Aujourd’hui c’est le jour des coups de cœur ou autres, le moment de nous faire partager tous les livres que vous avez dévorés …… ou non.
TROIS de Valérie PERRIN :
« 1986. Ils sont trois. Ils s’appellent Adrien Bobin, Nina Beau et Antoine Beaulieu. Ils se sont choisis, sans même prononcer un mot, juste en se prenant la main. Adrien à droite, Nina au milieu, Antoine à gauche. A partir de ce premier jour de leur rentrée en CM2 ces trois-là ne feront plus qu’un. Ils scelleront une amitié indéfectible, une amitié à la vie/à la mort.
2017. Une voiture est découverte au fond d’un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l’événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires qui unissent ces trois amis d’enfance. Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d’amitié ? Cette découverte va faire ressurgir les fantômes du passé. Revivre les questions, les peurs, les doutes.
Le roman de Valérie Perrin s’articule autour de flash-back. Entre passé et présent, l’histoire est distillée avec maestria. A chaque chapitre, un nouveau rebondissement nous amène à cerner les personnages avec de plus en plus de précision. La narration est d’une maîtrise absolue, le tempo digne d’un mécanisme d’horlogerie, d’une précision extrême. Le tout est rythmé par une bande son émouvante : les débuts d’Indochine, la voix de Kurt Cobain, Enzo-Enzo, Cabrel, Les Cranberries, The Cure, mais aussi les chansons écrites par le groupe rock formé par ce trio, et chantées par Nina. Les odeurs ont aussi une grande place dans l’histoire : celle du chlore de la piscine, de la craie sur le tableau noir, de l’herbe coupée, du réconfortant chocolat chaud, de la mer enfin.
Avec Trois, Valérie Perrin nous fait traverser trois décennies avec pudeur et délicatesse. Elle nous parle de l’amour, de la mort, de la sexualité, de l’avortement, de la maladie, et de l’amitié, bien sûr. Les mots sont percutants, les portraits des personnages sont précis, elle nous raconte également les choix de vie, les projets qui se concrétisent ou pas, le poids des secrets, leurs conséquences dévastatrices, les joies sans pareilles causées par l’amitié vraie mais aussi les chagrins nés de l’amour ou de la trahison. »
Pour ce troisième roman, Valérie Perrin a adopté un style très différent : des phrases courtes, parfois sans verbe, qui donnent un rythme haché et incisif à l’histoire. Tout est décortiqué, expliqué, au fil des pages, avec une infinie tendresse et bienveillance. C’est un roman puzzle, un roman sur l’enfance, l’adolescence, la vie d’adulte, un roman bouleversant sur les serments et la fidélité, une intrigue poignante cachée par du Blanc d’Espagne. » (La Provence)
AZADI de Saïdeh PAKRAVAN :
« Saïdeh est née en Iran mais partage sa vie entre Paris et Washington depuis les années 80. Exilée et opposée au régime de Téhéran depuis la chute du Shah, elle lutte contre le régime de la République islamique, en devenant notamment rédactrice en chef de la revue Chanteh. Passionnée de littérature, de langue maternelle française, elle publie aujourd’hui son premier roman en France.
Inspirée d’une réalité historique récente, les élections truquées de juin 2009, l’histoire qu’elle raconte, sous forme chorale, plonge le lecteur, dès les premières pages, dans une ambiance inhabituelle (imprégnée de nombreux mots persans),  à la fois bouillonnante et exaltée mais aussi pesante et liberticide ; à l’image d’une jeunesse iranienne qui rêve d’émancipation et d’Occident, audacieuse et courageuse sans être entièrement révoltée encore, bercée d’illusions et d’espoir, prête à croire les nouveaux candidats d’ouverture qui s’opposent à Ahmadinejad. Une jeunesse qui rêve de changement et de victoire.
Raha, jeune étudiante en architecture, issue d’une famille aisée et ouverte et Kian, son jeune fiancé, fils de chirurgienne, n’ont pas connu les révolutions de leurs parents mais aspirent  ensemble, avec leurs amis, au renouveau et à la liberté.
Ils revendiquent le droit de se donner la main en public, de se promener en couple sans être marié, de nager ensemble à la piscine, d’avoir un accès libre à internet, de ne plus se cacher pour regarder un film américain ou boire de l’alcool ;  pour les filles, de ne plus être obligée de porter le foulard, de mettre des robes et de voir disparaître enfin la police du code vestimentaire.
Aussi lorsqu’Ahmadinejad est réélu, leur colère et leur déception, leurs frustrations, sourdes jusqu’ici, explosent à travers des manifestations incroyables dans les rues de Téhéran. La répression ne se fait pas attendre, la police anti-émeute, les Bassidji contiennent les foules de plus en plus férocement et Raha sait qu’elle risque chaque jour un peu plus sa vie en descendant dans les rues.
Sa rencontre avec Hossein, jeune gardien de  la Révolution, bienveillant à son égard n’empêchera pas la tragédie. Malmenée puis arrêtée, elle va devenir la victime innocente et violemment meurtrie d’un régime autoritaire et phallocrate mais, sa résistance, son obstination face au régime sauront la préserver de l’anéantissement.
Un destin de femme noble et éblouissant qui progresse lentement, monte doucement en tension, s’agite au fur et à mesure que les manifestations progressent et rend compte avec habileté et justesse des états d’âme de cette jeunesse iranienne. Le lecteur perçoit une naïveté, des rêves non encore bafoués, saisit tous les événements qui se produisent à travers des regards innocents et se sent préservé, un moment, de l’horreur qui se dessine. Il est au cœur de cette jeunesse. » (Actualitté)
L’ENFANT REPARE de Grégoire DELACOURT :
« Le jour où j’ai appris que j’étais une victime, je me suis senti vivant. »
On a souvent dit de ses romans qu’ils faisaient du bien. Lui-même a toujours su qu’il écrivait « parce que cela répare ». Que réparait Grégoire Delacourt ? Qui était son père, de plus en plus absent ? Sa mère, qui l’éloignait chaque jour davantage ?
