Ce Mardi 29 Août départ matinal pour Guédelon. En forêt, dans une ancienne carrière, des oeuvriers construisent la reconstitution d’un château fort du XIIIè siècle. Les matériaux et les outils, après de nombreuses recherches archéologiques, reprennent ceux utilisés au Moyen-Age. L’aventure commence en 1979 avec la restauration du Château de Saint-Fargeau incendié, racheté par la ville puis revendu à bas prix à 2 jeunes passionnés. Pour se financer, ils y créent un spectacle et reçoivent l’aide d’artisans locaux. Saint-Fargeau étant un château d’origine médiévale, l’idée leur vient de la construction d’une copie d’un château fort complet. Cela séduit d’autres personnes et l’aventure commence. Intéressés, des archéologues se mobilisent. On visite d’autres bâtiments de la région, on étudie des enluminures anciennes qui représentent la construction de châteaux. On expérimente, on reproduit des outils d’époque. C’est un chantier expérimental. Le lieu choisi et les environs offrent tous les matériaux nécessaires : grès ferrugineux, bois, argile, eau…Des spécialistes et architectes des Monuments Historiques, séduits par le projet, rejoignent l’équipe. On choisit le type de château : un petit château seigneurial édifié à la période des croisades.Tout est archivé : matériaux, techniques , rencontres de problèmes, résolutions…Le déboisement réalisé, on doit « couler »les fondations. On concasse et tasse les pierres de la base. En 1998, des jeunes en insertion professionnelle et de jeunes compagnons rejoignent le chantier. Les pierres du soubassement sont soigneusement taillées d’après un gabarit mais il faut les monter. Que choisir comme mortier ? Avec quel type de chaux ? Il y a des divergences mais le choix est fait et satisfait tout le monde : le château bouge, prend sa place mais il n’apparaît aucune fissure. Les murs sont montés en pierres de grès irrégulières qui alternent avec des bandes de pierres taillées.Peu coûteuse cette construction peut résister aux catapultes.  Le chantier expérimental est ouvert au public et s’autofinance, dès la seconde année, avec les entrées. On peut établir des contrats réguliers avec paie. Les conditions de travail sont contrôlées au niveau de la sécurité et cela entraîne quelquefois des problèmes par rapport au désir d’authenticité du chantier. Des compromis sont acceptés, par exemple sur les échafaudages avec les boulins les jambettes qui maintiennent le plateau pour l’édification des murs : ainsi le bois résineux sera travaillé en scierie, les boulins seront métalliques… Avec l’élévation des murs, l’échafaudage remonte peu à peu et on peut distinguer les trous d’ancrage sur le mur extérieur. Le  grès ferrugineux est utilisé pour les murs et le calcaire, plus prestigieux, pour le tour des fenêtres et des portes, sur la chapelle les colonnes et pour les éléments intérieurs. Le travail du tailleur de pierre est minutieux, lent programme à l’avance. Le choix des pierres se fait au son pour détecter les imperfections. Entre les murs extérieurs et intérieurs, on utilise les débris pour le remplissage. Un cabanon de pierres, sur la carrière, abrite les outils.

Nous pénétrons dans la cour, par une partie ouverte de l’enceinte où il reste à construire la muraille et une tour. Sur l’entrée principale, le pont levis reste à édifier, la herse à mettre en place. L’assommoir est fait. Une hésitation porte encore sur le choix de mettre ou non les douves en eau… Une petite poterne permet déjà, au nord, l’accès par un escalier en vis très étroit. Les bâtiments sont couverts pour certains en tavaillons, pour d’autres en petites tuiles. Dans la cour ont peut voir de près  un monte charge fait d’une grande roue qui était actionnée par des hommes au statut dévalorisant.  Nous pénétrons dans le long bâtiment seigneurial par l’immense cellier du rez-de-chaussée. Les murs y sont recouverts de chaux pour assainir les sols recouverts de carreaux de terre cuite, D’étroites et profondes ouvertures éclairent faiblement et aèrent la pièce. Nous rejoignons l’étage d’habitation. Nous commençons par la visite de la chambre du seigneur avec sa belle cheminée au linteau de bois décoré de motifs peints. Le sol est recouvert de carreaux colorés et travaillés, les murs sont décorés de motifs floraux peints à l’ocre. L’ocre est récupéré lors de la taille du grès ferrugineux. La poudre prend des tons du jaune au noir, en passant par l’orange et le marron selon le degré de chauffage. Les fenêtres sont fermées par de la toile de lin huilée et décorée. La grande salle qui servait à diverses activités est décorée de la même manière avec ses beaux carrelages, son immense charpente à la structure voûtée complexe. Nous rejoignons la cour et empruntons un étroit escalier en vis qui mène à la salle d’arme puis à la gracieuse petite chapelle seigneuriale : petite pièce décorée à l’ocre avec sa jolie charpente ronde, sa belle fenêtre gothique garnie de lin peint à la manière et dans les couleurs des vitraux : la couleur est réservée à Dieu. Après un agréable repas dont le plat principal offrait une sauce très parfumée, nous partons à la découverte des ateliers : tressage, poterie avec son four pour cuire les objets et les petites tuiles, tailleurs de pierre, menuiserie avec fabrication des tavaillons, Charpentier avec l’équarrissage  des poutres en bois vert (et non séchées plusieurs années !). Cet atelier fait la formation pratique de charpentiers qui travaillent pour Notre-Dame de Paris. Nous continuons à parcourir l’amorce du village médiéval en passant près du four banal. près de la tour en bois construite au début du chantier et qui sera remplacée par l’église. Pour ce faire les artisans visitent des églises locales du XIIIè s afin d’établir les plans définitifs. Nous descendons enfin par un joli chemin forestier pour découvrir le moulin à blé. Malheureusement il ne fonctionnait pas, par manque d’eau pour entraîner la roue !!

Merci pour cette belle journée passionnante et ensoleillée.

Texte de Nicole Forest, photos d’Isabelle Greffe, mise en page de Charles Delbarre.