De l’industrie à l’histoire.

Jeudi 29 Février 2024, nous prenons la direction des Hauts de France. A Francières, dans l’Oise, nous visitons une des plus anciennes sucreries de betteraves de France, fondée en1829. Elle est classée aux Monuments historiques grâce à son Association. Un jeune guide nous accompagne et nous conte la vie des propriétaires successifs mais aussi des hommes et des femmes qui y travaillèrent. Il nous explique l’élaboration du sucre de la culture de la betterave jusqu’aux différentes étapes de la fabrication. Malgré le froid ambiant qui régnait dans ces anciennes constructions de briques, ouvertes à tous vents, notre guide a réussi à nous intéresser .

Nous partons pour Pont-Sainte-Maxence où nous dégustons des spécialités régionales au restaurant l’Art d’Oise. Avant  Pontpoint, nous faisons étape à l’Abbaye Royale du Moncel. Restaurée peu à peu, elle est gérée par l’Association du Club du Vieux Manoir qui nous fournit une guide passionnée. Le site, occupé depuis les Carolingiens, fut repris par Philippe le Bel qui y construisit un château à la lisière de la Forêt d’Halatte, à la fin du XIIIè s. On voit encore les deux » Tours de Fécamp », restaurées. L’Abbaye est construite en contrebas en 1309. Elle se compose de 3 bâtiments qui étaient complétés par l’église qui fermait la cour. Elle fut détruite à la révolution. L’Abbaye fut confiée aux Clarisses,ordre fondé par Isabelle de France. Elles appliquaient la Règle des Franciscains : chasteté, obéissance, clôture. Si la pauvreté individuelle existait, la communauté était très riche grâce aux nombreuses donations. On peut penser que la création de l’Abbaye fut un acte de réconciliation avec le Pape, après l’affaire des Templiers, acte très important sur les plans religieux et politique. Clément V, en 1312, approuva le projet. Entreprise par les Capétiens, l’abbaye sera terminée par les Valois. C’est en 1316 que les 12 premières religieuses s’y installent, toutes filles de la Haute Aristocratie. La règle fut très adoucie : les grands dortoirs collectifs du premier étage, sous la charpente, furent remplacés par de confortables cellules. L’Abbesse se fait construire une grande maison à l’aile nord-ouest de la cour. Nous pouvons encore admirer les splendides charpentes du XIVè s, en coque de bateau renversée qui couvrent les trois ailes de l’Abbaye, construites avec des chênes imputrescibles de la Forêt d’Halatte. A la Révolution, l’Abbaye est vendue, l’église détruite. Les pierres sont vendues. les bâtiments rachetés par un marchand de vin qui utilise les immenses celliers du XIVè s aux voûtes et colonnes en gothique primitif. Avec ses croisées d’ogives, ses retombées d’arcs, la perspective du Grand Cellier est somptueuse. Dans le cellier, on découvre une grande voûte en arc surbaissé. L’espace au sol, entièrement libéré permet de l’utiliser pour des rassemblements. Le Réfectoire des Clarisses est couvert de fresques du XIVè s, dont la magnifique Vierge du Moncel et au nord, Saint Michel terrassant le Dragon. Un très bel escalier, pris dans l’épaisseur du mur conduit à une chaire éclairée par 2 baies. Dans le Chartrier ,nous admirons la fusion des voûtes d’ogives avec les colonnettes d’une pile annonçant le gothique flamboyant. A l’extérieur de l’Abbaye, nous découvrons le beau bâtiment de la Maison des Pères. Ils étaient au service des religieuses .On y logeait aussi les nombreux visiteurs. Il servit d’hôpital pendant les épidémies de peste.                

Merci à Françoise Delorme pour cette belle sortie.

Texte de Nicole Forest, mise en page de Charles Delbarre, 

Vue de la sucrerie de Francières depuis l’Ouest. De gauche à droite : l’école/anciens logements ouvriers (années 1850) ; le logement patronal (fin XIXème, début XXème) ; la halle « Thirial » (1829) ; les conciergeries (1829) ; la cheminée (vers 1860) ; les bureaux (années 1930) ; les bascules ; la deuxième distillerie (1880).

 

Vue partielle de la galerie nord du cloître et réfectoire (à g.), salle capitulaire et chartrier (à dr.)