Histoire d’une famille où l’on porte le déni comme une armure, L’Enfant réparé offre un éclairage unique sur le parcours d’un grand écrivain. Il dit l’écriture comme seule échappatoire, permettant d’abord de fuir avant de dessiner, pas à pas, un chemin vers la faille originelle.
Au plus juste des mots, l’auteur nous offre ici un récit littéraire d’une lucidité exceptionnelle. »
« Grégoire Delacourt nous offre un livre qui nous fait partager autant de sa maturation et de son parcours d’écrivain, que des complexités d’un secret familial, celui d’une enfance abusée.
L’enfant est un enfant singulier, et tant d’autres à la fois…
Le paysage familial est celui d’une mère repoussant toujours plus loin l’un de ses fils, d’un père aux présences énigmatiques et rares, d’un frère surgissant par la violence comme d’un cauchemar éveillé… La maison est bourgeoise, sa « propreté dissimule le chagrin », et le dernier étage empeste les vapeurs de trichloréthylène, pour des raisons que nous devinons peu à peu.
L’écrivain ? L’auteur écrit : « Je suis un écrivain du hasard. Une bousculade. C’est la faim qui m’a poussé à écrire ». L’auteur raconte comment il a fui cette maison familiale, puis encore les bancs de la faculté de droit, dans une « période d’amour, d’euphorie et toujours de faim ». Il tente plusieurs gagne-pains… Il aurait même volontiers travaillé dans le grand magasin de son père, mais sa demande fut essuyée d’un rejet : une « ultime humiliation ».
On découvre peu à peu comment l’écriture donne des contours et une construction narrative, là où le trauma a effacé l’histoire. Le roman, personnel et familial, se tisse peu à peu entre histoire d’enfant et destin d’écrivain.
Gregoire Delacourt nous offre un livre « vrai », épuré, des pages d’une pudeur remarquable. L’auteur témoigne des bribes d’histoire que l’amnésie traumatique a laissées visibles au travers d’un mur de silence et de tabou. Il reconstruit le ‘puzzle’, mais remanie peu à peu aussi le regard porté sur lui-même, ses parents, et notamment sa mère. Elle l’a repoussé, mais elle l’a ainsi protégé.
Il gagne sur le terrain de sa honte, et il sait maintenant qu’elle l’a aimé… » (Les liseuses de Bordeaux)
REGARDEZ NOUS DANSER de LEILA SLIMANI : (Le pays des autres – Tome 2)
« Leïla Slimani, lauréate du prix Goncourt en 2016 avec Chanson douce publie dans cette rentrée littéraire d’hiver Regardez-nous danser (Gallimard), le deuxième volet de sa saga familiale Le pays des autres. On y retrouve Amine, Mathilde, Aïcha, Selma, Omar, Mourad… et les autres, de 1968 à 1972, dans un Maroc pris entre son désir d’émancipation, la rigidité du pouvoir royal et un monde en pleine révolution sociétale. En librairie le 3 février.
L’histoire : à la fin de La guerre, la guerre, la guerre, premier volet du Pays des autres, on avait quitté Mathilde et Amine, couple formé par un Marocain et une Alsacienne, dans un pays à feu et à sang, en pleine insurrection. On les retrouve en avril 1968. Le Maroc a retrouvé son calme, et son indépendance. A force de travail et de ténacité, Amine a transformé les terres arides héritées de son père en exploitation agricole moderne et prospère. Le couple se mêle à la bourgeoisie locale, où se côtoient riches Marocains et riches Français restés après l’indépendance.
Quand s’ouvre ce nouveau chapitre, Mathilde observe les tractopelles retourner son jardin. Elle aura bientôt la piscine dont elle rêve. Sa fille Aïcha, toujours brillante, toujours sauvage, est partie à Strasbourg faire des études de médecine, pendant que son petit frère, Selim choyé par sa mère, finit tant bien que mal le lycée. La belle Selma, sœur d’Amine, a bien du mal à élever son enfant au côté de Mourad, le mari qu’Amine lui a imposé. Omar, le frère d’Amine, engagé auprès de nationalistes avant l’indépendance, est désormais au service du pouvoir pour traquer les ennemis du roi…
Dans ce deuxième volet, Leïla Slimani balaie un nouveau pan de l’histoire du Maroc, qu’elle nous raconte à travers les trajectoires des membres de la famille Belhaj, inspirée par la sienne. Avec subtilité et beaucoup de souffle, la romancière peint les ambiguïtés d’une classe privilégiée marocaine, qui côtoie les Français sur un apparent pied d’égalité, mais où s’exprime toujours, de manière sournoise, le mépris des anciens colons pour ceux qu’ils continuent à appeler (par inadvertance devant les intéressés) les « bicots ».
Une bourgeoisie faisant la fête dans des villas jouxtant les quartiers miséreux d’un pays naviguant à deux vitesses. Un pays enfin, qui dirigé d’une main de fer par le pouvoir royal, peine à trouver sa propre voie après plusieurs décennies de protectorat. Des frémissements se font pourtant sentir, mais l’élan est souvent brisé : insurrections étudiantes réprimées dans le sang, tentatives d’assassinat du roi, que le monarque règle en exécutant les militaires fautifs en public, et en direct à la télévision.
