Rideaux bleus, comme dans la chambre de Marcel, tapis qui adoucit les pas, piano toujours ouvert, table couverte de paperolles, fleurs, bougeoir allumé, lumière tamisée … Ce n’était pas le salon des Verdurin, si cher au personnage
de Swann de La Recherche du temps perdu, certes, mais nous étions plongés dans un décor digne des confidences de Céleste.
Et 42 personnes en demi-cercle autour de Marie Christine de Launey.
Celle-ci nous invite à écouter ce récit étrange peuplé des souvenirs de Céleste Albaret.
Non une biographie, mais la parole, la voix, le témoignage d’une tranche de la vie du grand écrivain.
Céleste, infatigable gouvernante de ses jours et de ses nuits, surtout de ses nuits, et aussi sa confidente…
Du jour où elle entra au service de Monsieur Proust en 1913, quelques mois avant la Grande Guerre, et ce, durant huit ans, faisant revivre l’atmosphère des « années folles » jusqu’à ce terrible jour du 18 novembre 1922, le dernier de Monsieur Proust.
Marie Christine a su tenir en suspens l’attention de tous et de chacun par son récit vivant, émaillé d’anecdotes, plongés dans le flot époustouflant et abondant de la mémoire de la vieille gouvernante.
Certains participants étaient invités à ajouter leur voix au récit.
La soirée s’est achevée par des échanges entre les invités et avec Marie Christine.
Et tout en savourant la délicate attention de ceux qui ont préparé la soirée : « des petits coquillages de pâtisserie grassement sensuels, sous leur plissage sévère et dévôt, » : les madeleines de chez Jeannette, secrètement commandées par Ginette, surgies des ses souvenirs de son enfance normande.
Moment d’intense émotion : Marie Christine, au piano, remercie l’assembléear une interprétation éblouissante de la
« Fantaisie Impromptu » de Chopin. Une soirée dont on se souviendra
Bernadette et Max Collet