Café-thé-chocolat

Chaque événement aux AVF s’avère inattendu.

Ce soir-là, en la personne de Bernard Romagnan nous avions un conteur provençal, haut en couleur, aux gestes amples, porteurs de promesse de voyages lointains entre thé, café ou cacao, au XVIIème siècle.

Le café s’arrogeant alors tous les suffrages de l’époque, nous nous contentâmes de l’est Africain et de l’Ethiopie d’où partaient les cargaisons du subtil arôme.

C’est ainsi que les marins tropéziens bien avisés, contrôlant une zone allant de Hyères à Fréjus, armèrent des bateaux, les partagèrent en « escot », quote-part qui leur reviendrait lors de transports et échanges de marchandises aussi variées qu’un harem embarqué à Alexandrie. Rien de plus normal connaissant la destination finale dans l’empire Ottoman ! au passage on n’oubliait pas ce café que les Turcs dégustaient à profusion. 

Prisé par les marins, il se répandit alors aux abords de notre cher golfe et jusqu’à Marseille où son commerce se développa rapidement.

Du tripot où se consommaient vin et café à la faveur de parties de cartes, jusqu’à la demeure de l’évêque de Fréjus aux multiples et raffinés services à thé en porcelaine, sans oublier les humbles demeures où se torréfiait le café à l’aide d’une poêle, cette boisson stimulante devint le must de l’époque.

Un beau jour le coût de ce café devint trop cher. Or pas question de s’en priver. Des plants de caféiers furent alors acclimatés aux Antilles et la route du commerce s’inversa. Toutefois le rituel, les objets qui permettaient de le préparer, de l’apprécier, tous importés d’orient perdurèrent. On en façonna en France, le seul bémol fut l’interdiction d’objets en or ou argent qui auraient limité la fabrication de monnaies de valeur.

Après de généreuses agapes et forts de « la couleur café » qui nous vînt de si loin, une part « d’opéra » bien sûr café-chocolat, conclut cette chaleureuse soirée.

Brigitte Perrier.

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