Des échos de la révolution de mai 68 se font néanmoins entendre jusqu’à ce pays aux traditions ancestrales bien ancrées. Un vent de liberté se met à y souffler discrètement, exprimé par la présence de professeurs éclairés, ou plus pittoresquement par l’installation de colonies de hippies dans les rues.
Leïla Slimani creuse et peaufine ses personnages, nous faisant partager les sentiments qui les traversent.
La romancière dessine la difficile émancipation des femmes dans un pays marqué par le patriarcat, et la lenteur du changement, freiné par des coutumes fortement ancrées et l’autoritarisme du pouvoir royal. Cet ample récit est déployé d’une plume assurée, carrée, sans fioritures, avec des phrases courtes, portées par des images marquantes, sensuelles. L’écriture de Leïla Slimani nous plonge aussi bien dans l’atmosphère d’une époque que dans les sentiments des protagonistes de cette passionnante fresque familiale, historique, romanesque ». (Culturebox)
LA RITOURNELLE D’AURELIE VALOGNES :
« Dans certaines familles, les repas de fêtes se suivent et se ressemblent : mêmes plats, mêmes convives, mêmes discussions. Sauf cette année. Il suffit d’un rien pour que les bonnes manières volent en éclat : non-dits, vieilles rancunes et mauvaise foi vont transformer le dîner de fête en un règlement de compte en bonne et due forme. Et si les repas de famille étaient enfin l’occasion de se dire les choses ?
Des dialogues enlevés, des personnages hauts en couleur, un roman drôle et jouissif ! Avec son talent unique pour saisir le vrai dans les relations familiales, Aurélie Valognes nous plonge dans une famille joyeusement dysfonctionnelle, qui ressemble étonnamment à la nôtre. »
CELLE QUE JE SUIS de CLAIRE NORTON :
« Avec Celle que je suis, Claire Norton signe un roman sur les violences conjugales qui vous prend rapidement aux tripes.
Avec beaucoup d’intelligence, elle a choisi de nous parler d’un couple qui, en apparence, semble parfaitement inséré dans la société. Deux personnes éduquées, réfléchies, loin d’être stupides et surtout, capables de faire mentir le cliché répandu disant que la violence conjugale affecte un certain type de profil : des gens un peu « simples d’esprit », qui en viennent vite aux mains parce qu’ils ne sont pas assez intelligents pour utiliser la parole.
Claire Norton s’inscrit dans une autre perspective : celle qui révèle que cette forme de violence est bien plus insidieuse, qu’elle se cache en réalité dans toutes les couches de la société, y compris dans celles où tout semble aller bien. Qu’elle n’est pas affaire d’intelligence. Une femme comme Valentine, jeune, jolie, cultivée, qui travaille à temps partiel en librairie, peut être une victime. Un homme comme Daniel, directeur commercial brillant, peut être un bourreau.
La violence peut se jouer sous le regard de tous, sans être vue de personne, parce que Monsieur a des talents de charmeur innés pour lever tout soupçon. Parce que Madame sait manier le maquillage couvrant, chausser de grosses lunettes de soleil pour dissimuler ses yeux au beurre noir ou orner son cou plein d’hématomes d’un joli foulard qui fait diversion.
Il y a ceux qui voient tout en refusant de voir, ceux qui entendent tout en doutant de ce qu’ils ont entendu, ceux qui n’osent pas intervenir par peur de s’impliquer.
Le roman de Claire Norton capture tout cela, cette indifférence travaillée des voisins qui entendent les disputes, les assiettes cassées et les cris provenant de l’appartement de Valentine et Daniel mais qui ne disent rien, manifestant juste une gêne appuyée quand ils la croisent.
L’appartement devient une cage, théâtre d’un huis clos angoissant où les jalousies de Daniel occupent toute la scène, envahissant l’espace et capturant l’oxygène disponible au point de rendre l’atmosphère étouffante.
Valentine s’est emmurée dans cette routine délétère, apeurée et vidée de sa capacité à lutter tant la relation d’emprise est forte… Déchirée entre l’envie de ne pas priver son fils Nathan d’un papa… et une crainte pour sa propre intégrité physique.
Jusqu’au jour où un couple assez âgé emménage sur le même palier. Guy, le mari, est un homme discret et charmant. Son épouse, Suzette, est lumineuse, généreuse, et manifeste très vite le désir d’ouvrir sa porte à Valentine. Sent elle que cette femme porte en elle un secret qui l’étrangle un peu plus chaque jour ?
En tant que lecteur, on plonge dans les angoisses de Valentine à ses côtés : la nécessité de « bien faire », tout le temps, d’anticiper tout ce que veut Daniel, sans même savoir ce que veut Daniel car ses humeurs sont changeantes. Les jalousies, les privations de liberté qu’il inflige à sa femme, le sentiment que tout peut basculer à tout moment, l’impuissance, la perspective de ne pas savoir où aller tant on a été coupé du monde, les brefs moments où Daniel redevient charmant et la fait culpabiliser du mal qu’elle a pensé de lui.
C’est bien écrit, poignant, réaliste, souvent tragique mais à juste titre, parce que ça doit l’être, parce que la violence conjugale a beau inspirer des romans, elle ne sera jamais poétique ou divertissante. On découvre Valentine non comme une victime mais comme une femme, une mère, avec son histoire de vie, ses rêves, ses fêlures, tout ce qui lui donne de l’épaisseur et nous donne envie de nous préoccuper de son destin. » (blog Allée des curiosités ».
GLEN AFFRIC de Karine GIEBEL :
« Ça ne va vraiment pas bien dans la vie de Léonard, un adolescent qui souffre d’un retard intellectuel et qui se fait intimider sans relâche à l’école. Il n’a qu’un espoir, aller retrouver son frère aîné à Glen Affric, en Écosse.
