BENIE SOIT SIXTINE de MAYLIS ADHEMAR :

« Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre- Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.
Bénie soit Sixtine est avant tout l’histoire d’un éveil et d’une émancipation. Entre thriller psychologique et récit d’initiation, ce premier roman décrit l’emprise exercée par une famille d’extrémistes sur une jeune femme vulnérable et la toxicité d’un milieu pétri de convictions rétrogrades.
Un magnifique plaidoyer pour la tolérance et la liberté, qui dénonce avec force le dévoiement de la religion par les fondamentalistes. »

DES HOMMES SANS FEMMES DE HARUKI MURAKINI :

« À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse […] vous devez vous sentir reconnaissant d’avoir vécu presque vingt ans auprès d’une femme comme elle. Je le crois profondément. Néanmoins, vous aurez beau penser que vous avez compris quelqu’un, que vous l’avez aimé, il n’en reste pas moins impossible de voir au plus profond de son cœur. Vous aurez pu vous y efforcer, mais vous n’aurez réussi qu’à vous faire du mal. Vous ne pouvez voir qu’au fond de votre propre cœur, et encore, seulement si vous le voulez vraiment, et si vous faites l’effort d’y parvenir. En fin de compte, notre seule prérogative est d’arriver à nous mettre d’accord avec nous-même, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l’autre, nous n’avons d’autre moyen que de plonger en nous-même. Telle est ma conviction. »
Dans ce recueil comme un clin d’œil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, le maître au sommet de son art. »

Et de quatre autres ouvrages déjà cités précédemment :

  • Le passeur de lumière  de Bernard Tirtiaux
  • Le lac de nulle part de Pete Fromm
  • Photo de groupe au bord du fleuve d’Emmanuel Dongalo
  • Au vent mauvais de Kaouther Adimi

Le 9 février le livre proposé à la lecture commune était : 

LE SILENCE D’ISRA d’ETAF RUM :

Ressenti : bien apprécié

« Trois voix de femmes, trois générations en lutte pour trouver leur place dans la société, prise entre le respect de leur culture et leurs aspirations personnelles. Un roman bouleversant qui jamais n’embellit la destinée de ces femmes qui rêvent de liberté ancrées dans une réalité difficile à combattre.

L’auteure adopte une construction intéressante avec l’alternance des chapitres situés en 1990 et 2008 qui montrent le peu d’évolution pour les femmes en deux décennies. Ce texte met bien en évidence les tiraillements intérieurs des femmes entre respect des traditions et aspiration à choisir sa vie.

« Je suis née sans voix par un jour nuageux et froid à Brooklyn » tels sont les premiers mots du livre et cela mesure bien tout le poids de la condition des femmes. Dans ce cas, celle de ces femmes d’origine palestinienne, émigrées aux Etats-Unis pour fuir des conditions dramatiques, mais certainement pas pour en épouser la culture et les mœurs.

Il est extrêmement choquant de voir la grand-mère, la mère et la fille aux prises avec les mêmes difficultés, prêtes à se soumettre aux pires atteintes à leur liberté afin de ne pas froisser leur communauté et leur famille – d’autant plus quand Deya nous raconte ses choses à l’aube du XXIème siècle. Certains passages sont d’une violence inouïes, violence verbale, psychologique et physique, mais ces femmes restent de marbre, baissent les yeux dans une acceptation silencieuse, la seule issue pour elles qui n’ont aucune échappatoire. Le fait d’être émigré dans un pays libre et démocratique ne change malheureusement pas leur condition, les gardant recluses dans une communauté fermée, consignées à résidence, sous surveillance de leurs maris ou de leurs fils.

Tout au long du récit, Etaf Rum parvient à nous garder en haleine en laissant planer le doute sur le destin d’Isra, au point que la fin tombe comme un couperet – nous pensions avoir tout vu, tout compris, mais le pire restait à venir. Elle souligne également le pouvoir de la littérature, pour ces femmes privées d’horizons et de rêves, une échappatoire salutaire, parfois nécessaire pour les encourager à s’élever au-dessus de leur condition. Elle montre avec beaucoup de pédagogie les conflits intérieurs des hommes qui imposent ces traitements aux femmes de leur entourage et souffrent eux aussi des attentes familiales pesant sur leurs épaules.

