FLORENCE voyage organisé par Marie-Claude MALMGREN![](https://avf.asso.fr/var/images/publi_2014-10-12-au-16-la-toscane-par-kmarc-50-.JPG)
Florence, ville des fleurs, fleur des villes. On ne raconte pas Florence, on y va. La voir le matin, avec le soleil sur le dôme de la cathédrale, les collines douces avec cyprès et oliviers, la brume sur les toits des palais. Florence est lumière et beauté.
Pour en parler, il convient de présenter 4 personnages : la Comtesse Mathilde qui favorise l’émergence de la ville – Dante et ses amis Boccace et Pétrarque qui donnent naissance à la langue italienne, Laurent le magnifique qui lui offre de l’éclat grâce à la fortune et Savonarole l’illuminé et sa morale religieuse.
Le titre ancien de comte (Sénat romain, Charlemagne) installe une noblesse dirigeante, responsable de l’ordre, de préférence alliée avec la Papauté, mais bientôt aux prises avec les cités marchandes qui demandent leur autonomie. Ce sont de nombreux grands seigneurs enrichis, une nouvelle classe dirigeante alors en difficulté avec le pouvoir officiel partisan de l’évêque. En 1073, Mathilde séparée de son mari est toute puissante alors que guelfes et gibelins se font rivaux et menacent l’équilibre du comté toscan.
L’empereur germanique Henri IV menacé de déposition par les princes germaniques car il est excommunié est venu près de sa cousine, Mathilde, 30 ans, belle avec ses éperons d’or (signe de gouvernance). Le pape, inquiet, cherche protection chez « la chère fille de saint Pierre ». Le 22 février 1077, il neige et le délai se termine. Tous sont à Canossa, Mathilde, Grégoire VII, Henri IV : c’est le 3ème jour, l’empereur est en chemise, pieds nus, à la porte du château, agenouillé dans la neige et il implore la miséricorde du Pape. Mathilde plaide sa cause, le Pape se fait prier, l’empereur crie son repentir et l’excommunication est alors levée. « Aller à Canossa ». Pape et empereurs resteront cependant en lutte. C’est une grande victoire de Mathilde et de Florence. Tant que la comtesse Mathilde de Toscane est vivante, toute puissante dans le comté de Toscane, elle maintient l’équilibre dans la péninsule, du Piémont au Latium. Pleurée à sa mort, Tessa devient un prénom courant (comtessa).
Dante . (Durante degli Alighieri), poète, écrivain, homme politique florentin- né en 1265 (Florence) et meurt en 1321 (Ravenne). Il est le père de la langue italienne avec Boccace et Pétrarque (3 couronnes). Or, un soir, Dante (43 ans), et ses compagnons quittent Florence. Deux clans sont en révolte, le popolo allié aux nobles pauvres (noirs) et les roturiers enrichis (blancs, autonomie de la ville). Dante, prieur de Florence en 1330, désigné ambassadeur près du Pape, est blanc. Sa démarche échoue, le pape appelle Charles de Valois pour rétablir ordre et obéissance à la ville en 1301. Emeutes dans toute la ville incendiée, victoire des Noirs, et le 27 janvier 1302, Dante est condamné (gains illicites, insoumission), en mars, menacé du bûcher, ses biens confisqués. Il est banni de Florence où il ne reviendra pas. Le poète s’exprime alors avec le souvenir de Béatrice, cet amour sublimé, après 2 rencontres (Béatrice à 9 ans, puis 9 ans plus tard, sa mort à 24 ans). La divine comédie (1306) : son oeuvre est sous la forme d’une allégorie philosophique où passion, désespoir, errance, repentir s’expriment en toscan et non en latin. Ce chef-d’oeuvre de la littérature mondiale est un voyage imaginaire dans une forêt sombre avec Virgile pour guide, l’entrée dans l’au-delà, la vision des 9 cercles de l’enfer, des 7 gradins du purgatoire, et des 9 sphères du paradis où il retrouve Béatrice. Dans ce voyage initiatique, il rencontre des philosophes, des personnalités locales, des figures célèbres ou anonymes. C’est un savant mélange de lieux imaginaires et d’expériences concrètes.
Pétrarque 1304/1374 suit son père banni, à Pise, à Marseille, dans le comtat Venaissin (Carpentras), à Montpellier, la Cour d’Avignon, à la fontaine Vaucluse. Il emploie le toscan dans ses poèmes pour Laure, toute une poésie amoureuse à influence durable considérable. Couronné prince des poètes.
Boccace 1313/1375 son oeuvre narrative (le décaméron : cent nouvelles en italien) 10 jeunes gens écrivent une histoire sur 10 jours –thème choisi la veille, temps de la peste) en prose vulgaire. C’est le reflet de la société bourgeoise de l’époque, une satire du clergé, le thème est celui de l’amour, du monde féminin et la parole est leur amie. Il se lie d’amitié avec Pétrarque, admire Dante.
