En ce matin du 12/01/2023, arrivée à Beauvais avec vent, pluie et froid. Cela nous suivra toute la journée avec,  heureusement, peu de temps passé en plein air. La même guide nous accompagnera tout au long. Ce fut un plaisir de la suivre pour sa compétence, sa gentillesse et son humour.        

Nous commençons par la visite de la MALADRERIE St LAZARE (12è-13è) qui accueillit d’abord les lépreux puis les pestiférés au XVIIè. C’est un grand ensemble de bâtiments, construit sur un site de 3 hectares, entouré de hauts murs. Le premier édifice construit fut l’Eglise romane qui mériterait une sérieuse restauration. Quelques décors finement sculptés sur la façade et une belle frise beauvaisienne avec visages et feuillages à la bordure du toit. L’intérieur, vidé, a servi de bâtiment agricole. On peut le regretter en découvrant les imposantes colonnes à chapiteaux, le chevet plat, et le volume intérieur. Les gens sains et les malades se partageaient les lieux, avec des règles strictes. Près de l’église, un long bâtiment à étage de 1270, passablement ruiné, présente encore des fenêtres à décor flamboyant. On pense qu’il accueillait les religieuses. Derrière l’église s’étendait le quartier des malades, sorte de village avec les cabanes, le puits. On leur y fournissait régulièrement et individuellement tout ce dont ils avaient besoin : matelas, édredon, vêtements, vaisselle, bois, sel, huile, légumes, fruits, 1l de vin par jour, un porc à la Saint-Martin, du savon pour leur toilette et laver le linge dans des baignoires individuelles. Pour les soins médicaux, on utilisait l’hysope, une plante médicinale et des remèdes à base de serpent. On pensait que celui-ci, changeant de peau régulièrement, permettrait la guérison de celle des lépreux. Ils recevaient aussi régulièrement de l’argent pour leurs besoins personnels. L’entretien financier des malades ne posait pas de problème, aussi couteux soit-il. La Maladrerie était riche : les malades qui y entraient, apportaient leurs biens. Elle possédait des maisons louées dans Beauvais, beaucoup de terres. La ferme fournissait aussi subsistance et revenus.  Un autre espace, avec un bâtiment ruiné, a peut-être accueilli les pestiférés. Dans la cour des gens sains, nous visitons la grange, magnifiquement restaurée, dont l’imposante charpente est authentique(vers 1220), une bergerie, la maison de l’administrateur(12è). Des recherches archéologiques récentes ont permis de retrouver la trace d’autres bâtiments disparus. Nous parcourons un beau jardin médiéval. Il abrite des plantes médicinales dont la fameuse Hysope, censées être efficaces sur la lèpre. En existait-il un dans la Maladrerie?? A la Révolution la Maladrerie a été morcelée et vendue. Evoquons maintenant l’accueil du malade : l’Eglise ne le rejetait pas et l’assimilait à St-Lazare. Il y arrivait en procession, avec religieux, famille, prières et chants. Après la messe d’adieu aux « vivants », il était séparé définitivement de sa famille et abandonnait tous ses biens à la Maladrerie.

Nous rejoignons le restaurant, près de la Cathédrale. En entrée la fameuse ficelle picarde, un plat de poisson et une île flottante…Nous avons tous apprécié la qualité et les sauces parfumées de ce repas  

A travers l’histoire, la ville de BEAUVAIS a subi de nombreuses attaques. Cela commence en 1472 quand Charles le Téméraire prend la ville, chasse les religieux……En 1945, 90 % de la Ville est détruite, les anciens quartiers et leurs vieilles maisons disparaissent. La Fabrique de Tapisserie s’exile à la Manufacture des Gobelins à Paris et y restera jusqu’en1989.        

