Álvaro Saieh et Ana Guzmán, couple d’amateurs chiliens passionnés par les grands maîtres italiens du Gothique à la Renaissance , ont bâti une collection privée unique (baptisée ALANA, de la contraction de leurs prénoms) rassemblant des œuvres représentatives de l’art des primitifs italiens, du XIIIeme au XVeme siècle, et plus récemment des XVIeme et XVIIeme siècle.
Ils ont choisi le musée Jacquemart-André pour cette 1ère présentation au public en hommage au couple de collectionneurs que furent Nélie Jacquemart et Édouard André.
On entre dans l’exposition comme chez eux, avec un accrochage dense et géométrique reprenant l’installation de leurs propres salons.
Le fil rouge choisi pour notre visite : la représentation de l’Annonciation.
Sur ces panneaux à fond d’or, d’un côté la richesse des tenues brodées, la beauté des auréoles en or martelé et finement ciselé, de l’autre la sobriété des étoffes, des matières et des couleurs ; le lys de la pureté (mais aussi symbole de Florence !) sera préempté par les uns, minimisé par les autres ; les ailes de l’archange Gabriel tantôt noires ailes de corbeau caravagesque, tantôt illuminées d’un blanc éclatant, se mueront en arc-en-ciel irisé dans l’œuvre de Lorenzo Monaco qui illustre l’exposition.
Certains tableaux se présentent comme de véritables bandes dessinées pédagogiques, destinées à apprendre l’Évangile aux fidèles dans les églises, voire sous forme de diptyques portatifs pour les plus fortunés.
À mesure que les techniques évoluent on passe de tempera sur bois à huile sur toile. Madones et crucifixions laissent aussi la place à des scènes réalistes comme cette Taverne de Bartolomeo Manfredi, à de riches portraits commandités comme ce très moderne Côme 1er de Médicis par l’atelier Bronzino, dont on se demande si ce n’est pas un iphone qu’il tient à la main, comme le suggère en souriant notre conférencière… et à de délicates œuvres dites maniéristes telle cette douce Vierge et l’Enfant de Gentileschi.
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