Tous trois sont appelés les trois couronnes de la langue italienne
Les Médicis ! Grande famille patricienne. On peut célébrer la beauté de Florence à travers le plus illustre des Médicis, Laurent dit le magnifique, que l’on dit laid, sans élégance, mais charmeur, intelligent et sachant concentrer toute la puissance de l’état dans sa personne. Cette bourgeoisie d’affaires, adepte du mécénat et du collectionnisme est au pouvoir depuis 1360. Jean fonde une banque en 1397, la plus importante avec l’acquisition d’ateliers de laine à Florence. Nommé Prieur des arts mineurs, il est aussi le 2ème citoyen le plus riche de la ville. Son fils Cosme (l’Ancien) est 1er dignitaire de la ville en 1434. C’est un mécène qui protège les humanistes, les artistes et les savants. Il s’intéressa également à la recherche de manuscrits anciens et récents, ce qui lui permit d’ouvrir la bibliothèque laurentienne, première bibliothèque publique d’Europe. Il est à l’origine du trésor des Médicis que chacun de ses successeurs enrichira. Les princes étrangers considérent Cosme comme le “seigneur de Florence”. Position transmise à son fils Pierre, puis à son petit-fils Laurent surnommé le Magnifique. Il encourage les arts et les lettres et soutient les plus grands artistes de son époque, Le Verrocchio, Léonard de Vinci, Botticelli ou Michel-Ange. Sa vie personnelle peut être regardée comme une oeuvre d’art. Un complot, (rivaux bancaires, roi de Sicile et Papauté) en 1478 doit éliminer les deux fils Médicis, Laurent et Julien, dans la cathédrale, à la fin de la messe de Pâques. Julien meurt, Laurent est blessé et se cache dans la sacristie. La foule pend les conjurés (évêque, 2 prêtres et un Pazzi) aux fenêtres du palais de la Seigneurie. En réaction, Laurent se fait tyrannique et gouverne avec un conseil étroit dont il nomme les membres. Il est l’arbitre de l’Italie, le Seigneur, et son fils Jean enfant est cardinal. Le 8 avril 1492, Laurent, malade, jeune encore, il a 47ans, demande la venue de Savonarole à son chevet pour recevoir l’absolution. Les voilà face à face. « As-tu la foi ? –Oui, j’ai la foi. – Tu en as mal usé. » Laurent promet, guéri, de vivre autrement.. « Il faudra restituer tes richesses car elles ont été mal acquises – Soit – Tu rendras la liberté à Florence. » Laurent détourne la tête, ne répond pas. Savonarole part, l’absolution ne lui est pas donnée.
Qui est Savonarole ? C’est un moine, né à Ferrare en 1452, dominicain au couvent de saint Marc à Florence. Il a 29 ans, on le dit petit, chétif, au visage émacié, avec un profil d’aigle, un regard de feu, d’une grande ardeur spirituelle. Il s’habille de drap grossier, sa cellule est nue, son lit est une claie de roseaux. Il s’élève contre le luxe, la recherche du profit, la dépravation des puissants et de l’Église, la recherche de la gloire. Il se dit être le prophète, l’inspiré, la parole de Dieu. Or, Pierre de Médicis, fils de Laurent, accepte, à la demande de Rome, l’alliance armée du roi de France dans la ville. Il est bien vite expulsé par les Florentins. 1495, un cri dans les rues : Florence est libre.
Savonarole s’installe dirigeant de la cité République chrétienne et religieuse et Jésus est déclaré roi du peuple florentin. Le système d’imposition est modifié, la torture abolie, l’usure dénoncée, les pauvres secourus, et la sodomie passible de la peine de mort. En 1497, de jeunes garçons, armée des anges, sont envoyés de porte en porte pour collecter tous les objets liés à la corruption spirituelle : les miroirs et cosmétiques, les images licencieuses, les livres non religieux, les jeux, les robes les plus splendides, les nus peints sur les couvercles des cassettes, les livres de poètes jugés immoraux, comme les livres de Boccace et de Pétrarque sont brûlés sur un vaste bûcher dit des vanités, Piazza della Signoria, le 7 février 1497. Mais à Rome, le Pape Alexandre VI s’inquiète, la cour du Vatican se plaint, et Florence se divise. Savonarole, bientôt excommunié, prié de ne plus sortir de son couvent se perd en sortant distribuer la communion à ses fidèles accourus. Arrêté, jugé par le tribunal de l’Inquisition, il est soumis à la torture puis condamné au bûcher. Le 23 mai 1498, la sentence est exécutée sur la place de la Seigneurie. D’abord pendu, (mort du corps) avec deux compagnons, calme, il s’écrie dans les flammes (le feu purifie l’âme) : « mes frères, ne doutez jamais ! ». Ses cendres sont jetées dans l’Arno.
Bientôt, les Borgia seront à Rome, les Médicis toujours à Florence avec trois papes (1737, décès du dernier grand duc,) mais si la ville perd de son influence politique en Italie, le mouvement appelé Renaissance, l’humanisme est né dans ses murs, et encouragé par la magnificence des Médicis, il fait bien partie de l’histoire de l’humanité.