Les deux livres proposés en lecture commune à l’ordre du jour étaient :

DE PIERRE ET D’OS DE BERENGERE COURNUT :

«  Les Inuits sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques. »

Un mot sur l’autrice :

« Fascinée par les autres civilisations, Bérengère Cournut nous raconte l’odyssée d’Uqsuralik, seule sur la banquise, et nous permet de découvrir ce monde aujourd’hui disparu.

«Un irrépressible besoin d’exploration romanesque», voilà comment Bérengère Cournut explique la naissance de ce roman aussi profond que poétique qu’elle porte en elle depuis 2011 et la découverte dans un livre d’art de «minuscules sculptures inuit en os, en ivoire, en pierre tendre, en bois de caribou… Je me demandais quel peuple pouvait produire des œuvres à la fois si simples et si puissantes.»

Pour mener à bien son projet, elle n’a pas lésiné sur la tâche, allant jusqu’à effectuer en 2017-2018 une résidence de dix mois au sein des bibliothèques du Muséum national d’Histoire naturelle où elle a notamment exploré les fonds polaires Jean Malaurie et Paul-Émile Victor, creusant les traditions du Groenland oriental et de l’Arctique canadien afin d’offrir «une porte d’entrée vers l’univers foisonnant du peuple inuit».

Le roman s’ouvre sur un épisode dramatique. La banquise se fracture alors qu’Uqsuralik, une jeune fille, se trouve à quelques mètres de l’igloo qui abrite les siens. Son père a juste le temps de lui lancer une peau d’ours, sa dent d’ours accrochée à un lacet. Outre le manche d’un harpon, il n’y rien sur son bout de glace, sinon des chiens et ce qu’elle porte sur elle.
Dans la nuit polaire, elle s’éloigne des siens, rongée par le froid, la faim et la solitude. On va dès lors suivre Uqsuralik face à une nature hostile, essayant de survivre par la chasse et la pêche. Mais aussi par son esprit et c’est sans doute l’un des points forts du livre qui fait la part belle à cette part indissociable de la culture inuit, le chamanisme et les récits véhiculés par la culture orale. Le récit est entrecoupé de nombre de ces «chants», légendes ou prédictions, relation de faits divers ou modes d’emploi poétiques. C’est l’une de ces «visites» qui va sauver Uqsuralik au moment où elle décide de renoncer à lutter et se dit que la mort devrait maintenant venir la prendre. Mais son heure n’est pas encore venue.
Elle résiste et se bat jusqu’à ce que sa route finisse par croiser celle d’un groupe de chasseurs. Une rencontre qui va lui permettre de construire une nouvelle famille, de se trouver un mari, du moins le pense-t-elle. Il lui faudra toutefois pourtant déchanter. Un matin, à son réveil, elle constate qu’elle a été abandonnée. Seule Ikasuk, sa chienne, lui est restée fidèle.
Commence alors une nouvelle odyssée, rendue plus aléatoire encore lorsqu’elle se rend compte qu’elle est enceinte. L’épisode de la naissance de sa fille Hila est un autre épisode marquant de cette odyssée qui va suivre Uqsuralik jusqu’à sa mort et qui va progressivement nous dévoiler l’histoire, l’art et la manière de vivre d’un peuple qui est aujourd’hui frappé au cœur par le réchauffement climatique.
Avec ce roman lumineux Bérengère Cournut nous laisse aussi, en quelque sorte, un testament.

 Aujourd’hui on ne peut que constater que son récit est malheureusement un hommage à un peuple qui s’est tourné vers le «progrès». La banquise disparaît peu à peu, les Inuits se sédentarisent et doivent lutter contre le désœuvrement, l’alcool et la drogue. La chasse et la pêche font davantage partie du folklore que d’un besoin vital et les motoneiges ont largement remplacé les traineaux, au grand dam des chiens qui souffrent eux aussi d’étés de plus en plus chauds. » (Blog ma collection de livres)

La présentation du livre est atypique et déroge des romans que nous lisons habituellement. Les chapitres sont courts – souvent suivis de paroles de chants renforçant le texte que nous venons de lire. A la fin du livre nous trouvons un cahier de photographies provenant de la bibliothèque nationale de Norvège, de l’Observatoire photographique des Pôles et de bien d’autres encore…

Roman apprécié dans son ensemble.