Roman impensable et indispensable, Le Silence d’Isra nous dévoile une réalité méconnue et souvent ignorée, une souffrance ancrée dans les traditions et incroyablement difficile à combattre. » 

Pour info :

555 D’Hélène GESTERN :

« On connaît mal le détail de la vie de Domenico Scarlatti, grand compositeur baroque né à Naples en 1685. Le nomadisme du musicien de cour, qui fut le professeur de l’infante portugaise Maria Barbara, n’a pas facilité la tâche de ses biographes. Que la quasi-intégralité de sa production écrite durant la première partie de son existence ait été perdue contribue à son mystère. Hélène Gestern place cette énigme au cœur de son nouveau roman, thriller dans le milieu de l’art et rêverie sur le génial virtuose italien.

Au début, il y a la découverte, par l’ébéniste Grégoire Coblence, d’une partition ancienne cachée dans la doublure d’un étui à violoncelle. Intrigué, il la montre à son associé le luthier Giancarlo Albizon. Les deux amis se rendent alors chez Manig Terzian, une claveciniste, spécialiste de Scarlatti, qui se lance dans l’exécution de cette pièce complexe. En la déchiffrant, l’interprète reconnaît le rythme, la cadence de celui qu’elle joue depuis plus de quarante ans. Il pourrait s’agir d’un document exceptionnel, d’une sonate inédite du maître. Ou d’une imitation, d’une supercherie. » (bibliobs)

L’ETOFFE DU TEMPS de LARS MYTTING :

 « En ce début de 20e siècle, dans le petit village de Butangen, au sud de la Norvège, le prêtre Kai Schweigaard rejoint sa paroisse avec dans les bras, un nouveau-né. Cet enfant est le fils d’Astrid Hekne, morte en couches. S’il pleure la femme dont il était secrètement amoureux, il tient à être fidèle à la promesse qu’il lui a faite sur son lit de mort en retrouvant une vieille tapisserie païenne réalisée par les soeurs siamoises Halfrid et Gunhild Hekne, de célèbres tisseuses et ancêtres d’Astrid. Une recherche qui guidera sa vie. Une manière pour lui demander pardon et d’expier ses péchés.
Dans ce nouveau roman, Lars Mytting s’inspire de faits réels mais aussi de légendes et de croyances ancestrales. Il mêle les époques, les lieux, les récits et donnent vie à des personnages intenses qui évoluent dans des paysages à la fois rudes et grandioses. Ce récit touchant et réaliste nous parle d’une Norvège en route vers la modernité industrielle. Une évolution qui vise à sortir les campagnes de leur isolement, en allégeant le labeur éreintant des hommes et des femmes.

« L’étoffe du temps » est la suite des Cloches jumelles, mais peut aussi être lu de manière indépendante. »

LA CHORALE DES DAMES DE CHILBURY DE JENNIFER RYAN :

« Alors que l’Angleterre entre dans la Seconde Guerre mondiale, la professeure de musique Primrose Trente, nouvellement arrivée à Chilbury, encourage les femmes du village à braver le décret du pasteur ordonnant la fermeture de la chorale de l’église en l’absence des hommes, et à continuer de chanter à leur place. La chorale des dames de Chilbury est née !
Elle est constituée d’un petit groupe hétéroclite : une veuve qui tremble pour son fils unique envoyé au front, la plus belle fille du village amoureuse d’un « bad boy », sa petite sœur qui s’essaye à la politique sans rien y comprendre, une jeune réfugiée juive pleine de secrets et une sage-femme louche qui tente de fuir un passé sordide.
Grâce au chant, chacune trouve la force de surmonter les difficultés quotidiennes et les horreurs de la guerre qui déchirent leurs vies. »

L’UNE ET L’AUTRE D’ELISABETH BADINTER :

