Texte et photos de Gérard Loeuillet.

Les hommes de troupe affirment que « la meilleure façon de marcher, c’est encore la nôtre… », mais à la marche nordique, rien n’est moins sûr !

L’animatrice :

  • « Allez… pique… pousse… jette tes bâtons en arrière !

Piquer les bâtons dans le sol et pousser n’est pas trop difficile à comprendre. Jeter les bâtons en arrière nécessite un peu plus de réflexion, surtout qu’ils sont attachés aux mains par des gantelets. Je n’en vois pas trop la raison, mais jusque-là, je suis.

  •  « Allez : pique, pousse… encore… plus fort… pousse ! Redresse toi, ne regarde pas tes pieds, regarde devant toi ! »

Je m’exécute avec le sentiment de retrouver l’attitude martiale que j’avais lors des exercices à la caserne pendant le service militaire.

  • « Quand tu passes le bras droit devant toi, passe en même temps la jambe gauche par devant, et fais l’inverse quand tu passes le bras gauche devant toi… »

Je réfléchis pour intégrer ce qui me paraît être de nouvelles données essentielles, mais bien entendu je me trompe en faisant l’inverse ! Cette démarche est pourtant tout à fait naturelle, alors j’en conclue qu’il ne faut surtout pas réfléchir à ce que je fais normalement par réflexe.

En dépit de mes tâtonnements initiaux, la discipline commence à produire quelques effets. Je me réjouis par exemple du fait que « jeter » mon bâton loin derrière moi apporte un supplément de puissance à la poussée.

Mais tandis que je savoure (modestement) le plaisir de progresser dans mon apprentissage, de nouveaux paramètres viennent doucher mon entrain.

  • « Quand tu passes ton bras devant toi, ne le lève pas au-dessus de la ceinture. Ton coude ne doit pas être plié : tire le bras loin devant toi ! »

 Aïe aïe aïe… les choses se gâtent : que pensez-vous qu’il puisse se passer à partir de là ? Si je pense à ce que je dois faire devant, j’oublie ce que je dois faire derrière. Pour la synchronisation, ce n’est pas encore le top, il va falloir un peu plus de temps…

Pour un peu j’oublierais l’environnement, pourtant si bucolique : ce beau sentier tapissé de feuilles mortes, cette jolie futaie percée ici et là des rayons du soleil, et la sympathique présence des autres membres du groupe qui, peut-être, éprouvent les mêmes difficultés que moi à bien faire. Mais le comble est encore à venir. Lorsque j’entends :

  •  « Gaine ton ventre, sinon çà ne sert à rien ! »,

Je suis au bord de l’abandon : comment peut-on ainsi me demander ce qui me semble presque insurmontable?

Mais je me ressaisis, car je sais qu’aux progrès déjà réalisés, d’autres viendront s’ajouter demain. Et puis, la marche nordique dans une ambiance aussi sympathique fait tellement de bien !

Alors demain, juré / craché, je continuerai à faire tous les efforts nécessaires pour mettre en pratique les conseils de la monitrice et devenir un marcheur nordique à peu près passable.  Mais, de vous à moi, je pense qu’en ville la meilleure façon de marcher, c’est encore la nôtre !

Noel Drapier