Mais voilà, au fil des pages, la situation ne s’améliore pas. Léonard n’en finit pas de sombrer dans la misère humaine, comme chacun des autres membres de sa famille. Il y a beaucoup d’amour entre eux, mais l’atmosphère demeure lourde, désespérante.
Glen Affric est un thriller psychologique qui dépeint cette descente aux enfers tout en cherchant, en filigrane, à résoudre un double meurtre commis il y a 16 ans. Mais le suspense, ici, c’est surtout de savoir si les choses vont finir par s’améliorer ou si ça va être la petite misère jusqu’à la fin.
L’auteure française Karine Giebel ne fait pas dans la demi-mesure. Quand ça va mal, ça va mal. On peut admirer cette volonté de montrer sans complaisance la cruauté humaine. On peut apprécier cette peinture grinçante d’un milieu villageois mesquin. On peut aimer ce portrait de personnages qui résistent tant bien que mal au désespoir en s’entraidant. On peut aussi considérer qu’en temps de pandémie, on a besoin de quelque chose qui soit un peu moins démoralisant ». (La Presse)
LES AEROSTATS D’Amélie NOTOMB :
« La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir. »
Dans ce nouveau livre, la romancière se raconte à travers le personnage d’une étudiante bruxelloise. Les aérostats sont des aéronefs dont la sustentation est due à un gaz plus léger que l’air. Elle nous emmène pour la première fois dans son pays natal. Ange, 19 ans « mène une vie assez banale » et étudie la philologie. Après avoir répondu à une petite annonce, elle donne des cours de littérature à Pie, un lycéen de 16 ans dyslexique. La romancière souhaitait avec cette rencontre explorer comment deux « très jeunes gens, qui sont chacun à leur manière, très emprisonnés » peuvent s’aider à avancer. « Ange c’est moi à 19 ans » avoue Amélie Nothomb, qui confie avoir également été, au même âge, « terriblement sérieuse » comme son héroïne. « Elle a beaucoup de points communs avec moi » insiste-t-elle, en pointant notamment les études et les difficultés de la jeune femme à rencontrer des amis. »
AU CŒUR DE LA PRISON DES FEMMES de Marie -Annick HOREL :
« Jamais l’univers carcéral féminin n’avait été dévoilé de si près. Surveillante au Centre pénitentiaire de Rennes, le seul en France exclusivement réservé aux femmes, Marie-Annick Horel nous raconte 37 années de terrain, la confrontation avec la violence permanente mais aussi son immense fierté d’exercer un métier qu’elle juge pourtant être une « zone d’ombre de la République ». A 21 ans, Marie-Annick Horel est une jeune recrue qui découvre l’univers de la prison et veut se rendre utile. Son goût du contact, elle le cultivera toute sa carrière, cherchant à instaurer des relations plus humaines avec les détenues. Qu’elles soient mères infanticides, braqueuses, tueuses ou trafiquantes, elle ne les juge pas. Toujours à leur écoute, Marie-Annick Horel a voulu témoigner du désespoir et de la solitude de ces longues peines « qui ne se pardonnent jamais » mais aussi de la drogue, des trafics, de l’ultraviolence du quotidien carcéral et des quelques moments de joie. Elle dessine des portraits poignants : de rares femmes parviennent à s’en sortir, d’autres récidivent ou désespèrent… Avec sa parole franche et vraie, Marie-Annick Horel livre un témoignage inédit sur la réalité d’un métier dévalorisé, encore tabou, exposé à la gestion de crise continue. Elle dénonce le manque de moyens et de formation d’une profession invisible et fait des propositions pour améliorer la réinsertion des condamnées. » (Actualitté)
LES PETITS PERSONNAGES DE Marie SIZUN :
« Les petits personnages, figures quasi anonymes, qui donnent vie à ce recueil sont ceux que l’on voit dans un tableau dont l’objet principal est un paysage. Marie Sizun décide de leur insuffler un nouveau souffle de vie, leur inventant à chacun une histoire, des sentiments, des regrets ou des espoirs, bref, d’en faire les personnages principaux de ces trente-trois nouvelles.
Les petits personnages qui donnent vie à ce recueil de nouvelles (ou de courts textes) sont ceux que l’on voit, minuscules, secondaires, presque inutiles, dans un tableau dont l’objet principal est un paysage. Figures quasi anonymes dont la présence ne se justifie que par le désir du peintre de donner vie à un décor figé ou d’exprimer le contraste entre leur petitesse et la vastitude du lieu où ils se trouvent. Marie Sizun décide de leur insuffler un nouveau souffle de vie, leur inventant à chacun une histoire, des sentiments, des regrets ou des espoirs, bref, d’en faire les personnages principaux de ces trente-trois nouvelles qui déclinent tout l’univers romanesque de l’auteur. Une femme qui se hâte sur une plage, un enfant solitaire qui joue dans un jardin, un couple au bord de la rupture, des amoureux, une adolescente qui rêve de liberté, tous ces petits personnages s’échappent de la toile pour aller vers leur destin. Le choix des peintures est très large mais reflète au plus juste la sensibilité de Marie Sizun. Des Très riches heures
du Duc de Berry à Moser ou Ensor, de Fragonard à Van Gogh, de Vallotton à Monet, Marquet ou Turner, elle réussit chaque fois à trouver le ton juste et la parfaite adéquation entre ce que l’on voit et ce que l’on entend. Racontant la peinture, ou plutôt la prolongeant en imagination, elle nous donne à la voir autrement. »
Le principe d’inventer une histoire à partir d’un tableau est un merveilleux tremplin pour l’imagination ! Mais quel tableau ? Le choix est immense, la contrainte sera toute petite, nichée dans le détail. Des 31 tableaux choisis, Marie Sizun va mettre en avant ce que Barthes a appelé, pour la photographie, « le punctum », le point, la tache, le détail qui va nous interpeler; le détail  qui a d’abord entraîné le désir d’écriture de Marie Sizun avant de nous frapper et de nous faire entrer à la fois dans l’imaginaire d’un peintre, la reproduction du tableau ouvre chaque « fantaisie » ( c’est comme ça que l’auteure nomme ses textes).