L’Evêché de Beauvais était très puissant. C’est l’Evêque-Prince qui portait le manteau du Roi au sacre, à Reims.. C’est ainsi que.Louis-Didier de l’Isle-Adam se fit construire un magnifique palais épiscopal qui était rattaché à la Cathédrale par une galerie aujourd’hui disparue. Mal perçu par la population, il déclenche des émeutes. Il était Seigneur de l’eau et en augmentant les taxes sur les moulins, il provoque de violentes émeutes. Le Palais est attaqué, le mobilier détruit….le Roi condamne ces actes et l’évêque protège sa demeure par une puissante entrée fortifiée avec tours massives et herse, en1305. Cela contraste avec les décors Renaissance du Palais qui deviendra, en 1789,Tribunal puis Préfecture. En 1814, il accueille le Palais de Justice et en 1973 le Musée.

 

La maladrerie – maison du fermier

La maladrerie – église

La maladrerie – grange XIII ème

La maladrerie – dortoirs et église

La Cathédrale fait partie des 88 cathédrales gothiques à double croisée d’ogives avec ST Denis, en 1140. En 1225, elle est la plus haute avec ses 48m. Cologne et Amiens ont 47m. En 1270, la construction du choeur est terminée, mais il s’effondre ! En 1330, on le reconstruit en ajoutant 1 pilier sur deux et en réduisant les arcades pour la renforcer. La Guerre de 100 ans avec la Famine et la Peste stoppe les travaux. En 1530, on souhaite construire une flèche de 151m de hauteur, très épurée. En 1559, elle s’effondre !!. La Cathédrale n’aura jamais de nef. Débutée, elle est abandonnée….Elle se termine au transept….Grande mais inachevée !!  Le choeur est vaste, lumineux. Autour de l’autel, de hautes et belles colonnes aux chapiteaux sculptés de visages et de feuillages. La présence de la statue de Jeanne d’Arc  demande le pardon pour l’évêque Cochon, ancien évêque de Beauvais….C’est un plaisir de parcourir les chapelles aux murs quelquefois encore décorés, d’admirer les vitraux anciens et modernes très colorés. Les plus anciens datent de 1480 avec l’Arbre de Jessé et l’enfance de Jésus. Les vitraux modernes sont de qualité : les uns reprennent un style ancien, avec images ; d’autres jouent avec un puzzle de couleurs inspiré des anciens, enfin quelques uns offrent de grands dessins lumineux modernes ….
Et maintenant évoquons le point d’ORGUE de la Cathédrale !! Ce chef d’oeuvre, imaginé et réalisé sous la direction de Charles Auguste VERITE, éblouit par la complexité de son magnifique mécanisme. Ce fut, à partir de1865, une oeuvre collective à laquelle participèrent un grand nombre d’artisans passionnés de Beauvais avec l’assistance pour le meuble des élèves des Ecoles Chrétiennes, d’un artiste de la Manufacture de Tapisserie, d’élèves des Beaux Arts de Paris, d’ébénistes de la ville….L’horloger ne fit payer à l’Evêché que les fournitures et le salaire des ouvriers. Terminée, elle ne sera installée dans la Cathédrale qu’après la fin de la Guerre et de la Commune….Il faut voir cette précieuse merveille avec son foisonnement de décors et d’images sculptées aux lumineuses couleurs. Une très intéressante projection, nous fait découvrir son histoire, son complexe mécanisme, ses multiples cadrans et nous énumère la signification des différentes images.
 

Cathédrale – la voûte

Cathédrale – l’horloge astronomique

Cathédrale – le choeur depuis le transept

Cathédrale – Les chapiteaux du choeur

Le retour au car se fait en descendant vers les restes de l’ancienne église romane. La belle salle aux colonnes blanches et à l’autel peint et très coloré  se trouve sous la Nef dont la construction fut abandonnée. Entretenue, elle sert toujours pour les cérémonies et les messes.
Nous rejoignons Meaux sous la pluie et avec le vent…..Merci à Sylvie, notre chauffeur attentionnée, Merci à Françoise Delorme pour l’organisation de cette intéressante journée.

L’ancienne cathédrale

Le palais de l’évêque

Texte De Nicole Forest, photos de Marc Grouzard, mise en page de Charles DELBARRE