Le 22 Juin2022, nous partons pour Saint-Quentin « La Folie Art-Déco ».

Nous arrivons devant la Gare, grand bâtiment de briques rouges, décoré de frises et décors blancs, assez géométriques. Nous pénétrons dans le Hall au lumineux plafond décoré avec un mélange de deux jaunes. Nous passons ensuite, avec un guide, dans le Buffet de la Gare dont les murs sont entièrement recouverts de tesselles de céramique grise et or formant des dessins géométriques, des boutons et roses stylisés. Immense comptoir avec les mêmes tons et motifs, avec des glacières. Les encadrements divers sont en laiton doré. Très beaux vitraux dans le même style et les mêmes  couleurs. Deux grands miroirs se font face et permettaient aux serveurs de surveiller la salle. Quelques beaux meubles de palissandre et chêne de Hongrie dont le bois odorant chasse les insectes, demeurent encore dans la pièce. Une grande sculpture de pierre blanche décorée, composée de deux phares et garnie d’une tablette décorée d’une fine et délicate marqueterie, s’éclairait la nuit en bleu. Amusante anecdote : une petite pièce, avec passe-plat indépendant, cachait les ébats de clients « coquins ».

Vers 1850, les Buffets de gare ont été construits pour se rafraîchir et se restaurer, lors d’une étape, car les trajets en train étaient un peu trop lents. Très utilisés vers 1900, époque où la bourgeoisie aimait montrer son luxe. Les femmes prenaient volontiers le train pour faire leurs achats à Paris, dans les grands magasins qui s’ouvraient et elles passaient fréquemment la nuit au nouvel Hôtel Lutetia.

Pendant la Première guerre mondiale, de 1914 à 1918, des soldats allemands sont cantonnés dans les écoles, les officiers dans les maisons bourgeoises de la Ville. Ils y établissent le couvre-feu à 17h, le confinement sans éclairage ni chauffage, l’alimentation est confisquée, l’heure allemande (1h de décalage) est instaurée.Les infractions peuvent être punies de mort. En 1917, une grosse partie de la population est déportée à Liège, en Belgique, pour faciliter les combats.

Vers 1930, avec la nécessité de reconstruire, après la guerre, apparaît l’Art Déco. On transforme le Buffet de la Gare, on construit 3000 maisons dont 300 sont actuellement classées et ne peuvent être restaurées sans l’accord de la DRAC. La basilique commence aussi à être reconstruite.

En 1929, c’est le CASINO qui apparaît avec sa magnifique façade blanche surmontée de deux bustes symbolisant le théâtre : »Jean qui rit » pour la comédie, »Jean qui pleure » pour la tragédie. Les fenêtres sont à pans coupés avec des appuis en fer forgé ouvragé. Avec de récentes et importantes rénovations ce bâtiment qui, après avoir été un théâtre, fut un très important cinéma est actuellement la Maison des Associations. Le balcon écroulé, l’étage accueille des pièces administratives. La grande salle permet de réunir des Assemblées générales « haut de gamme ». Cette salle aux murs et aux colonnes de faux marbre beige a conservé les masques en bronze du théâtre.

De 1920 à 1929, après la guerre le besoin d’oublier de s’amuser conduit aux « Années Folles ». Les relations hommes-femmes sont chamboulées . Les femmes qui se sont affirmées pendant le conflit, réclament l’égalité. Premiers permis de conduire, provocations avec le goût pour les tenues masculines, cheveux « à la garçonne ». Après l’Exposition de 1925, avec les élucubrations sur l’Afrique, apparaissent les premiers combats contre le racisme. C’est l’époque de Joséphine Baker. Avec la crise de 1929, les suffragettes demandent le droit de vote pour les femmes, en vain.
Avec ses industries du métal, du textile, de la brasserie, Saint-Quentin a toujours été une ville industrielle et ouvrière avec son Faubourg Rouge. Actuellement, elle s’oriente vers les composants électroniques.Il y existe un important Lycée d’Art avec des diplômes de formation rapide. Ses élèves sont très présents sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris.                                                                                                                                                                Nous nous dirigeons vers le restaurant « Villa d ‘lsle » en empruntant un très beau pont art-déco qui enjambe la Somme. Deux grandes colonnes blanches marquent la séparation entre la nouvelle et l’ancienne ville. Le restaurant, à la façade art-déco, présente une somptueuse salle à l’étage. Nous y déjeunons avec un copieux repas de cuisine locale : Flammiche aux poireaux et au maroilles, Carbonade flamande avec frites, Rabote aux pommes et confiture de lait….
Nous reprenons le car pour découvrir le Parc de l’Isle (48 ha au coeur de la Ville). Visite guidée, un peu raccourcie par la pluie…C’est un grand parc partagé en deux zones avec deux directions différentes pour la gestion. La première se compose d’espaces d’animations, de jeux, manèges et de 8 parcours d’accrobranches. La seconde gère le Parc animalier, membre de l’association française des Parcs Animaliers ; l’Ile sauvage avec la Ferme des 5 continents et la Réserve Naturelle des Marais située à 12 km des sources de la Somme. Elle a été créée pour la sauvegarde de la biodiversité. Nous y découvrons de la flore locale comme la ciguë et la grande douve…,une multitude d’oiseaux parfois avec leurs petits. Les espaces aquatiques reliés au fleuve accueillent des anguilles, des carpes….Le guide nous explique le travail effectué pour consolider, élargir les berges, aménager les espaces sur le circuit de découverte. Une journée très intéressante.

Merci à Jacqueline Martin pour cette heureuse initiative.

Texte : Nicole Forest ; Photos : Marc Grouzard ; mise en page : Charles Delbarre