L’auteure va raconter, comme une évidence, dans un court récit, pour chaque tableau, un moment de vie d’un personnage ou d’un petit groupe de personnages perdus dans le paysage comme on peut l’être en ce monde.
Sans jamais tromper le lecteur sur leur condition de personnages peints, Marie Sizun insiste sur le fait qu’elle décrit bien un détail de tableau. Puis la narratrice va donner vie  à ces petits êtres  posés sur la toile par le peintre dans leur inachèvement, […] sous une forme simplifiée et quasi schématique, souvent une simple croix, un trait plus ou moins sinueux, embryons de dessin dans lesquels Marie Sizun va s’immiscer et leur donner en quelques lignes l’épaisseur fouillée de personnages de roman selon leur allure, le paysage dans lequel ils évoluent, les vêtements qu’on leur devine, ce qu’ils semblent faire, tout ce qui dans le tableau déclenche chez cette spectatrice imaginative une fiction, un récit.
On n’est pas surpris de ce travail quand on connaît les romans de Marie Sizun où d’humbles personnes, des femmes surtout, passent tout à coup au premier plan, ne se noient plus dans le paysage, mais rêvent, espèrent, aspirent au bonheur, souffrent, goûtent les petits riens que la vie nous offre.
Nous avons la chance d’entrer ainsi dans le musée imaginaire de Marie Sizun et nous aurons du mal, maintenant, en voyant, par exemple, le mois de Février des Très Riches heures du Duc de Berry, à oublier le contentement jouisseur de « la dame en bleue » en regardant la sanguine de Fragonard Les grands cyprès de la Villa d’Este, la fatigue, la douleur de ne plus être aimée de la femme de ce couple à peine esquissé ; le désespoir et la détermination à retrouver son maître de ce chien abandonné sur La terrasse d’un soir d’été de Turner ; le vertige de la tentation du suicide dans le Nocturne en bleu et argent deWhistler ; la lassitude de la femme de ce couple illégitime en Escapade sur la terrasse peinte par Van Gogh ;  l’ennui de l’enfant, Claude Monet, dans La Maison de l’Artiste à Argenteuil ;  le bonheur du pêcheur  sur Les sables au bord de la Loire de Félix Vallotton, entre autres… Si les tableaux et les histoires sont très variés, la même petite musique les accompagne, la simplicité apparente du style de Marie Sizun, l’art qu’elle a de construire en quelques mots un univers de sensations, d’émotions, de contradictions, de souvenirs, de rêves qu’un être humain peut avoir dans la tête en une fraction de seconde, et d’ajouter un paysage mental au paysage qu’on a sous les yeux.
Un livre précieux sans début ni fin où le lecteur peut se balader comme dans une expo, au bord des tableaux comme au bord de la mer, devant la ligne d’horizon où se projettent les rêves et se jeter à l’eau, inventer, à son tour, sa version de l’histoire. » (Encres Vagabondes)
L’ILE AUX TRENTE CERCUEILS de Maurice LEBLANC :
Maurice Leblanc s’imaginait en successeur de Flaubert ou Maupassant. Maurice Leblanc sera bien vite repéré par ses contemporains, Jules Renard ou Alphonse Daudet. Il voulait pénétrer les mystères de l’âme humaine, il le fera au travers de ce héros d’un genre nouveau, Arsène Lupin. Arsène Lupin, un gentleman-cambrioleur séducteur et très parisien mais pas seulement ; il est aussi un humaniste épris de justice, de solidarité et de compassion.
Quand il écrit « L’île aux Trente cercueils », Maurice Leblanc est déjà un écrivain très lu, très connu, très décoré (Légion d’Honneur en 1908). Du même auteur, et figurant Arsène Lupin, on trouve déjà quelques bijoux (« L’Aiguille Creuse »,  « 813 »,  « l’Eclat d’Obus »), et Leblanc ne s’en tiendra pas là, puisque viendront ensuite « Les 8 Coups de l’Horloge », « La Demoiselle aux Yeux Verts » ou « La Barre Y Va « . Entre beaucoup d’autres.
Dans « L’Île aux trente cercueils », et comme souvent, Leblanc écrit comme un journaliste relatant des faits réels : il termine son roman en 1917 mais ne le publie qu’en 1919, après la guerre, dont il dit qu’elle a éclipsé à l’époque « ces événements tragiques », des événements qu’il présente comme inconnus du grand public, mais authentiques. Pour une unique escapade littéraire donc, Maurice Leblanc envoie Arsène Lupin en Bretagne, vers la terrifiante Sarek, « l’Île aux Trente Cercueils » …
Une jeune Parisienne, Véronique, arrive en Bretagne occidentale. Elle vient sur les indications d’un détective qui pense y avoir retrouvé la trace de son enfant, un fils qu’elle croyait mort, et dont elle a fui le père, Vorski, fanatique mégalomane. Dans une chapelle abandonnée, elle tombe d’abord sur un premier cadavre, un homme assassiné dont elle apprendra plus tard qu’il était le « prophète » de Sarek. Elle s’embarque alors pour l’île, où semble bien vivre son fils. Mais Sarek est dans une agitation insensée : pris de panique à l’annonce de la mort violente de leur «prophète», les habitants croient venu le temps de la prophétie, et tentent de fuir en gagnant le continent.
