Le Ban Bourguignon est une mélodie populaire française qui, bien que ne disposant d’aucun statut officiel, est souvent présentée comme « l’hymne » de la Bourgogne. Il est connu de tous et prend vie à l’occasion de moments festifs et joyeux Le ban est un des symboles d’une bonne ambiance bourguignonne et intervient souvent à la fin d’une réunion pour féliciter les organisateurs et les remercier. Il rassemble, fait partie de la mémoire collective et contribue au patrimoine des bourguignons.

Pas très ancienne, cette pratique est tout de même assez chargée d’années pour qu’il soit malaisé de trouver des personnes sûres pouvant témoigner de sa naissance. Ces contemporains sont morts, ou, très âgés, et hélas peu sûrs de leur mémoire.

Ban bourguignon au clos Vougeot (Les Cadets de Bourgogne)

 

Mais il ne s’agit pas d’un événement faisant date ! Aussi les indications qui vont suivre et que sont dues à Messieurs Marcel Barbotte, Henri Berthat, Bourgeois-Gien, Albert Colombet, Michel Mauerhan et Jean Parisot. Elles doivent-elles être considérées comme sérieuses, solides, mais de seconde main et pour une part conjecturales.

Le ban bourguignon, selon toute vraisemblance, est né à Montchapet, quartier Est de Dijon jouxtant cette commune de Fontaine-lès-Dijon peu après 1900 d’où l’appellation initiale « Ban de Montchapet » (appelé aussi plus rarement « ban des vignerons de Fontaine »). La légende veut que le frère du sculpteur dijonnais Paul Gasq, ainsi que Monsieur Lapostolle, directeur du philharmonique de Dijon, s’y soient retrouvés, accoudés au zinc. Ils donnèrent spontanément naissance à cette phrase musicale lors d’une réunion bien arrosée… Pour d’autres sources c’est Lucien Dargentolle, un serrurier du quartier, proche voisin de l’épicière, qui en aurait (toujours le conditionnel hypothétique !) composé la musique, (ou plutôt, restons modestes l’air…) :


(source chansonsaboire.com)

1905 est la date aux environs de laquelle aurait pris naissance, au sein d’une réunion de bons vivants et francs-buveurs rabelaisiens, la société informelle, de pure et plaisante fantaisie : la « Phalange de Montchapet ». Le siège était situé au 6 de la rue Jacques-Cellerier. On ne sait si cette société ressemblait au « Caveau parisien » rendez-vous de poètes et d’artistes. On peut en douter car rien ne permet d’affirmer qu’on y faisait autre chose que de boire largement, raconter des histoires salées et chanter des gaudrioles.

La « Phalange de Montchapet » avait comme animateurs :

– le sculpteur Jules Gasq, frère de celui, Paul, qui est célèbre, il aurait suggéré les allègres « tra-Ia-Ia ».

– le libraire Mettray (Librairie Mettray-Dugrivel, rue de la Liberté), dont le domicile se trouvait rue de Rouen, à deux pas; tous deux, à Montchapet aurait appris à ses compagnons le rite du ban.

Ce qui est assuré, c’est que le ban méritait bien alors son nom « ban de Montchapet ».

Il s’est ensuite diffusé lors de l’organisation des fêtes de bienfaisance par l’association NPSFQQA (Ne Pas S’en Faire Quoi Qu’il Arrive) sous le nom de « Ban de Montchapet ». Ce groupuscule fou exportera le ban aux quatre coins de la ville, en l’imposant lors de fêtes de bienfaisance et en l’improvisant dans des radio-crochets.

Après avoir disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, il est repris pendant les fêtes de la Vigne, se répand dans toute la Bourgogne et prend son nom actuel de « Ban bourguignon ».

Marcel Barbotte, autrefois journaliste au « Progrès de la Côte d’Or », qui se rappelle avoir eu pour voisin, lors d’un des tous premiers dîners du Tastevin, « le bon gros Charles Vienot », vigneron à Premeaux, raconte : « Au dessert après avoir entendu, les couplets bachiques des « Cadets de Bourgogne », on battit le traditionnel ban bourguignon, et je fis comme tout le monde.

Charles Viénot me poussa du coude et me dit qu’il ne fallait pas singer les fillettes chantant les petites marionnettes, mais :

– approcher les mains en forme de coupe à hauteur du visage,
– les faire tourner comme si l’on regardait le contenu par transparence,
– en chantant « Tra, la, la, la, 1ère »,
– puis battre le ban sur un ryhme plus rapide en chantant le reste « Tra, la, la, la, la, la, la, la, la ».

Aussi, puisqu’on institutionnalise, en même temps, qu’on accueille cette symbolique, il me semble indiqué de poursuivre la Réforme entreprise par Bernard Barbier et les Cadets : plus de mains levées au-dessus de la tête, seulement à hauteur de la poitrine et au maximum des épaules. Penser au nectar que l’on mire avant de le goûter ! Ainsi se signalent les seuls amateurs éclairés !

Et qu’on se le dise !

SOURCES :
Cf. le texte original de Lucien Hérard, président d’honneur de l’Académie des Sciences, Ars et Belles-Lettres de Dijon »

L’origine du « vrai » ban bourguignon dans la Gazette du tastevin N° 83 de mai 1987.
Quand, avec Henri Berthat, Lucien Hérard recherchait l’origine du ban, j’eus pour modeste contribution, la charge de vérifier si Gaston Gérard n’en avait jamais parlé dans ses billets : « Dijon ma bonne ville ». Je suis allée aux archives municipales consulter quelque deux cents fiches de sa chronique hebdomadaire, Ces billets sont d’ailleurs reliés en deux ouvrages : Dijon ma bonne ville, souvenirs et confidences assortis de Contes et d’Histoires (325 pages) et Le miroir du coin et du temps, souvenirs et confidences, suite de Dijon ma bonne ville (386 pages) les deux chez Jobard imprimeur ».

Sources du texte il est issu de l’agrégation des pages de deux sites :

– Le Bien Public
Le blog de l’ANR

Source pour la partition : chansonsaboire

Source des images et de la vidéo des Cadets de Bourgogne.

 

web dijon

Laisser un commentaire