Dans la matinée nous arrivons sous la pluie au château de By à Thomery, en bordure de l’immense forêt de Fontainebleau. Cette grande maison bourgeoise achetée en 1 859 a été la dernière demeure de Rosa Bonheur. Née en 1 822 à Bordeaux elle décède en ce lieu en 1 899. Au cours de notre visite nous ressentons avec émotion la présence de l’artiste.
Rosa Bonheur y recevra en 1 865 l’Impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, qui lui remettra la Croix de chevalier de la Légion d’honneur [première femme artiste à être ainsi reconnue] puis en 1 899 le célèbre Buffalo Bill. Elle sera en 1 890 décorée « Grand chevalier » par le Président Carnot.
Ce bout de femme, 1,60 m, est un peintre animalier dont l’esprit de liberté et le géniesusciteront, au-delà de l’incompréhension, des jalousies mais surtout un bel enthousiasme. Ainsi en Amérique l’artiste y est considérée comme un immense peintre. C’est une travailleuse acharnée ayant su ménager son indépendance.

A Quinzec, dans le bordelais, Rosalie a développé très vite un aspect de garçon manqué en compagnie des fils de son grand-père officieux. C’est une enfant terriblement indisciplinée, dont la personnalité s’affirme au sein de la nature.

Très proche des animaux qu’elle étudiait, Rosa dira plus tard « ce que j’observais avec un intérêt spécial, c’était l’expression de leur regard, puisque l’œil est le miroir de l’âme pour toutes les créatures vivantes ».

Elle lit beaucoup mélangeant intuition et réflexion, et fut un sculpteur inventif.

Le « Marché aux chevaux », composition de 5 m sur 2,5 m (actuellement au Métropolitain de New-York) fait en 1 853 sa renommée mondiale ; puis en 1 847 le « Labourage nivernais » fait date dans l’histoire de la peinture.

Elle recevra en 1855 pour la « Fenaison en Auvergne » une médaille d’or.

Rosa Bonheur a peint toutes sortes d’animaux (elle aura un véritable zoo dont une lionne qu’elle laissera gambader dans le parc du château de By) avec un attachement certain pour les vaches mais surtout pour les chevaux.

Après un agréable repas servi dans l’ancienne orangerie, notre car nous déposera à St-Fargeau-Ponthierry. L’espace culturel des « 26 couleurs » est composé d’une salle de spectacle et de cinéma [inaugurée par Catherine Deneuve], une salle polyvalente, une salle d’ateliers et un lieu de mémoire. Héritier du savoir-faire artisanal des dominotiers (imprimeurs de papier peint à la planche gravée), la consécration de Leroy est la présentation d’un papier imprimé Louis XIV à l’exposition du Champ de Mars en 1878, imprimé sur la machine à 26 couleurs.

Les génératrices, le tableau électrique, la cabine du contremaître et la « 26 couleurs » [emblème de l’innovation technique et artistique des Leroy en 1 877], sont groupés et conservés dans la salle des machines après un travail minutieux des restaurateurs (par tribofinition, vibration d’abrasifs). La remise en mouvement d’une génératrice permet au visiteur de comprendre la création de courant continu.

Nous rentrerons à Meaux avec la satisfaction d’une journée bien remplie.

 

Texte et photos de Marc GROUZARD, mise en page de Charles DELBARRE