Le second livre proposé : LE TRAIN DES ENFANTS DE VIOLA ARDONE :

C’est l’histoire d’un fait historique très peu connu en France.

« Le roman de Viola Ardone s’inspire de faits réels et nous plonge dans l’Italie d’après- guerre, en 1946. Le sud du pays est rongé par la misère, la guerre et ses restrictions n’ont pas arrangé la situation de ceux qui étaient déjà modestes… quand d’autres ont connu de gros revers de fortune qui les placent, aussi, dans des situations difficiles.

Le Parti communiste italien et l’Union des femmes italiennes (une association de femmes en partie issues de la Résistance, ayant par la suite de forts liens avec le Parti communiste et le Parti socialiste) décident de mettre en place une initiative pour aider les enfants pauvres. Le principe est simple : les transporter en train vers le nord de l’Italie et les faire héberger dans des familles d’accueil qui se chargeront de les nourrir, de les instruire et de les loger.

70000 enfants bénéficieront de ces « trains d’enfants »… et Viola Ardone a choisi de nous raconter l’histoire de ces gamins à travers celle d’une famille fictive formée par Antonietta, mère célibataire, et son jeune fils, Amerigo Speranza. Le père, lui, est parti « faire fortune en Amérique », dit-on. Est-ce vrai, est-ce faux, reviendra-t-il ? L’espoir existe, en tout cas. L’utopie d’un retour qui les ferait passer de la pauvreté à l’aisance, qui leur rendrait la vie plus douce.

Si Antonietta est pauvre, elle tient à rester digne, à ce que son fils ne chaparde pas. Elle aimerait qu’il aille à l’école mais l’école, Amerigo a essayé et n’a pas aimé. Elle a aussi tenté de le placer en apprentissage chez un savetier, le garçon ayant une passion dévorante pour les chaussures… mais la place était déjà prise par les propres fils du savetier.

Dans ce monde d’après-guerre où tout le monde souffre, difficile de trouver des solutions même avec toute la bonne volonté du monde. Alors, quand Antonietta apprend qu’un train des enfants va donner à des jeunes l’opportunité d’une vie meilleure, elle finit par inscrire son fils sur la liste des départs.

Ces trains sont une grande source de mystères et de fantasmes. Organise-t-on un enlèvement d’enfants à grande échelle ? Va-t-on les envoyer en Sibérie, leur couper les mains, les faire exploser ? Les rumeurs vont bon train et nul ne sait si l’on peut faire confiance à l’initiative, qui paraît improbable : après tout, pourquoi des familles accepteraient-elles de nourrir une bouche de plus alors que dans le sud, tout semble manquer ?

Les enfants, dans leur naïveté, songent surtout aux tables pleines de victuailles, à la perspective de vêtements chauds et de chaussures neuves. Amerigo, comme son ami de toujours Tommasino, se laisse facilement séduire par l’idée… sans réaliser ce qu’un tel voyage implique, émotionnellement : se retrouver déchiré entre une famille d’accueil qui promet la satisfaction des besoins élémentaires et une famille biologique qui représente ses racines.

Le train des enfants est un très beau roman sur les formes que prend l’amour filial. « Parfois, ceux qui te laissent partir t’aiment plus que ceux qui te retiennent », écrit l’autrice. Et derrière ces mots, c’est toute une réalité qui prend vie.

Dans sa nouvelle région, Amerigo découvre une nouvelle vie : un quotidien où il n’a ni froid ni faim, une nouvelle école et la musique. Alors que le printemps se rapproche, son retour à Naples se profile. Mais le petit garçon est alors déchiré entre l’amour pour ses deux familles…

Viola Ardone raconte avec beaucoup d’émotion le destin de ce petit garçon face à une mère qu’il ne sait plus comment aimer, quand celle-ci a été prête à le laisser partir pour lui offrir un vie plus douce le temps de quelques mois.