Au sortir de l’île, leurs bateaux sont pris sous une fusillade, personne n’en réchappe. 26 morts. Ne restent sur Sarek que trois vieilles sœurs, que la jeune femme va retrouver crucifiées. 29 morts. Entretemps, elle croit bien avoir retrouvé son fils, arme au poing, au côté des assassins. Véronique sera-t-elle la quatrième mise en croix, et la dernière des trente de la légende ?
C’est l’arrivée d’un bien étrange druide qui va démêler les fils de l’intrigue. Magicien ou clown, il va mettre hors d’état de nuire Vorski et sa bande criminelle, qui avaient mélangé légendes, superstitions et meurtres, pour s’emparer de la Pierre-Dieu.
Presque toute l’action se déroule sur une île bretonne fictive, Sarek, « l’île aux Trente Cercueils ». Située par Leblanc au sud des Glénans, elle apparaît comme un concentré de la beauté sauvage des îles bretonnes, de Belle-Île à Ouessant, avec des falaises terrifiantes, des à-pics vertigineux, des bois profonds et une mer aussi omniprésente qu’hostile. Son inquiétant surnom vient d’une vieille légende celtique, presqu’une prophétie : un jour, la totalité de ses 30 habitants devra périr de façon violente, quatre de ses femmes seront mises en croix ! S’ajoutant à cette funeste légende, la confusion s’est installée au fil des siècles entre « écueils » et « cercueils », Leblanc ayant cerné Sarek de trente écueils menaçants le long de ses côtes.
Et puis les rois de Bohême y auraient caché leur « Pierre-Dieu », « celle qui apporte la paix ou la mort « …  Et puis, le Clos-Fleuri, où poussent au milieu de nulle part de somptueuses et gigantesques fleurs… Et puis, « Monsieur Tout-Va-Bien », le chien venu lui aussi de nulle part, mais toujours là au bon moment, pour consoler tout le monde et repartir aussitôt…
Avec « L’île aux Trente Cercueils », Maurice Leblanc signe l’un de ses plus grands romans. Car s’il faut le rappeler, de même qu’il n’existe aucune Sarek au sud des Glénans, cette histoire cruelle n’est heureusement qu’une histoire.
Mais si le roman est aussi prenant et haletant, c’est bien parce que Leblanc tire le maximum littéraire et dramatique du caractère de la Bretagne. La splendeur hostile de son île difficilement accessible (Ouessant), sa végétation étrange (Bréhat), son relief torturé (Belle-Île), ses habitants empreints de religiosité superstitieuse, ses légendes inquiétantes et mortifères…
Comme pour conjurer le mauvais sort, Leblanc qui était malgré tout sensible au contexte très spirite de son époque, se moque du grand prêtre suprême breton : Arsène Lupin en personne, sous son énième déguisement, va se métamorphoser en druide. Tout en terrifiant et réduisant ses ennemis par sa parole ironique et sa robe blanche, il se moque de toute superstition et de toute peur, utilisées par ces grands prêtres de tout poil pour assoir leur pouvoir sur des populations trop crédules parce que trop isolées du savoir. Il vient en druide pour jouer la tradition, mais arrive en sous-marin hi-tech, la navette spatiale de l’époque. » (culturebox)
Beaucoup d’adaptations cinématographiques dont une série télévisée vue récemment.
L’ILE AU REBUS de Peter MAY :
« Voilà vingt ans qu’Adam Killian a été assassiné sur l’île de Groix. Et depuis vingt ans rien n’a été déplacé dans son bureau, là où le défunt a laissé des indices qui permettraient à son fils de confondre son meurtrier, sans imaginer que celui-ci trouverait la mort quelques jours après lui. Tenu par sa promesse d’élucider cette affaire, Enzo Macleod, le spécialiste des scènes de crime, débarque sur la petite île bretonne. Dans le bureau d’Adam Killian l’attendent un étrange rébus et les plus insondables secrets de la vie d’un homme. »
LA VENGEANCE DU PARDON D’ERIC EMMANUEL-SCHMITT :
« Je voulais éclairer cette espèce de diamant à mille facettes qu’est le pardon. Forcément, dans nos vies, on est en situation de rencontrer le pardon puisque quand on nous blesse, quand on nous agresse, quand on nous ment, on est en face de la problématique du pardon. On se dit : bon, est-ce que je pardonne ou est-ce que je me venge ? », commente-t-il avec toute la gentillesse qu’on lui connaît.
« Pardon et vengeance sont toujours deux horizons de notre vie, lorsqu’on nous blesse. On connaît tous cela de façon intime. Ces deux termes ont l’air totalement opposés et moi, j’ai écrit le livre sous le titre La vengeance du pardon parce que je voulais montrer qu’en fait, c’est un peu plus ambigu et paradoxal qu’on ne croit, parce que parfois, oui, effectivement, peut-être que la meilleure manière de se venger, c’est de pardonner parce qu’il est difficile de pardonner, mais il est difficile d’être pardonné. Et puis, pardonner à qui ? Entre pardonner aux autres et se pardonner soi, il y a des tas de nuances. Grâce au fait qu’il y ait quatre histoires, je peux éclairer différemment et parcourir ce thème du pardon. »
Quatre histoires d’une redoutable efficacité sont donc proposées aux lecteurs : Les sœurs Barbarin, Mademoiselle Butterfly, Dessine-moi un avion et La vengeance du pardon. Dans la première, deux sœurs jumelles s’aiment et se haïssent tout au long de leur vie. Mademoiselle Butterfly met en scène un jeune homme cynique et une jeune fille candide et naïve.
