Un goût de » revenez-y » nous conduit à ECOUEN pour une halte gourmande à l’occasion du repas de fin d’année au restaurant IL MAESTRO. Nous commençons avec un agréable apéritif à l’italienne sur la terrasse qui surplombe le beau parc de la ville.Une grande tablée nous réunit ensuite dans la salle-véranda pour déguster un repas raffiné : pâté en croûte avec salade mélangée, escalope à la milanaise accompagnée de ravioles aux épinards, excellent tiramisu maison garni de fraises. Le tout arrosé, au choix, de vin italien rouge ou blanc au bel arôme.

 Nous partons ensuite pour l’Abbaye de ROYAUMONT où était prévue une visite des jardins, complétée pour notre grand plaisir, par celle du bâtiment. Nous nous séparons en 2 groupes avec 2 guides de qualité.

Le potager-jardin médiéval est un espace évolutif qui accueille des expositions végétales avec des thèmes qui changent tous les 3 ans.Nous le visitons, malheureusement, à un moment de travaux et de renouvellement. Notre guide s’initie et s’adapte à cette nouveauté, avec humour… Ce « Jardin des Neuf Carrés » est un laboratoire d’observation de plantes anciennes rencontrées encore mais dont l’utilisation ou la symbolique ont été oubliées à notre époque.Notre guide nous en fait revivre l’histoire .

Nous pénétrons dans l’Abbaye, ensemble de bâtiments gothiques aux puissants contreforts.Nous nous arrêtons dans le réfectoire des frères convers (affectés aux tâches matérielles), grande salle aux imposantes voûtes.Nous passons ensuite dans celui, plus prestigieux, des moines de noble extraction. Grande salle aux hauts plafonds voûtés, au pavage armorié refait à l’identique, aux vitraux colorés, avec une très belle chaire de lecture.Nous poursuivons par la grande salle des anciennes cuisines à l’imposante architecture.Nous passons ensuite par le vaste cloître aux élégantes colonnettes, aux clés de voûtes à décor végétal , et qui conserve encore son armarium, niche destinée aux manuscrits.Nous sortons par les ruines de l’ancienne église abbatiale dont subsiste seulement la très majestueuse tour d’escalier.

L’histoire de Royaumont commence en 1226 avec la mort de LouisVIII qui demande qu’on vende ses joyaux et ses couronnes pour fonder un monastère dédié à la Vierge. La mise en oeuvre se fait attendre car son fils Louis IX n’est pas majeur. Celui-ci choisit l’ordre des Cisterciens auquel la famille royale était attachée depuis des générations, surtout chez sa mère Blanche de Castille. A sa création l’Abbaye abritait 114 moines et 40 frères convers. St Louis surveilla de très près la construction, participant même à certains travaux de chantier avec ses compagnons. Il la dota généreusement et y resta attaché toute sa vie, partageant fréquemment la vie des moines dans les tâches les plus humbles. L’Abbaye devint, par ailleurs, rapidement, le lieu de sépulture des Enfants de France exclus avec les Reines de St Denis »le cimetière des Rois de France ».

Au début du XIVè s, la nomination par les rois des abbés « commendataires »appauvrit l’Abbaye. Avec l’apparition en 1702 de « la mense conventuelle »et de »la mense temporelle » cela s’aggrave.Les Harcourt, dont le tombeau se trouve actuellement dans le réfectoire y avaient une vie de mondanités et entreprirent des travaux d’embellissement extérieur.Un Palais d’inspiration palladienne qui dominait le parc fut construit. En 179, les ordres monastiques supprimés, Royaumont devient Bien National.Les biens meubles dispersés, le Marquis de Travanet l’acquiert et y installe une filature. L’église abbatiale est détruite, les pierres récupérées pour construire des logements ouvriers.Le bâtiment des latrines est consacré au lavage des laines avec une roue hydraulique, des machines tournent dans la salle du chapitre et la salle des moines. Dans le réfectoire, on installe des fourneaux et des ateliers. La manufacture ferme en 1812. En 1815, on y installe des machines à filer et à tisser des châles et des indiennes. La famille du propriétaire tient salon et accueille la grande bourgeoisie parisienne.

Rachetée en 1864, elle se restaure avec le concours de l’architecte Louis Vernier qui restitue le plan d’origine à partir d’anciens documents. Le village ouvrier est détruit. Des religieuses s’y installent jusqu’à la » Séparation de l’Eglise et de l’Etat » en 1905. 

En 1936 Jules Gouin¨rachète l’Abbaye qui est classée en 1927. Avec cette famille, Royaumont s’ouvre aux artistes et aux musiciens.Le confort moderne y est apporté.En 1947 s’y installe le « Centre Culturel International de Royaumont ». Un magnifique orgue Cavaillé-Coll y est installé dans l’ancien réfectoire en 1936. Notons que pendant la Première guerre mondiale, les bâtiments accueillent un hôpital militaire écossais très actif .

Texte : Nicole Forest ; photos : Marc Grouzard ; mise en page : Charles Delbarre