On plonge avec Amerigo dans les ruelles de Naples, leur atmosphère si unique, la culture italienne qui infuse chaque moment de vie. On s’immerge dans le quotidien d’un quartier, avec ses commérages, ses petites histoires, ses amitiés puissantes. 

On plonge dans la vision du monde d’un enfant qui se heurte parfois à celle des adultes dans une autre forme de vérité. On comprend aussi que l’âge apporte un autre regard sur certains événements, une compréhension différente peut-être…

On découvre cette partie de l’histoire de l’Italie, qui montre également combien le pays était fracturé entre régions qui ne partagent pas le même héritage

Ce roman nous plonge dans la psychologie d’un petit garçon terriblement attachant, déchiré entre deux familles. Le Train des enfants est un roman bouleversant mais aussi rempli d’humour, porté par un personnage « brut de décoffrage », plus habitué aux torgnoles qu’aux câlins. » (Blogs littéraires)

 (Amateurs de gastronomie italienne, ce roman ne pourra également que vous plaire ! car il regorge de spécialités du Nord et du Sud de l’Italie).

Ce livre a bien été apprécié par nos lectrices et lecteurs.

Autres lectures évoquées :

LE CIMETIERE DE LA MER D’ASLAK NORE :

« La famille Falck compte parmi les plus puissantes de Norvège. Le suicide de Vera Lind, la matriarche de la lignée, pourrait toutefois entraîner l’effondrement de leur empire : elle laisse derrière elle l’énigme de la disparition de son testament, et de nombreux mystères. Comme celui qui entoure la fin de sa carrière d’écrivaine à succès.
Sasha, sa petite fille, part alors à la recherche de son dernier manuscrit, resté inédit, qui raconterait le naufrage d’un express côtier pendant la Seconde Guerre mondiale, englouti avec les secrets de la jeunesse de sa grand-mère. Désobéissant aux ombres de son père soucieux de préserver l’honneur de sa fondation et de la Norvège, Sasha s’allie à son cousin de Bergen et à l’impénétrable Johnny Berg, un ancien agent des services de renseignement norvégiens, pour découvrir cette vérité cachée au fond des eaux.

Brossant une fresque irrésistible, Aslak Nore embarque le lecteur dans le passé labyrinthique d’une dynastie où loyauté et vérité s’opposent, dans la tradition des sagas scandinaves et du meilleur de la littérature noire. »

QUICHOTTE DE SALMAN RUSHDIE :

« Inspiré par le classique de Cervantès, Sam DuChamp, modeste auteur de romans d’espionnage, crée Quichotte, un représentant de commerce à l’esprit nébuleux et raffiné, obsédé par la télévision, qui tombe éperdument amoureux de Miss Salma R., reine du petit écran. Flanqué de son fils (imaginaire) Sancho, Quichotte s’embarque dans une aventure picaresque à travers les États-Unis pour se montrer digne de sa dulcinée, bravant galamment les obstacles tragicomiques de l’ère du “Tout-Peut-Arriver”, cependant que son créateur, en pleine crise existentielle, affronte ses propres démons.
À la manière d’un Cervantès qui fit avec «Don Quichotte» la satire de la culture de son temps, Salman Rushdie, en prodigieux conteur, entraîne le lecteur dans un «road trip» échevelé à travers un pays au bord de l’effondrement moral et spirituel. Les vies de DuChamp et de Quichotte s’entremêlent dans une quête amoureuse profondément humaine et esquissent pour notre plus grand amusement le tableau d’une époque qui n’a de cesse de brouiller les frontières entre réalité et fiction.
Exubérant, drolatique et terriblement lucide, «Quichotte» est une bombe littéraire sur fond d’apocalypse. » (ressenti par notre lectrice : moyen)

HISTOIRE DES INDIENS D’ANGIE DEBO :

Le cauchemar Amérindien :

