Le Col Saint-Michel  – Vimines, altitude 903m

Cette faille naturelle, inférieure à la crête de 60 à 100 mètres d’altitude représente bien le passage historique de franchissement de la barrière de l’Epine.

Le col Saint-Michel est un passage très ancien, emprunté depuis le début de notre ère par la voie gallo-romaine allant de Vienne à Milan en passant par Lémenc (Chambéry) et Aoste. A l’origine, il portait le nom de Montjoux puis la christianisation transforma le temple païen existant en chapelle dédiée à Saint Michel. La « mansio » romaine devint un modeste prieuré tenu par quelques moines qui accueillaient les voyageurs.

Au moyen-âge, les voyageurs ne devaient pas manquer de courage pour traverser les montagnes, mille maux les guettaient : mauvais esprits, bêtes féroces, précipices, éboulements, brigands,… et tous ces maux n’étaient pas qu’imagination.

Heureusement les « marrons » étaient là pour aider et guider les aventureux. Leur service coûtait peu. Ils guidaient les chevaux à la montée et au col les voyageurs abandonnaient leurs montures qui redescendaient seules. Les voyageurs étaient alors chargés dans une chaise en osier suspendue par quatre anneaux à deux barres de bois que les « marrons »  prenaient sur l’épaule. Tout au long de la descente, les « portés » étaient alors brinquebalés à grande allure malgré les passages périlleux. On imagine la frayeur que cela pouvait engendrer et les passagers les plus terrifiés fermaient les yeux…

Il reste peu de vestiges de cette voie en raison des éboulements et du réemploi des matériaux. Sur le chemin on retrouve des augets taillés dans des dalles calcaires pour éviter les glissades des chevaux. Au col, on peut observer les fondations de la chapelle antique. A proximité se trouve un bassin de pierre considéré comme un sarcophage. On pense qu’il aurait contenu la dépouille de Saint-Germain mort en Italie en 448.

Plus récemment, au début du XVIème siècle, François 1er, fils de Louise de Savoie, emprunte cette voie pour venir vénérer le Saint-Suaire à Chambéry. A son retour, il fut surpris par un orage et se réfugia dans une grotte qui porte aujourd’hui son nom.

Le Col du Crucifix – Saint-Sulpice, altitude 915 mètres

Légèrement plus haut que le col Saint-Michel, le col du Crucifix a une histoire plus récente.

Au XVIIème siècle, le passage des Echelles est restauré par Emmanuel II.

L’itinéraire par le col Saint-Michel se trouve alors délaissé et, faute d’entretien, devient difficilement praticable. Cependant les habitants souhaitent conserver ce passage pour relier directement Novalaise à Chambéry. En 1735, la Maison de Savoie répond favorablement à cette demande et envoie un ingénieur nommé Garella. Après étude de la situation, il choisit d’aménager un nouveau passage par le Col du Crucifix au lieu de remettre en état l’ancienne voie romaine.

Contrairement à la voie romaine qui gravit la montagne en écharpe, la nouvelle voie fut construite avec une pente régulière et plusieurs lacets. Elle nécessita de nombreux murs de soutènement et fut entièrement pavée. Les travaux s’étalèrent sur 77 ans pour se terminer en 1812 : un vrai travail de romain …

Mais ces dalles que beaucoup de gens croient romaines, sont en réalité sardes.

 

 

 

Jean-Marc Crestey