Le 1er janvier 1557. le peintre Jacopo da Pontormo a été retrouvé assassiné « un ciseau fiché dans le cœur ». Au service du duc de Florence, il travaillait à des fresques dans la chapelle majeure de San Lorenzo.
Le duc confie l’enquête à son homme à tout faire, Giorgo Vasari ( peintre, architecte, historien de l’art ). Tout le monde est suspect allant de l’ouvrier broyeur de couleurs à la rigoriste dévote duchesse, en passant par une flopée de peintres et même un duo de nonnes savonarolistes C’est un roman épistolaire composé de 176 lettres (d’une page et demi en moyenne) datées du 1er janvier 1557 au 10 août 1558.

Une vingtaine de rédacteurs donnent leurs versions des faits. Le lecteur ne peut faire confiance à personne. Chaque lettre est remplie de ruses, de conspirations, d’intrigues, d’alliances cachées. On apprend plein de choses sur l’époque : un pape Paul IV ancien inquisiteur qui s’allie aux Français contre les Habsbourg d’Espagne, une Catherine de Médicis qui rêve de reprendre le duché de Florence des mains de son cousin en s’alliant avec le républicain Strozzi. Une Contre-Réforme catholique rigoriste et prude condamnant la nudité en peinture. Catherine de Médicis dépeint à sa nièce Maria, la condition des femmes. « Vous souffrirez en silence les caprices de votre maître, ses emportements et ses infidélités. » En termes clairs, faites des folies de votre corps au lieu de vous enterrer dans le mariage. Ce que Maria fera, se précipitant dans une histoire d’amour avec un page, jusqu’à être enceinte. Autre scandale en vue. Et Vasari commente : « Quant à la fille, je crois comprendre que le trésor de sa virginité n’est plus à prendre, ce qui, en un sens, lui ôte un poids, en même temps qu’une partie de sa valeur.

Livre réjouissant, l’intrigue est drôle, pleine de rebondissements et de suspense. Il prend la défense des peintres et des artistes, à commencer par ceux de la Renaissance, contre la censure de tout poil.

Louisette

Sylviane Delaporte, webmestre Concarneau