« Cette tentative pour raconter l’histoire des Indiens des Etats Unis est une réussite, dont l’envergure laisse pantois, tant le passé de cette nation révèle la ligne de pensée qui a conduit à l’édification de la plus grande puissance mondiale.
Il faut déjà commencer par rétablir une vérité fondamentale, Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique. Laissé croire cela, c’est vouloir affirmer qu’avant la venue de nos vaillants conquistadors sur ce continent il n’y avait personne qui occupait et, à plus forte raison, vivait sur ces vastes territoires. C’est oublié que des peuples comme les Creeks, les Cherokees ou les Iroquois, pour ne mentionner qu’eux, y prospéraient depuis plusieurs centaines d’années. Qu’ils étaient organisés en citées et menaient une vie paisible, émaillée par quelques combats entre tribus qui ne dégénéraient jamais en massacre collectif.

Angie Debo décrit, avec clarté et un souci d’exactitude, l’invasion du continent Nord -Américain depuis l’époque des conquistadors espagnols vers les années 1500 jusqu’aux années 1950 avec l’achèvement total de la dépossession des réserves indiennes.
L’homme blanc va être accueilli en ami par les peuples indiens, ces derniers seront mêmes les sauveteurs des rescapés du Mayflower la première année de leur présence sur le sol « américain » (célébration du Thanksgiving). Par la suite les colons entretiendront de bonnes relations avec leurs voisins Indiens, allant jusqu’à établir un commerce basé sur l’échange équitable et la confiance réciproque. Le gouvernement Américain s’engagera lors d’un traité avec les tribus de l’Est, à leur accorder une représentation au sein du congrès, promesse jamais tenue.
Jusqu’au jour où les colons voudront étendre leurs territoires en passant des accords de cessions de terres, tout aurait pu très bien se passer si la cupidité n’avait dicté leur politique.

 Dans les années 1950 ils vont tenter de fondre les populations Indiennes dans les villes afin de rendre ces gens invisibles allant mêmes jusqu’à leur octroyer la nationalité Américaine. Non pas dans un souci d’équité, mais uniquement dans le but de pouvoir les spolier plus aisément, car dépendants des mêmes lois que les autres Américains, ils ne bénéficieront plus désormais des lois protégeant leurs spécificités culturelles, ce qui rendait alors inaliénable la vente de leurs terres durant une longue période. »

En résumé, Angie Debo (1890/1988) raconte avec passion quatre siècles d’histoire des Etats-Unis dans laquelle les Indiens ont joué un rôle déterminant.
Les événements majeurs, les actes politiques, les combats, les grandes figures, le destin des tribus composent cette impressionnante geste des nations indiennes dont elle célèbre l’esprit de résistance et la volonté de survie.
De cette synthèse aussi documentée que passionnante, l’Académie américaine des Sciences sociales et politiques a estimé qu’elle était « sans nul doute la meilleure histoire des Indiens des Etats-Unis ».

Dans la même ligne de dénonciation de la conduite des Etats Unis envers les Amérindiens il y a :

« Enterre mon coeur à Wounded Knee » de Dee Brown (1908/2002) – récit de la résistance des Indiens face à l’homme blanc et des massacres qui s’ensuivirent.

« Un siècle de déshonneur » d’Helen Hunt Jackson (1830/1885), journaliste et femme de sénateur, qui rédigea un rapport sur les exactions des hommes blancs contre les Indiens «

Sans oublier les ouvrages de Jim Fergus.

LE CRI DU KALAHARI DE DELIA ET MARK OWENS :

« Le désert du Kalahari occupe la plus grande partie de la république du Botswana, au nord de l’Afrique du Sud. C’est au cœur de cette savane inhabitée que deux jeunes universitaires américains, Marc et Delia Owens, viennent dresser leur camp, un beau jour de 1974. À « Deception Valley », ils demeurent sept années, le temps qu’il faut pour étudier une faune superbe, pour apprendre à vivre en toute intelligence avec les lions, les lionnes, les hyènes, les chacals.

Delia Owens est devenue une auteure mondialement célèbre à l’âge de 70 ans.