« – Certains voient dans l’opposition entre hommes et femmes l’essence même de leurs relations : naturelle serait la confiscation de tous les pouvoirs au profit des hommes, naturelle aussi la division sexuelle des tâches.
– C’est cette conception que dénonce Élisabeth Badinter dans ce livre, celle qui confond un moment de l’histoire — la prédominance du patriarcat — avec une constante de notre nature.
– Mais, homme ou femme, sommes-nous réellement prêts à remettre en question le modèle millénaire de la complémentarité au profit de celui de l’identité ? »

Pour les amateurs de BD :

OBSOLESCENCE PROGRAMMEE DE NOS SENTIMENTS de ZIDROU et AIME DE JONGH

« Le corps se résigne plus vite que l’âme.
Le temps le ride, l’injurie, l’humilie…
Il fait avec, le corps, beau joueur.

L’esprit, lui, est mauvais perdant.
Il ne conçoit que par à-coup,
par révélations douloureuses,
par effrois successifs. »

Est-ce qu’il y a un âge pour aimer ou les histoires d’amour aussi sont-elles victimes de l’obsolescence programmée, qui touche notre électroménager, nos voitures ou encore nos appareils connectés ?

 En choisissant de s’associer à Aimée De Jongh, l’Espagnol d’adoption prouve une nouvelle fois que les collaborations étonnantes, par-delà les frontières, ne l’effraient pas. Ensemble, ils explorent les méandres de l’amour à l’aube de la retraite. Alors que d’autres pensent à s’occuper de leur jardin ou des petits-enfants, leurs protagonistes, aux prénoms évocateurs, se croisent, se rencontrent, se plaisent, se séduisent et s’aiment. Dans toute la première partie, le lecteur suit avec plaisir et gourmandise ces existences marquées, éprouvées mais pas lessivées. Et c’est peut-être même avec un sourire envieux qu’il se plonge dans une histoire pleine de tendresse, parfaitement retranscrite par le trait semi réaliste, plein de justesse, de la dessinatrice néerlandaise. Sans fard, elle dépeint les corps en même temps que se livrent les cœurs, avec une facilité, un naturel et une précision qui laissent admiratif. 

Réflexion contemporaine sur le temps qui passe et ses affres, joliment illustrée, L’obsolescence programmée des sentiments se meut en une fable qui peine à convaincre pleinement. Dommage pour les « terres à terre », pour les autres cela reste l’assurance d’un bon moment de lecture. 

Par M. Moubariki (BD Gest)

LES PASSAGERS DU VENT  DE FRANCOIS BOURGEON : (9 tomes)

« François Bourgeon est un scénariste et dessinateur français de nombreuses bandes dessinées.

En 1979, il démarre Les Passagers du vent dans la revue Circus, série dont le tome 1 paraît en janvier 1980. Cette série d’aventures historiques, considérée comme l’une des plus importantes de la bande dessinée moderne, l’impose d’emblée comme un conteur et un graphiste hors pair. En janvier 1980, au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, il est nommé meilleur dessinateur de l’année.
Dans son œuvre, le thème de la quête initiatique revêt une grande importance. Tant par son souci d’authenticité (il aime par exemple reconstituer ses différents décors sous la forme de véritables maquettes) que par son sens de la narration, du découpage, des dialogues et de la mise en couleurs, François Bourgeon est déjà une figure emblématique du monde du 9e art.

Il poursuit la saga des passagers du vent avec « La petite fille Bois caïman », puis en 2018 « le sang des cerises ». 

« Extrait de l’article du télégramme de Steven Lecornu du 16 février 2023 :

« Je me suis donné à fond », confie François Bourgeon, dans son atelier niché au cœur de la baie d’Audierne (29), alors que sort le neuvième et ultime tome de ses « Passagers du vent ». 

Le neuvième et ultime tome de la bande dessinée historique « Les Passagers du vent » sort ce mercredi 23 novembre. François Bourgeon clôt sa saga mythique, débutée il y a 43 ans. 

