C’est la foire sur le boulevard St Michel et c’est autour des étals alléchants qu’un petit groupe se retrouve autour d’Anne Bichler pour remonter aux sources de l’Histoire.

Retour aux sources, sans jeux de mots, pour ce rendez-vous aux Thermes de Cluny, souvenir d’une vie sociale à la romaine, de la Lutèce du 1er ou 2d siècle. La source elle-même était fort loin, en témoigne l’aqueduc de la Bièvre, et les techniques de constructions très élaborées selon le meilleur exemple du frigidarium encore visible au cœur du Musée de Cluny.

Ce magnifique hôtel du XVe siècle fut construit par les abbés de Cluny. Après leur départ, Sommerard, commissaire à la cour des comptes y rassembla vestiges et œuvres du Moyen-âge.

Son goût des anciens parchemins y attira aussi les premiers imprimeurs. La rue de la parcheminerie n’est pas loin.

Le petit square à l’arrière peut aussi nous rappeler la vie agitée des étudiants, dont celle de François Villon, discutant théologie sur des bottes de paille. Nos jeunes contemporains semblent attendre quelques grâces de Michel de Montaigne, dont la statue fait face à la Sorbonne, en astiquant consciencieusement ses « escarpins ».

Plus loin, l’Eglise Saint Séverin, une des plus anciennes de Paris, mais aussi une des plus belles par sa pierre blanche et sa colonne centrale comme un palmier dont jaillissent de fines colonnettes, et ses vitraux très colorés de périodes différentes. Son cimetière est célèbre pour avoir été le théâtre de la première opération de la pierre pratiquée sur un condamné à mort.

Les ruelles environnantes aux vieux pavés et trottoirs étroits, conservent d’antiques immeubles, mélanges pittoresques de différents siècles.

Les « tavernes » fréquentées autrefois par les étudiants du moyen-âge sont devenus des bistrots souvent exotiques.

La rue Galande nous mène au charmant square Viviani d’où nous apercevons avec plaisir la silhouette familière de Notre-Dame, encore encombrée d’échafaudages, mais qui a retrouvé sa flèche. Un robinier tricentenaire, soutenu par une béquille monte la garde près de l’Eglise St Julien le Pauvre.

Un bas-relief du XIVe, représentant St Julien dans sa barque est l’une de plus ancienne enseigne de Paris dans ce passage étroit où se superposent les siècles.

D’un important prieuré, ne reste que l’église consacrée au rites byzantins où l’iconostase barre le chœur et casse la perspective de la nef ancienne.

Suivant le quai de la Tournelle, nous remontons vers le boulevard St Germain pour arriver au Collège des Bernardins, superbement rénové et, dont la nef centrale, ouverte à tous propose une exposition de peinture moderne à thème religieux ; un heureux hasard nous permet d’assister un moment à un mini récital particulièrement mis en valeur par un cadre grandiose.

Encore quelques efforts et nous arrivons aux fameuses Arènes de Lutèce, utilisées joyeusement par de jeunes footballeurs après les cours ;

Ses vastes gradins pouvant accueillir plusieurs milliers de personnes au 1er siècle restent une pause en plein Paris pour les joueurs de pétanque et les pique-nique des beaux jours.

Aucun fauve ne rugit derrière les grilles protections discrètes de quelques poubelles.

Cette dernière pause est un grand résumé de l’Histoire de Paris.

 

Raymond Jian