Son premier roman, Là où chantent les écrevisses a reçu un très bon accueil de la part des lecteurs.

C’est grâce à ce succès phénoménal que les éditeurs ont décidé de ressortir Le cri du Kalahari, tout à la fois un livre de souvenirs et un essai ethnologique, publié il y a 35 ans, en 1986.

Ecrit à quatre mains avec son mari Mark Owens, ce récit (le premier d’une série de trois) narre au quotidien l’incroyable expérience vécue par le couple dans le sud de l’Afrique, au Botswana.

Agés alors de 25 ans, les Owens décident d’abandonner leurs études universitaires encore inachevées pour se coltiner avec la nature et découvrir un monde alors totalement inexploré, le désert du Kalahari.

Ils vendent tout leur bien et partent, la fleur au fusil, pour s’enfoncer sans aucune préparation dans le désert le plus chaud, le plus sec et le plus dangereux du monde.

Le cri du Kalahari raconte, sous la double voix du couple (chaque chapitre est rédigé, soit par Delia, soit par Mark), une histoire tout aussi fascinante que déconcertante.

Déconcertante, car les aventures de Delia et Mark Owens sont si stupéfiantes qu’elles en paraissent, à de nombreuses reprises, comme invraisemblables.

Allant sans arrêt à la rencontre du danger et de risques mortels, les scientifiques démontrent, au moins à une dizaine de reprises, une absence de conscience du danger et une immaturité totale, et ce n’est que par une succession de miracles qu’ils en sortent vivants !

Fascinante, car les études menées par les deux scientifiques sur les populations d’animaux indigènes – et plus particulièrement les hyènes et les lions – ont permis au monde de découvrir un écosystème inconnu jusqu’alors.

Le récit au jour le jour de la plongée du couple dans ce désert est aussi passionnant que les grandes séries naturalistes de la BBC. (Le tourne page)

Et aussi quelques classiques « livres de chevet » :

ANTHOLOGIE DE LA POESIE de GEORGES POMPIDOU :

« L’Anthologie de la poésie française est un choix de poèmes effectué par Georges Pompidou et publié en 1961 chez Hachette, puis en Edition poche en 1974.

Dans une première partie (La Poésie), l’auteur explique ce qui l’a incité à présenter cette anthologie, et expose quelques réflexions générales ainsi que son rapport personnel à la poésie ; une seconde partie (Les Poètes) il détaille les raisons de ses choix ainsi que les principaux caractères des poètes sélectionnés et ses propres préférences. 

« Qu’est-ce que la poésie ?… Qu’est-ce que l’âme ?…
Lorsqu’un poème, ou simplement un vers provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu’à le confronter avec l’être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique. « Telle est, bien sûr, l’ambition secrète et démesurée de tout auteur d’anthologie. S’il la commence pour lui-même, c’est pour d’autres qu’il la termine et la publie. Choisir tout ce qui lui paraît digne et capable de provoquer chez le lecteur le choc de la beauté, voilà l’objet de son effort. C’est dire qu’il se trahit lui-même puisqu’il livre le secret de ce qui le touche. Mon ambition est bien de donner ici l’essentiel de notre poésie, c’est-à-dire les plus beaux vers de la langue française, ceux que je trouve tels, sans doute, mais avec l’espoir qu’ils le sont vraiment. »

LA PUCE A L’OREILLE DE GEORGES FEYDEAU :