La troisième histoire, La vengeance du pardon, parle d’une femme qui rend visite, en prison, au serial killer qui a tué sa fille. Cette nouvelle l’a conduit hors de sa zone de confort. « Je descendais dans des zones où je n’étais jamais descendu, que ce soit pour rentrer dans cette mère qui va visiter l’assassin de sa fille ou pour rentrer dans le discours du serial killer, puisqu’elle essaie de trouver le moment, dans son enfance, où il est devenu inhumain, où tout a basculé. Moi, j’avançais, en empathie totale avec un assassin. C’était très troublant. »
Le recueil se termine « dans la lumière », ajoute-t-il, avec Dessine-moi un avion, où un homme dur et fermé se rend compte qu’il est sans doute le pilote qui a abattu l’avion de Saint-Exupéry. « On évoque quelque chose de terrible… mais il y a quand même une rédemption. »
Dès sa sortie, le livre a suscité des réactions très positives. « Rarement un de mes livres aura été aussi bien reçu, d’une façon unanime. Les gens adorent, sans réserve, parce qu’il y a des tas de couleurs différentes dans ce livre. (…) Ce sont des nouvelles à chutes et c’est le bonheur spécifique de ce genre. C’est un art très spécial. »
(Le journal du Quebec)
LA LIBRAIRIE DES REVES ENSEVELIS de Madeline MARTIN :
« La librairie des rêves ensevelis, c’est l’histoire de Grace qui arrive avec sa meilleure amie à Londres pour y vivre. Toutes deux ont quitté la campagne anglaise. Grace n’a malheureusement pas de référence pour trouver du travail. Mais sa logeuse, amie de sa défunte mère,  lui trouve un poste dans une librairie.  C’est une librairie poussiéreuse de quartier, tenue par un homme un peu bourru Mr Evans… Grace qui ne lit pas forcément va pourtant s’y investir alors que la guerre éclate sur Londres…
Dès les premières pages nous sommes embarqués dans l’histoire. Entre les livres classiques, les étagères remplies et les décors de la librairie, on se sent bien dans cette atmosphère certes poussiéreuse mais remplie d’évasion. L’auteure nous raconte l’importance de la lecture sous différentes formes : pour voyager, s’évader, mais aussi pour raconter l’Histoire avec un grand H.
Grace Bennet montre un courage sans faille et un engagement fort durant les bombardements, qui l’amènera à occuper une place centrale dans la survie des habitants. Elle a beaucoup fait pour les autres au fil des jours sans se plaindre, ni avoir peur de mourir
Nous sommes plongés dans l’histoire de Londres pendant la seconde guerre mondiale avec le black-out. L’envoi des enfants à la campagne, les rationnements. Sans oublier  les abris anti-aériens, les refuges dans le métro la nuit pour se protéger des bombardements… Un roman qui fait malheureusement écho à l’actualité aujourd’hui et la guerre en Ukraine… C’est une magnifique lecture qui décrit si bien l’amour de la littérature, l’éveil et la transmission d’une passion, le tout avec le Blitz en toile de fond.
Au milieu des coupures d’électricité, du son strident des alarmes et du grondement sourd des raids aériens, la littérature sera une source d’espoir pour Grace et pour tous les gens du quartier, car le pouvoir des mots est plus fort que le bruit des bombes.
C’est un roman plein d’émotions, on rit, on pleure, on s’angoisse, on espère. On ne peut rester insensible face à cette histoire. Cette histoire montre que dans les périodes les plus sombres, nous sommes capables de donner le meilleur de nous-même et même plus. La lecture est fluide et prenante. C’est le genre de livre qu’on referme avec grand regret tant il nous a lié aux personnages. » (blog littéraire tribulations C).
UNE VIE INESTIMABLE d’Anne Marie REVOL :
« Au crépuscule de sa vie, Prudence se voit contrainte de révéler l’origine des cadeaux inestimables qu’elle a faits à ses petits-enfants pour leurs sept ans. À travers eux, c’est toute une vie qui se dessine, celle d’une femme forte pleine de panache. À la fois ouvrière, sage-femme, résistante, mère courage, fille inconsolable, femme libre, ses combats politiques et féministes, ses secrets, ses blessures et ses espoirs, traversent un siècle d’Histoire et s’y entremêlent.
Des colonies de la Cochinchine au Grand Hôtel de la Californie à Cannes en passant par Clermont-Ferrand et son usine Michelin, Anne-Marie Revol brosse le portrait poignant d’une femme engagée et raconte avec tendresse et humanité que les cadeaux les plus précieux ne sont pas toujours ceux qui s’achètent. Une saga familiale flamboyante portée par une héroïne lumineuse. »
MAYRIG D’HENRI VERNEUIL :
« Dieu, qu’elle va me manquer ma Mayrig !… C’est comme cela que l’on dit maman dans ma langue d’origine. » Ce livre est né d’un coup de coeur. Le coup de coeur de plusieurs millions de téléspectateurs européens qui, après avoir vu et écouté Henri Verneuil évoquant l’enfance d’un petit émigré arménien, ont formé une grande chaîne d’amitié réclamant la suite. Alors, l’année 1985 ne fut pas celle de son trente-troisième film, mais l’année de son premier livre. Mayrig raconte une sublime histoire d’amour avec des mots qui jaillissent spontanément d’un coeur qui n’a rien oublié. « Je réalise, avec le recul du temps, que durant toutes ces années où nous nous sommes tant aimés, jamais nous n’avons dit que nous nous aimions. Dans une commune pudeur, par crainte de souligner lourdement un état évident, permanent, irrévocable, le recours des mots paraissait dérisoire. On s’aimait de naissance. » Dans un Marseille qui est encore un tout petit peu l’Orient, avec ses tramways, sa foule grouillante et colorée, ses marchands ambulants et ses voitures à chevaux, Henri Verneuil nous décrit une enfance « au caste appétit de grandir, une adolescence aux grandes ambitions qui dévorent et conduisent un soir aux agonies de ceux que l’on n’a pas vus vieillir, tandis que chacun de leurs cheveux blancs annonçait déjà un cimetière de printemps. » Quand on s’arrache aux dernières lignes de cette émouvante histoire, depuis longtemps déjà le cinéaste a cédé la place à l’écrivain Henri Verneuil. »
L’ART DE LA JOIE de Goliarda SAPIENZO :
« L’Arte della gioia », ouvrage posthume, 1996. Traduction française « L’art de la joie », 2005.