Quatre ans. Quatre longues années se sont écoulées depuis la parution du dernier épisode, « Le sang des cerises, livre 1 ». C’est peu dire que le dernier tome des « Passagers du vent », le neuvième, est attendu. « Mes lecteurs ont pris l’habitude. Ils ont la gentillesse de patienter », commente François Bourgeon d’une voix douce. Dans son atelier niché au cœur de la baie d’Audierne, l’auteur peut souffler. À quelques heures de la sortie de l’ultime chapitre de sa saga, la pression retombe. « Je me suis donné à fond », confie l’auteur âgé de 77 ans.

Tout doit être vraisemblable dans le récit

« Le sang des cerises, livre 2 » est plus qu’une bande dessinée. Ses 136 pages concentrent une somme titanesque de travail. François Bourgeon est un homme précis et minutieux. « Tout doit être vraisemblable dans le récit », précise le maître de la BD historique. Pendant quatre ans, il a dévoré entre 200 et 300 ouvrages, interpellé des historiens, épluché la presse de l’époque, consulté des cartes d‘état-major et autres fonds photographiques, parcouru les archives de la Bibliothèque nationale… Allant même jusqu’à réaliser ses propres maquettes, notamment du quartier de Montmartre qu’il a reproduit au centième dans son atelier.

La répression de la Commune, un épisode « méconnu » :

Paris était au cœur du livre 1 du « Sang des cerises ». Le lecteur se retrouvait plongé à la fin du XIXe siècle dans les affres de la Commune. Arrière-petite-fille d’Isa, l’héroïne des premiers tomes, Zabo y rencontrait Klervi, une jeune Bigoudène qui débarquait dans la capitale. Le breton se mélangeait à l’argot parisien. On y suivait deux femmes dans un Montmartre marqué par le sang et la révolte. François Bourgeon avait à cœur de lever le voile sur un « épisode historique encore méconnu ». « Ceux qui ont soutenu l’insurrection ont été sévèrement réprimés. Entre 20 000 et 30 000 personnes ont été exécutées », révèle-t-il. Ses personnages font revivre cette mémoire enfouie.

J’ai trouvé des récits de prisonniers, ainsi que des fiches de bagnards.

Dans « Le sang des cerises, livre 2 », on retrouve Zabo et Klervi. Nous sommes en 1885. Les deux femmes sont à bord d’un train qui les conduit en Bretagne. Zabo va alors confier à sa protégée les traumatismes qu’elle a subis durant la Semaine sanglante (*), jusqu’à sa déportation en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement Thiers veut éloigner les éléments les plus perturbateurs. Zabo est alors contrainte de monter à bord de La Virginie. Sur la frégate, elle retrouve Louise Michel, Nathalie Le Mel et Henri Rochefort, figures de la Commune, déportés en enceinte fortifiée. « J’ai trouvé des récits de prisonniers qui ont effectué cette traversée de quatre mois au départ de La Rochelle, ainsi que des fiches de bagnards », explique François Bourgeon.

(*) La Semaine sanglante, du dimanche 21 au dimanche 28 mai 1871, désigne la période la plus meurtrière de la guerre civile de 1871 »

Le destin de femmes courageuses et solidaires :

Des renseignements précieux qui permettent à l’auteur de décrire les difficiles conditions de captivité dans cette toute jeune colonie française. Près de 4 500 condamnés seront déportés en Nouvelle-Calédonie, 293 périront là-bas. C’est sans complaisance que le scénariste décrit ce douloureux événement. L’émotion est omniprésente dans ce dernier chapitre. Des destins de femmes libres s’entremêlent. Dans chaque planche, leur solidarité mais aussi leur courage transpirent. Le coup de crayon de François Bourgeon n’a peut-être jamais été aussi précis. Graphiquement, c’est du grand art. (Document Delcourt, 2022 – Bourgeon)

Le Pays bigouden à l’honneur

Les dernières planches nous amènent à la pointe de la Bretagne, en baie d’Audierne, le berceau natal de Klervi. Dans un climat plus apaisé, le lecteur se balade au bord de la rivière de Pont-l’Abbé (29), au sommet du vieux phare de Penmarc’h (29) ou au bord des étangs de Trunvel, entre Tréogat et Tréguennec (29). François Bourgeon clôt sa saga mythique avec un très bel hommage au Pays bigouden, où il s’est installé il y a 40 ans. « Je me sens chez moi ici », lâche le septuagénaire. L’avenir ? « Je ne vais pas m’embarquer dans une nouvelle série, je suis trop âgé », sourit François Bourgeon. « J’ai des idées mais je ne veux surtout pas me précipiter ».

