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aquarelle
à vau-l’eau
engloutir
fluide
mangrove
oasis
ondée
plouf
ruisseler
spitant
Ces dix mots étaient proposés dans le cadre de la semaine de la francophonie 2020.
Plus d’infos sur dismoidixmots.culture.fr

4 commentaires sur “Jeux de confinement”

  • Pas facile la contrainte…

    Il fallait se rendre l’évidence, ses projets allaient à vau-l’eau.
    Il avait cru que cet oasis tropical, serait une source d’inspiration, réactivant le fluide magique de sa créativité, mais il fallait bien se rendre à l’évidence, c’était un plouf
    magistral !
    Depuis son arrivée, les pluies se succédaient. Le ciel et les paysages n’étaient plus qu’un camaïeu de gris et de beige.
    La dernière ondée semblait vouloir tout engloutir y compris son moral.
    Lui si spitant habituellement, était à l’image du temps… Morne, éteint.
    De sa fenêtre, il regardait l’eau ruisseler, sur le sol détrempé.
    Les abords de la mangrove devaient être impraticables. Impossible dans ces conditions, d’aller peindre une quelconque aquarelle.
    C’était pourtant le but premier de ce voyage. Demain peut-être…

  • La nature bruisse, paisible. Le canoë glisse doucement dans la mangrove et nous découvrons les palétuviers, les crabes, les frégates superbes. Les mâles de cette espèce, entièrement noirs, attirent notre regard avec leur sac gulaire rouge vif, sous le cou, qu’ils gonflent lors des parades nuptiales.

    L’eau est bleue, verte, fluide, transparente. Seul son clapotement et la voix de notre guide qui nous raconte maintes histoires et nous fait partager sa passion de cet écosystème rompent le silence ouaté qui nous enveloppe.

    Ce magnifique paysage, digne d’une aquarelle, et cette apparente sérénité entraînent mes pensées vers un autre paysage, celui de mon enfance.
    Les souvenirs ressurgissent : on entendait l’eau du torrent ruisseler sur les rochers, les truites bondissaient hors de l’eau, puis retombaient dans un plouf retentissant, les oiseaux égrenaient leur chant joyeux et se réfugiaient dans les arbres dès qu’une ondée survenait.

    Mon esprit s’évade dans ce passé à la fois heureux et douloureux. De tristes pensées surgissent dans ma mémoire et menacent de m’engloutir.

    Mais soudain le cri d’un enfant spitant me ramène à la réalité. Je suis dans une oasis de verdure et de limpidité, où tout semble angélique. Rien ne vient perturber ce refuge, bien loin du monde qui part à vau-l’eau. J’emmagasine cette beauté, ces images idylliques au fond de ma mémoire. Elles m’aideront à supporter le quotidien après ce fabuleux voyage.

  • C’est le déluge, la catastrophe, la fin du monde. De l’eau partout ! Ça coule, ça glougloute, ça ruisselle. Les provisions péniblement amassées sont englouties, les kilos de spaghetti irrécupérables.
    Au milieu de la pièce, une oasis de papier toilette s’est formée.
    Toutes mes possessions croupissent dans une mangrove. Je m’attends presque à voir arriver un crocodile. Je ne serais pas étonnée d’entendre le plouf d’une poule d’eau.
    Le contenu de trois cadies pleins à craquer de denrées indispensables forme maintenant un magma répugnant sur le sol.
    Mes espoirs d’un confinement paisible sont définitivement anéantis. Je me revois hier matin, en jogging et baskets, déterminée à me battre si nécessaire pour arracher le dernier paquet de coquillettes encore en rayon. De ma démarche fluide, je louvoyais dans les allées, à l’affût du produit qui risquait de me faire défaut le jour où une soudaine envie de tartiflette ou de ficelles picardes me tarauderait.
    Quand je pense à mes soixante douze rouleaux de Moltonel triple épaisseur. ..une boule me monte à la gorge.
    Et à qui la faute ? Aux incapables qui croient gérer l’entretien de cette maison alors qu’ils laissent tout partir à vau l’eau.
    Un chuintement matinal, une brève ondée perçue à l’étage m’auraient alertée mais hélas rien, pas un signe avant coureur.
    Absorbée par la composition de ma dernière aquarelle, pour une fois nullement dérangée par un conjoint mélomane ou un rejeton spitant, je vivais mes dernières minutes d’insouciance.

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