09/04 – L’utilité

L’utilité La dernière fois nous avions parlé de l’art et constaté que l’une de ses caractéristiques était d’être un objet marqué par la gratuité. D’où l’idée de s’intéresser à la notion d’utilité, opposé donc de l’art. Je suis parti de la définition que donnent les dictionnaires de l’utile sachant que l’utilité est le caractère d’être utile. J’utiliserai les deux mots indifféremment.

12/02 – La pensée « woke »

Nous étions 12 ce samedi matin réunis pour débattre autour de la pensée « woke ». Il s’agit d’un mot anglais qui signifie « « être éveillé », « vigilant », il est dérivé du verbe anglais « awake » qui signifie se réveiller et dont le participe passé « awoke » a donné en argot américain « woke». Ce terme est apparu depuis une dizaine d’années, mais son origine est plus lointaine. Cette expression argotique a cheminé dans le monde africain-américain à partir des années 1960. Dans un discours à l’université Oberlin (dans l’Ohio), en juin 1965, Martin Luther King, qui évitait l’argot dans son expression publique, exhortait les étudiants à rester « éveillés » (« awake ») « pendant la grande révolution » et à « être une génération engagée ». Au milieu des années 2010, une nouvelle génération se l’est appropriée, au-delà du monde noir, et pour des usages plus variés que l’antiracisme. Si son origine est le mouvement antiraciste il s’est répandu à d’autres combats, l’écologie et l’égalité hommes femmes (« metoo »). En 2014 la mort du jeune noir Michael Brown, tué par la police américaine ainsi que de Eric Garner, décédé suite à un étranglement,  ont donné un grand écho au mouvement « Black lives matter ». Le racisme « systémique » est dénoncé, racisme qui a légitimé l’esclavage et la colonisation, arguant de l’infériorité supposée des « races » noires. Aujourd’hui si le racisme est officiellement dénoncé et sanctionné il n’en demeure pas moins qu’il est encore logé dans les esprits. En France les discriminations à l’embauche, à l’accès au logement, les contrôles au faciès montrent la persistance d’attitudes racistes. Face aux injustices et aux discriminations le « wokisme » est donc l’idée d’être conscient de ses origines et de faire valoir ses droits. Dans le domaine de l’écologie le personnage de Greta Thunberg est considérée comme un personnage woke. Et bien évidemment le mouvement « metoo », dénonçant les violences faites aux femmes est également une manifestation de ce mouvement. Il se pose en défenseur des victimes d’un système injuste, et se caractérise par la dénonciation des injustices et de leurs agents (le patriarcat blanc). Le mouvement s’est trouvé confronté à des critiques, le fait de condamner les personnes sans leur laisser la possibilité de se défendre, même s’il est justifié aux yeux des dénonciateurs par le fait que le système favorise les agresseurs (police dans le cas du racisme ou agresseurs mâles dans le cas des agressions sexuelles) en ne permettant pas de prendre en compte le discours des victimes et en ne  condamnant presque jamais les dénoncés. Le risque de règlements de compte et de créer un climat de violence est patent. La victimisation de pans entiers de la population (femmes, noirs, musulmans, homosexuels, etc.) pose également problème : comment se reconnaître dans la seule position de victime ? Le mouvement refuse aussi la contradiction et disqualifie d’emblée le discours des accusés ce qui met en danger la liberté d’expression. Toute personne en désaccord avec les « wokistes » devient un ennemi qu’il faut faire taire. Le souci de revisiter l’histoire avec les yeux du présent et nos sensibilités actuelles, fait sombrer tout le passé dans un âge des ténèbres qu’on se doit de condamner. D’où les polémiques sur le déboulonnage des statues de personnages du passé parce qu’ils ne partageaient pas les préoccupations de notre époque (et pour cause !). En confortant chacun dans notre singularité, d’individus marqués par la différence avec autrui plutôt que l’appartenance à une humanité commune on risque de porter atteinte à l’héritage des Lumières et à l’idée de l’universalité de la condition humaine. Ce qui prime ce sont les différences qui me permettent d’être reconnu dans mon individualité irréductible et non pas mon identité avec autrui, isolant chacun d’entre nous d’autrui, le transformant en un obstacle à la reconnaissance de soi, voire comme un ennemi. C’est la porte ouverte au repli sur soi et sur ceux qui nous ressemblent le plus, paradoxe d’un mouvement qui lutte contre le racisme. Enfin dernier point, l’objectivité de la recherche scientifique risque d’être remise en cause puisque certains champs d’investigation sont interdits car symptômes d’une contamination par les idées d’un système répressif. On a vu dans les universités les polémiques soulevées par les prises de position de certains professeurs. En résumé, si la pensée woke permet une prise de conscience plus aigüe sur les différents biais de nos sociétés – évidemment il n’y a pas de pensée woke dans les sociétés non démocratiques – et les injustices qu’ils induisent, on peut constater que ces injustices avaient déjà été dénoncées, le mouvement contre le racisme aux Etats-Unis est aussi vieux que le racisme et l’esclavage, le féminisme est né au 19° siècle, voire au 18° en Europe et que toutes ces dénonciations des discriminations ont conduit à des progrès. D’autre part les excès de ce mouvement woke ont permis à des mouvements d’extrême-droite de fortement progresser dans les couches populaires, la question sociale ayant été totalement laissée de côté. Mais il ne faut pas non plus confondre les excès d’une minorité intolérante avec le souci majoritaire de vouloir changer en mieux nos sociétés.

CARNET DE VOYAGE NÉPAL

Nous serons 3 (Dominique, Didier, Jean-Marc sous contrôle de Marie-Thérèse et Jocelyne) à vous présenter nos ressentis et interrogations

15/01 – L’individualisme

Nous étions 13 ce samedi réunis sur le thème de l’individualisme. C’est Philippe qui a introduit le sujet.