(document Delcourt, 2022 – Bourgeon)

13 LUNES DE CHARLES FRAZIER :

« A douze ans, Will Cooper est vendu par son oncle et sa tante. Le jeune orphelin doit rejoindre un comptoir commercial situé dans le « pays cherokee ». Sur sa route, il croise Bear, un chef indien, qui fait de lui son fils spirituel. II s’intègre au clan, découvre la Nature, ses lois, sa force. Il trouve aussi l’amour sous les traits de Claire Featherstone: leur relation passionnée le marquera à jamais. Devenu l’un des leurs, le « chef blanc » s’engage dans la défense des Indiens. D’abord avocat, luttant contre leur transfert vers l’ouest, puis colonel guidant ses troupes pendant la guerre de Sécession, il rejoindra finalement le Sénat, en tant que représentant des Cherokees. Treize lunes est le récit d’une destinée hors du commun qui se confond avec la grande Histoire. Will Cooper, héros et narrateur, retrace le voyage de l’Amérique vers le XXe siècle. Roman d’amour, récit d’aventures, le second livre de Charles Frazier – après Retour à Cold Mountain – est une épopée digne de Jack London ou de James Fenimore Cooper. »

Françoise Héritier – le goût des autres de LAURE ADLER :

« Profondément engagée pour la cause des femmes, Laure Adler retrace la vie et l’œuvre d’une brillante intellectuelle féministe : Françoise Héritier. Une aventurière de la pensée, une citoyenne engagée et une amie très chère, qui n’a cessé de déconstruire les idées reçues sur le masculin et le féminin et de lutter contre toutes les formes d’oppression dont souffrent les femmes.
« Bien avant la naissance de #MeToo, elle se révèle à la fois une théoricienne et une avocate des causes essentielles de la vie de la société. À l’heure du tout voir, du tout savoir, du tout exposer, à l’heure où des jeunes filles sont victimes chaque jour de harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux, à l’heure où le corps des femmes continue à être une marchandise ou un butin de guerre, à l’heure où l’intégrisme gagne du terrain, à l’heure où, en Ukraine, le viol est une arme de guerre, à l’heure où, en Afghanistan, les filles n’ont pas eu le droit de faire leur rentrée des classes, Françoise Héritier m’apparaît comme une vigie, une lanceuse d’alertes, une scientifique qui nous laisse en héritage des manières et des moyens de combattre les violences sexuelles, sociales et politiques dans un monde inégalitaire et fragmenté. Elle incarne aussi à mes yeux la figure d’une penseuse qui a toujours réfléchi de manière non occidentale, d’après ses observations en Afrique, terre nourricière de ses premières interrogations, sur ce qui fait société. Françoise, l’aventurière de l’esprit, Françoise, qui croyait au bonheur et qui, partout et en toute chose, détectait et goûtait le sel de la vie. »
Laure Adler est journaliste, historienne et écrivaine, et productrice à France Inter, spécialiste de l’histoire des femmes et des féministes au 19ème et au 20ème siècle. Elle est l’auteure de plusieurs biographies consacrées à de grandes figures féminines et a notamment publié, chez Albin Michel, Le Corps des femmes (2020). »

TANT QUE DURE LE JOUR DE SUSAN TRAVERS :

« Le 18 mars 2010, Simone Veil est reçue à l’Académie Française pour occuper le fauteuil laissé vacant par Pierre Messmer. Selon la tradition, elle fait l’éloge de son prédécesseur. En retraçant le parcours de l’ancien premier ministre, elle évoque ses exploits à Bir Hakeim en se référant aux écrits d’un témoin de la bataille, d’une femme légionnaire : Susan Travers, oui, vous avez bien lu, légionnaire. »

Elle est née en Angleterre le 23 septembre 1909. En 1939, quand la radio annonce la déclaration de la guerre, Susan Travers se trouve en France.

