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Le sujet des Gobes a déjà fait l’objet d’un article il y a quelques semaines, mais l’article qui suit est un autre aspect peu connu de l’utilisation des falaises dieppoises. Cette fois, nous ne sommes pas dans les falaises bordant la mer mais dans la falaise en centre-ville de Dieppe (surprenant n’est-ce pas), très précisément Rue Montigny, une rue parallèle à la rue Gambetta. Il y a d’ailleurs d’autres falaises dans le quartier de Saint Pierre, falaises visibles entre autres au fond de l’impasse Labbé et dans lesquelles les allemands ont creusé un immense domaine (environ 1000m2 sur 10m de hauteur) pour y stocker leurs munitions pendant la guerre après qu’ils se soient fait exploser leurs réserves dans les gobes du Pollet.

Mais revenons à la Rue Montigny. Suite à la 1ère guerre mondiale et bien avant 1939, les autorités françaises avaient anticipé le fait que certaines villes (côtières entre autres) pourraient faire l’objet de bombardements et qu’il fallait créer des lieux protégés pour que les civils puissent s’y réfugier si besoin. Ainsi avait été creusées des galeries dans ce secteur proche du centre-ville. Il s’agissait de longues galeries communicantes, avec plusieurs entrées (entre autres : rue Montigny, quartier Saint Pierre, Val Druel). Ces galeries étaient équipées de bancs (taillés aussi dans le craie) tout le long d’un espace pour s’asseoir lorsque l’alerte avait été donnée et attendre la fin de l’alerte pour regagner son domicile. (Ceci m’a été raconté pas mon père, résidant dieppois, âgé de 21 ans en 1944- Jacques)

En juillet 1940, les allemands qui occupent la ville décident de réquisitionner l’hôpital pour leurs propres besoins et l’hôpital civil est déménagé dans l’école Richard Simon.

Mais lors du Raid de 1942, cet hôpital  se révèle trop près des zones de combat et tous les blessés sont transportés vers ce site  (nommé  »La Biomarine’’, du nom du Laboratoire qui occupe les lieux et qui fabrique un fortifiant à base d’eau de mer) et les galeries existantes. Un poste de secours est aménagé peu après par le Docteur Maillard.  Puis suivront le déménagement des services de chirurgie, de médecine et de maternité.  Un véritable Hôpital souterrain a été créé.

Il comprend une salle de triage des blessés, deux blocs opératoires, cinq galeries d’hospitalisation, une salle de réunion, des chambres pour les sœurs infirmières, une pièce pour le médecin de garde, le tout carrelé, éclairé, ventilé et alimenté en eau.

Pour la petite histoire, 21 bébés sont nés dans ces galeries où règne une température comprise entre 10 et 12 degrés. Parmi les noms attachés à cet épisode de l’Histoire de Dieppe ressortent ceux des docteurs Lesieur et Maillard.

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Les galeries de l’abri anti aérien seront agrandies dès la fin de 1944 pour y abriter plus de 3000 personnes. De nouvelles alvéoles seront ajoutées pour y abriter les postes de commandement de la Sous-Préfecture, de la Mairie, de la Défense Passive et le matériel des Sapeurs-pompiers !

En 2012, ce site, fermé au public depuis plus de 50 ans a été exceptionnellement ouvert au public (car la Biomarine cessait son activité) à l’occasion de la commémoration du raid du 19 Août 1942 et des 100 ans de la Biomarine. En 2 semaines et demi, environ un millier de dieppois ‘casqués’ se sont pressés pour cette visite guidée dans les entrailles de la falaise. Ils ont pu  prendre la mesure de ce qu’ont pu vivre les Dieppois lors de la guerre.

Parmi les visiteurs, Anne (une dieppoise adhérente AVF) est très émue car elle est la petite fille du Docteur Maillard et on lui a maintes fois raconté l’histoire ; non seulement son grand-père y était l’un des illustres médecins mais sa mère y était infirmière et sa tante y a accouché de son cousin, l’un des 21 bébés.

Anne et Jacques

 

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