Ce 16 Mars 2023, nous quittons Meaux pour Sucy-en-Brie. Le soleil sera présent toute la journée. Nous avons été accompagnés toute la journée par une guide remarquable. Attachée au Patrimoine de la Ville, elle participe efficacement au gros effort apporté pour le restaurer et le faire connaître.

Au 10è s, le village de Sucy, essentiellement agricole, est offert par Estienne de Paris au chapitre de Notre-Dame. L’évêque de Paris gère la forêt qui fournira la charpente de Notre-Dame. Le village est construit en brique et torchis,  avec une rue commerçante et des terres agricoles qui descendent jusqu’à la Marne. Proche de Paris, Sucy accueille les résidences secondaires de nombreuses personnalités proches de la royauté. En 157, François de Cirier y possède une Maison seigneuriale.  En 1640, Jean-Baptiste de Lambert de Thorigny, Conseiller financier de Louis XIII, propriétaire d’un bel Hôtel particulier à Paris, y fait édifier une Ferme forte. Sans enfant, il la  lègue à son frère cadet Nicolas.

 

Celui-ci entreprend la construction du Château, en 1760, en faisant appel aux artistes de Versailles comme Le Vau, Le Brun…Il fait édifier un beau bâtiment classique avec des Jardins à la Française, un portail massif, une cour qui englobait une fontaine publique et qu’il ne pouvait clore. Un accord fut conclu : une grande fontaine fut construite à l’extérieur du domaine. Il put clore et ajouter une orangerie et une métairie….Le domaine ne subit pas de dommages à la Révolution : les nouveaux propriétaires, les Giroux, très appréciés, ont donné 3 Maires à la Commune… Parallèlement, la Ville se modernise avec un réseau d’assainissement, une première classe, avant la loi de Jules Ferry… Le Parc du Château est transformé en Jardin à l’Anglaise avec des fabriques.  Pendant les deux guerres, pas de destruction. En 1950, la Famille de Berc revend le château à la Caisse des Dépôts et Consignations qui y construit des immeubles en périphérie. Le Château est abandonné et pillé. La toiture s’effondre.  En 1969, la Mairie qui veut protéger son Patrimoine le rachète et le répare à partir de 1990. Il existait 6 châteaux à Sucy, il en reste 4…Entre autres, le Château de Montaleau qui appartenait au Grand-père de Mme de Sévigné, le Petit Val au frère de Mme de Pompadour….Nous visitons l’intérieur du Château de Sucy, devenu Conservatoire de Musique, restauré par les Monuments Historiques. Depuis la Cour, nous pénétrons dans un grand hall fermé qui présente un aspect classique avec ses belles et puissantes colonnes en calcaire coquillier, travaillées à Trilport et acheminées par la Marne. Les frises sculptées présentent des scènes de guerre. Des frontons triangulaires, deux bas-reliefs avec Hercule renforcent l’apparence classique du hall. Le château étant construit sur la Ferme forte du XVIès, nous découvrons les cuisines et les pièces en sous-sol, installées dans cette partie ancienne. Elles sont éclairées par la lumière du jour grâce aux grandes fenêtres. C’est une puissante et belle architecture aux plafonds voûtés, à l’appareil de grosses pierres. Une immense cheminée et son four à pain, un puits intérieur accentuent l’aspect massif de ces pièces. Nous longeons de nombreux celliers. La glaciaire s’enfonçait sous la colline.

Nous rejoignons l’intérieur du bâtiment classique avec son grand salon au beau parquet du XVIIès, en chêne travaillé en »point de Hongrie ». Le plafond peint est restauré. Les appartements privés ont un plafond de l’école de Le Brun : Apollon, anges, licornes…Sur la cheminée de bois peint (décorative), de nouveau des licornes, symboles de la famille Lambert. Le dieu solaire en hommage à Louis XIV…  Dans la Salle à manger, un très beau plafond du XVIIès, des encadrements du XVIIIè, des poutres peintes, des décors des 4 saisons avec cornes d’abondance, le tout, restauré dans les années 2000, permet d’imaginer la beauté originelle des lieux.
Nous prenons notre repas à La Terrasse Fleurie, chez un traiteur, dans un cadre raffiné. Repas parfumé et soigné.

               

 

Nous reprenons le car pour rejoindre le Fort de Sucy, construit en 1880, sous la direction du Général Séré de Rivière, sur un terrain de 3ha5. Il appartient à la 2è ceinture fortifiée de Paris et est contemporain de ceux de Champigny et Villeneuve-Saint-Georges. Il n’a jamais été utilisé. Maintenant géré par les services municipaux, il accueille les Associations et la Police de la ville. On y voit les ruines d’un grand bâtiment, détruit par les Prussiens, qui hébergeait les dortoirs. Il était approvisionné par les agriculteurs et les commerçants de la Ville. Il avait sa propre boulangerie . Nous parcourons les parties rénovées et entretenues : le Pont-Levis, les souterrains qui abritaient les canons, les salles de réserves aux belles voûtes. Petit musée de la guerre. Nous rejoignons les douves sèches ce qui nous permet de découvrir le système de défense.

C’est ensuite un circuit nature qui nous permet de découvrir la grande biodiversité du site respectueux des espèces animales et végétales qui y réapparaissent. Sur les arbres ensoleillés, nous nous amusons à observer les ébats de nombreux écureuils gris ou roux, bien peu farouches !!!

Ce fut une agréable et intéressante journée avec une guide passionnée.

Merci à Jacqueline Martin, l’organisatrice. Merci à Sylvie l’experte en conduite.

Texte de Nicole Forest, photos de Marc Grouzard, mise en page de Charles Delbarre.