Il était une fois une enfant, Modesta, née le 1er janvier 1900, dans un monde frustre et rapidement englouti… Non, L’Art de la joie résiste à toute présentation. Roman d’apprentissage, il foisonne d’une multitude de vies. Roman des sens et de la sensualité, il ressuscite les élans politiques qui ont crevé le XXe siècle. Ancré dans une Sicile à la fois sombre et solaire, il se tend vers l’horizon des mers et des grandes villes européennes…
« Pourquoi faut-il lire ce livre ? Parce qu’il est un hymne à la joie. A la joie la plus simple qui soit, celle qui émane de la conscience et de l’acceptation sereine de sa propre existence et de celle des autres, personnes et choses, sans lesquelles le bonheur serait absolument impossible. Le XXe siècle, époque de tragédies horribles et d’esprits brillantissimes, se révèle sous un angle différent et les événements qui le caractérisent – guerres et révolutions, sciences et techniques, art et philosophie – portent les stigmates d’une seule femme, Modesta, qui assume les espoirs et la volonté de toutes les autres. » Luca Orsenigo, Corriere della sera.
LA DATCHA d’Agnès MARTIN-LUGAND :
« Un couple heureux, une jeune femme larguée, qui a connu la rue, la prostitution, une relation particulièrement complexe avec les hommes… et soudainement, une porte qui s’ouvre. Jo rencontre Hermine et lui propose de devenir femme de ménage dans l’hôtel qu’il tient avec son épouse, Macha. Elle n’a qu’une vingtaine d’années et vit avec le douloureux souvenir de l’abandon de sa mère.
Quand s’offre cette alternative à l’existence qu’elle mène, c’est le doute et l’appréhension qui la prennent. Mais une fois devant l’hôtel, tout change : pour cette enfant abîmée, en errance, une nouvelle chance se présente. De celles qu’elle n’avait encore jamais croisées.
Au cœur de La Datcha, l’établissement qui a de manière si évidente donné son nom au roman, elle va se forger un monde, s’intégrant dans la folle danse qui anime les murs. Abandonnée, adoptée, Hermine découvre que souffrance et bonheur peuvent s’éprouver dans un même mouvement.
« Dans ce roman, je me suis tout autorisé », nous explique Agnès Martin-Lugand. « Je voulais vivre à travers ce roman. » Car si l’idée de l’hôtel l’occupe depuis des années, la bulle d’oxygène qu’est devenue La Datcha, « j’y ai vécu, y ai passé de longs mois, et ne l’ai laissée qu’à regret ».
Dans une atmosphère de fête, l’établissement devient presque un sanctuaire aux pouvoirs curatifs : « Comme une figure maternelle, puissante et bienveillante, à l’image de Macha. » (actualitté)
LIVRES DEJA CITES (voir détails dans les comptes rendus précédents) mais qui ont séduit de nouvelles lectrices :
S’ADAPTER de CLAIRE DUPONT-MONOD
LES DAMES DE KIMOTO DE SAWAKO ARIYOSHI
LE LOUP DES CORDELIERS D’HENRI LOEVENBRUCK
LES CHRONIQUES DE JERUSALEM DE GUY DELISLE
LES REFUGES de JEROME LOUBRY
CE QU’IL FAUT A LA NUIT DE LAURENT PETIT MANGIN
UNORTHODOX DE DEBORAH FELDMAN
LES DEMOISELLES DE GAELLE HUON
CODE KATHARINA DE JORN LIER HORST
CE QUE JE SUIS D’OLIVER DORCHAMPS
LA VIE EN CHANTIER DE PETE FROMM
AME BRISEE d’AKIRA MIZUBAYASHI
LE DIMANCHES DES MERES DE GRAHAM SWIFT
On a cité aussi : JEAN CHRISTOPHE RUFFIN avec sa série sur le Consul :
Le suspendu de Conakri
Les trois femmes du Consul
Le Flambeur de Caspienne
Votre otage à Acapulco
Notre prochain rendez-vous est fixé le 12 MAI, date à laquelle nous parlerons du livre que nous vous avions proposé :
LE PARFUM DE L’HELLEBORE DE CATHY BONIDAN
Et VOICI LES TITRES DE NOS DEUX PROPOSITIONS DE LECTURE POUR NOTRE DERNIERE RENCONTRE AUTOUR D’UN LIVRE DU 9 JUIN 2022 – DATE A LAQUELLE NOUS VOTERONS POUR LE LIVRE AVF /SILLAGE :
LE DIT DU MISTRAL d’Olivier MAK-BOUCHARD
UNE SAISON DOUCE DE MILENA ANGUS
Et pour terminer une petite citation de Montesquieu retenue par Martine :
« Aimer à lire, c’est faire un échange des heures d’ennui que l’on doit avoir de sa vie, contre des heures délicieuses » Montesquieu
A bientôt …. Ou plutôt à demain jeudi 12 mais pour notre rencontre.
Bonne lecture,
Catherine et Evelyne,