Elle répond à l’appel du général de Gaulle en s’engageant dans les Forces Françaises Libres comme infirmière. Le 31 août 1940, elle quitte Liverpool et s’embarque à destination de Dakar en même temps que les deux Bataillons de la 13e Demi-brigade de la Légion étrangère.

Après l’attaque avortée de Dakar, elle suit la Légion en Sierra Leone, au Cameroun, au Gabon, au Congo et enfin au Soudan où elle fait la connaissance de Pierre Messmer, brillant capitaine de la Légion. C’est le 7 juin 1941, à Gaza, au cours d’un repas au mess de la Légion que ses amis officiers lui attribuent le surnom de « La Miss ». Quelques jours plus tard, le 17 juin, le colonel Marie-Pierre Koenig, nouveau commandant en chef, lui annonce qu’il la prend comme conductrice. 

Dans un documentaire intitulé « Susan, l’héroïne cachée de Bir Hakeim », France 5 souligne le courage de cette oubliée de l’histoire. Chauffeur attitrée et maîtresse de Pierre Koening, c’est elle qui ouvrit la brèche aux autres véhicules de la 13e Demi-Brigade de Légion Étrangère, traversant une pluie de bombes au volant d’une Ford rouillée pour rejoindre les lignes anglaises. Seul Koening, élevé au rang Maréchal de France, fut honoré après cette victoire. Susan, elle, a subi les « ciseaux des censeurs », écartée de l’histoire de France jusqu’à ce que Simone Veil salue sa bravoure en 2010, en la décorant de la Légion d’honneur.

Les images d’archives et les dessins originaux de Jérémie Gasparutto illustrent le parcours de cette femme qui, sans le savoir, s’engage pendant quatre ans à suivre ces hommes du Cameroun à l’Egypte, en passant par la Libye et l’Italie pour atteindre les Vosges.  Car l’héroïne, c’est elle. Première et unique femme de la Légion étrangère, « la Miss » (comme la surnomme ses camarades) s’engage au côté des Français dès le début de la guerre. Intrépide et fougueuse, cette Anglaise élevée dans le confort de l’aristocratie londonienne, endosse alors les rôles de confidente, sœur, mère et infirmière pour ses camarades à l’agonie. En 1947, elle poursuit son combat dans les rangs français en Indochine. Hommage à cette femme courageuse et inspirante. »  (Bernard Maury)

LE CHANT DU PERROQUET DE CHARLINE MALAVAL :

« São Paulo, 2016. Tiago, un jeune journaliste indépendant, fait la connaissance de son voisin, Fabiano, qui habite le quartier depuis plusieurs décennies, avec un perroquet pour seul compagnon. Au fil de leurs rencontres, le vieil homme raconte son passé à Tiago, l’épopée d’une existence soumise aux aléas de l’Histoire. Le départ de son Nordeste natal pour participer à la construction de Brasília avec ses parents, son travail d’ouvrier dans les usines Volkswagen de São Paulo… et, surtout, il lui parle de la femme de sa vie, qui a disparu à la fin des années 1960, sous la dictature. Avec l’idée d’en faire le sujet de son premier roman, Tiago recueille, fasciné, ce palpitant récit et, son instinct de journaliste reprenant le dessus, il décide d’effectuer des recherches par lui-même. Mais bientôt les pistes se brouillent et le doute s’insinue dans son esprit.
Véritable ode à la transmission, à l’amour, à la résistance, Le Chant du perroquet nous offre également, grâce à ses personnages inoubliables et à son écriture vive et magnétique, un magnifique et vibrant hommage à un Brésil immortel, celui d’hier et d’aujourd’hui. »

PROCHAINES RENCONTRES DE MARS :

  • Le 9 mars avec pour lectures communes : DE PIERRE ET D’OS DE Bérengère COURNUT et le TRAIN DES ENFANTS DE VIOLA ARDONE
  • Le 23 mars pour nos coups de cœur

En attendant ce sont les vacances et on a le droit de regarder les dessins animés…

Bonnes Vacances à toutes et à tous, 

A bientôt 

Catherine et Evelyne