongée très concrète dans l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui. »

On tourne les pages et l’on marche aujourd’hui dans les rue d’Alger avec Ryad 20 ans. Le jeune homme est étudiant à Paris et il est à Alger pour vider et repeindre la librairie, depuis transformée par l’état en bibliothèque, désormais à l’abandon. Contrairement à Edmond, Ryad n’a aucun intérêt pour les livres et compte s’acquitter de sa tâche au plus vite pour retrouver Claire, son amoureuse, à Paris. Mais le vieil Abdallah, gardien du « temple » depuis les premiers jours de la librairie, est là, qui veille sur la mémoire des lieux … »

 

Autres coups de cœur de nos lectrices déjà évoqués dans les comptes rendus précédents :

Le gang des rêves de Luca Di Fulvio

L’archipel d’une autre vie d’Andreï Makine

Poste restante à Locmaria de Lorraine Fouchet

Ma part de Gaulois de Magyd Terfi

 

N’oubliez pas notre prochaine rencontre le 23 MAI 2019 avec le VOTE pour le PRIX du livre AVF SILLAGE.

 

Bonnes lectures à toutes.

 

 

Catherine, Evelyne, Patricia