« Pendant des années torrent impétueux, l’ardeur conjugale de Victor-Emmanuel Chandebise subit soudainement une éclipse, tel un oued en été. Cette brusque sécheresse met la puce d l’oreille de son épouse Raymonde qui l’attribue à la plus simple des hypothèses, un changement de lit. Ce qui s’admet pour une rivière ne se tolérant pas d’un mari, elle décide de prendre le sien au piège. Une lettre doit l’attirer à l’hôtel du Minet Galant… où elle le recevra de la belle manière.
Son amie Lucienne, mariée au bouillant Homenidès, accepte d’écrire une lettre passionnée et parfumée. Fidèle par goût autant que par force, Chandebise dépêche à sa place son ami Tournel mais, flatté, se vante de la lettre devant Homenidès qui reconnaît l’écriture de sa femme.
Homenidès se précipite à l’hôtel pour tirer vengeance de Tournel et de Lucienne; Chandebise fait de même pour les avertir des intentions homicides d’Homenidès. Or le garçon d’hôtel Poche est le sosie de Chandebise. Il n’en faut pas plus pour provoquer une cavalcade affolée dans l’hôtel en révolution.
On dit souvent des comédies de Feydeau qu’elles sont construites avec la précision d’un mouvement d’horlogerie. Ici, cette mécanique du rire atteint la perfection. »

LES LEGENDES DE LA MORT D’ANATOLE LE BRAZ :

« Une femme enceinte ne doit pas accepter d’être marraine. Elle ou son fruit mourrait dans l’année.
La Bretagne, « Terre de contes » par excellence, regorge de légendes et autres « superstitions »… On y remarque cette omniprésence de la mort, affleurant en cent et mille récits d’oralité issus de Terre armoricaine. Sa forme la plus représentative est celle de l’Ankou (son nom peut varier selon les régions, pourtant toujours le même personnage…). Cet ouvrier de la mort (« Oberour ar maro ») est en chaque paroisse, « le dernier mort de l’année » et il le reste jusqu’au dernier mort de l’année suivante et ainsi de suite. On le dépeint de biens des façons : grand, maigre, cheveux longs et blancs, figure ombragée d’un large feutre… Dans tous les cas, il tient à la main une faux dont le tranchant est tourné vers l’extérieur. Il se déplace généralement dans une charrette (« Karrig ann Ankou »), comme celles qui servaient autrefois à transporter les morts, cette charrette est traînée par deux chevaux attelés en flèche, celui de devant est maigre et arrive à peine à marcher, le second est gras et fort. L’Ankou se tient debout sur la charrette, il est escorté de deux hommes, l’un tient la bride du cheval de tête et l’autre ouvre les barrières et les portes pour ce convoi funeste, et empile aussi les morts que l’Ankou a fauché sur son chemin.
« Lorsqu’un mourant trépasse les yeux ouverts, c’est que l’Ankou n’a pas fini sa besogne dans la maison, et il faut s’attendre à le voir revenir à bref délai pour quelque autre des membres de la famille. »

RAPPEL DE L’AGENDA :

  • Le 23 Mars 2023 pour parler de nos coups de cœur
  • Le 13 Avril avec pour lecture commune de :

SAUVAGINES de GABRIELLE FILTEAU CHIBA :

« Raphaëlle est garde-forestière. Elle vit seule avec Coyote, sa chienne, dans une roulotte au cœur de la forêt du Kamouraska, à l’Est du Québec. Elle côtoie quotidiennement ours, coyotes et lynx, mais elle n’échangerait sa vie pour rien au monde.

Un matin, Raphaëlle est troublée de découvrir des empreintes d’ours devant la porte de sa cabane. Quelques jours plus tard, sa chienne disparaît. Elle la retrouve gravement blessée par des collets illégalement posés. Folle de rage, elle laisse un message d’avertissement au braconnier. Lorsqu’elle retrouve des empreintes d’homme devant chez elle et une peau de coyote sur son lit, elle comprend que de chasseuse, elle est devenue chassée. Mais Raphaëlle n’est pas du genre à se laisser intimider. Aidée de son vieil ami Lionel et de l’indomptable Anouk, belle ermite des bois, elle échafaude patiemment sa vengeance.

Un roman haletant et envoûtant qui nous plonge dans la splendeur de la forêt boréale, sur les traces de deux « éco-guerrières » prêtes à tout pour protéger leur monde et ceux qui l’habitent. »

Le 11  MAI pour 2 livres en lecture commune 

Le 25 MAI pour les coups de coeur

Bonne lecture à tous et à toutes et Rendez-vous le 23 mars.

Catherine et Evelyne,